À peine terminé "
La panthère des neiges" de
Sylvain Tesson, j'ai attaqué "
Sans jamais atteindre le sommet" de
Paolo Cognetti. Au premier abord, les deux livres se ressemblent : deux récits de voyage, la proximité des géographies explorées,
Peter Matthiessen et son "Léopard des neiges" comme référence commune. Cognetti, au passage de la quarantaine comme Tesson dans "Les forêts de Sibérie", décide de fuir le monde occidental, choisit le voyage, la solitude et l'effort pour se découvrir différent. Mais la comparaison s'arrête là, car la posture n'est pas la même. Ici, pas d'aphorismes, pas de leçons de morale, mais de la bienveillance et de la douceur, on appelle les gens par leur prénom, c'est peut-être moins viril, mais c'est plus humain. Ici, le voyage se fait pèlerinage et n'est pas, comme déjà dans les "Huit Montagnes", lié à une quête occidentale d'expérience extrême, mais plutôt à un chemin oriental de connaissance.
« Je me souvins que le pèlerinage tibétain le plus important consiste à faire le tour du mont Kailas, qui est sacré dans cette culture. Kora en tibétain, circumambulation en français : les chrétiens plantent des croix au sommet des montagnes, les bouddhistes tracent des cercles à leur pied. À mes yeux il y avait de la violence dans le premier geste, de la bienveillance dans le second : un désir de conquête contre un autre de compréhension. »
Dans un style simple et direct, presque minimaliste, Cognetti nous raconte sa passion pour la montagne qui reste associée à une écriture toujours évocatrice. Il célèbre l'expérience de la marche. Sans envolées idéalistes, initiatiques ou mystiques, le voyage se présente tel qu'il est : un parcours exigeant de 300 kilomètres qui franchit des cols à plus de 5000 mètres, qui explore les vallées, mais qui n'atteint aucun sommet. le voyage se cristallise dans la célébration de la simplicité de la marche.
« Marcher était notre mission quotidienne, notre mesure du temps et de l'espace. C'était notre façon de penser, d'être ensemble, de traverser le jour, c'était le travail que nos corps faisaient maintenant sans nous. »
La lecture de ce petit livre est agréable, sans prétention de sagesse, pleine d'humanité, de sourires timides, de rencontres fortuites. Livre intimiste et peut-être, pour cette raison, distant et peu impliqué, l'ouvrage ne possède malheureusement pas la magie des "Huit montagnes" et ressemble plus à un travail de transition, comme pour remplir un espace.