AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791095772590
80 pages
Anamosa (07/03/2019)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Le mot " peuple " sert aujourd'hui à tout mais n'est plus nulle part. Nombreux sont ceux qui s'en réclament ou bien qui prétendent le défendre contre les populismes. Incisif et décapant, ce livre change la perspective ; il montre la nécessité de réinventer des mobilisations qui se passent à présent du mot et se méfient du mythe.

" Je fais partie du peuple ", " je veux défendre le peuple ", " "les gens', c'est le peuple " : les dernières élections prés... >Voir plus
Que lire après PeupleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie les éditions Anamosa et Babelio pour l'envoi de ce livre.
Déborah Cohen est maîtresse de conférence en histoire à l'université de Rouen. Après » La Nature du peuple. Les formes de l'imaginaire social « paru en 2010, l'auteure revient en cette rentrée littéraire 2019 avec » Peuple « , un essai publié aux éditions Anamosa, dans la collection » le mot est faible » dirigée par Christophe Granger.
» le pire que l'on puisse faire avec les mots, c'est de capituler devant eux « disait George Orwell. Et c'est toute l'ambition de cette série d'ouvrages courts et incisifs, animés d'un souffle décapant : chaque fois, il s'agit de s'emparer d'un mot dévoyé par la langue au pouvoir, de l'arracher à l'idéologie qu'il sert et à la soumission qu'il commande pour le rendre à ce qu'il veut dire.
Parfois détourné, souvent maltraité, n'est-il pas le mot de tous les maux ? Intemporel, doit-on reconquérir le mot « peuple » ou au contraire l'abandonner ?
p. 9 : » Il faut retrouver le sens du mot peuple. «
A travers six chapitres concis mais riches d'exemples, Déborah Cohen nous livre les clés d'une réflexion ouverte à de multiples discussions.
p. 8 : » le mot sert à tout mais n'était nulle part avant que les gilets jaunes ne le réactualisent. «
Il réapparaît aujourd'hui dans un contexte de forte mobilisation et de contestations. Sur nos ronds-points et dans les rues, ces gilets jaunes représentent ici-même un opérateur symbolique d'unification, par l'unité d'un peuple.
p. 63 : » Peuple n'est pas un rassemblement à part dans la population, mais une façon d'agir à certains moments. «
Longtemps ce mot aura une connotation négative, en opposition aux nobles, aux riches et aux éclairés. En se référant à des grands penseurs tels que les philosophes et théoriciens Marx, Engels, Laclau ou encore Foucault, Déborah Cohen nous démontre toute la puissance de ce mot à travers les époques.
p. 61 : » Peuple n'est donc ni un passé, ni une promesse que porterait un mot : peuple est déjà là, pour rouvrir les possibles et l'histoire. «
» Peuple « est donc un ouvrage passionnant, axant son développement sur un mot simple en apparence, mais d'une grande complexité et variété par ses utilisations. Comme l'explique l'auteure, ce livre veut avant tout rendre compte des difficultés et des incertitudes aujourd'hui communes à beaucoup d'entre nous.
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          260
Qu'est-ce que le peuple ? Si on nous posait la question, nous aurions chacun une réponse différente en dépit des définitions objectives.

Concept peut être trop grand et trop vide ; on ne sait quelle réalité se glisse dans ce mot. Notre réponse sera sans doute un fruit de notre conscience individuelle ( ses origines, ses moeurs, , ses opinions politiques ou non) et d'une appartenance à une conscience collective.

Ainsi, si n'importe quelle réalité peut se glisser. Peuple devient un concept vide où l'on met ce que l'on veut, on suggère un flou jouant sur la polysémie. Un de ces jeux peut être celui des populistes. Dire « Je suis le peuple » ou « je suis du peuple » : quelle légitimité y'a-t-il d'affirmer cela ? Qui inclut-on dans ce mot : tout le monde, quelques-uns ou personne, une abstraction, un fantôme ? Par là, le mot serait un écran transparent où l'on projette les représentations souhaitées.

Dès lors, cet ouvrage Peuple me paraît nécessaire. Certains termes sont ambigus et celui-ci l'est d'autant plus qu'il soulève des enjeux cruciaux dans les destins collectifs qui se jouent. Cet ouvrage retrace les différentes acceptations du mot " peuple". L'importance se centre sur la plasticité du langage, qui suit une évolution historique. le "peuple" change avec l'histoire. Il englobe des représentations d'une époque précise. le sens est relatif à un moment donné. Par conséquent, il n'y a pas un absolu du Peuple.

Convoquant des auteurs comme Engels, Michelet, Marx, Laclau...des représentations du peuple sont étayées. Ainsi, au XVIIIe, le mot « peuple » serait né d'un mépris des élites, d'un discours fait sur lui. (p.22). L'auteur montre que définir le peuple est plus souvent décrit négativement : refus d'exploitation, opposition contre un gouvernement. le peuple est comme la résurgence du passé, de temps mythiques. L'auteur souligne la nostalgie du peuple passé : les images de 1789, de mai 1968. On souhaite les réactualiser. Nous modernes, sommes pétrifiés dans le passé, comme un lit sûr où se reposer. Nous avons paradoxalement peur de la nouveauté , car elle comporte marge d'incertitudes. Ne ne savons pas comment les événements tourneront. La répétition du passé semble en ce sens rassurante.

Or l'intention de l'auteur est toute autre. Il s'agit de lui rendre toute son actualité. Ne pas le réduire à un fantôme du passé ou autre chose. D'où la nécessité de « reconquérir ce mot, de le recharger ».

On le voit réapparaitre en chair avec les gilets jaunes mais il prend un autre sens. Face à la dichotomie de l'action qui revient aux gouvernants, et au dire qui revient au peuple, il s'agit de rappeler que le peuple est « une puissance active » (.p35). Il n'est pas qu'une voix. Ainsi, les gilets jaunes sont réduits à des revendications. Ce « peuple » serait en fait un corps agissant. Ce « peuple » au sens nouveau est revenu en force sur la scène citoyenne : "nous sommes totalement épris du peuple passé, que nous ne voyons pas qu'il est là".

Finalement derrière « peuple » " il y a de la pensée qui débouche sur l'action". Non, « peuple » n'est pas qu'une force instinctive où la parole tellement faible s'incorporerait dans les actions. Il est une façon d'agir à un certain moment. On n'a dès lors pas vraiment besoin du terme, si l'agir est plus fort : « Alors si le mot est faible, mais que notre action sur le réel est forte, nous le rechargerons ».

Cet ouvrage est actuel. Il ouvre des questionnements sur notre société actuelle, et son rapport à la démocratie. Comment expliquer la résurgence du « peuple » ? N'était-elle déjà pas là alors que nous ne l'avons pas vue ? le peuple aurait-il une part d'action qui lui revient ? Ou le gouvernement lui seul la détiendrait ? Cette part d'action peut-elle être partagée ? Comment réarticuler le rapport « conflictuel » entre « peuple » et dirigeants ?
Commenter  J’apprécie          50
Je participe aujourd'hui à ma première Masse Critique Non-Fiction et je tiens à remercier Babelio et les « Éditions Anamosa » pour l'immense honneur qu'ils me font en me permettant de faire la critique de « Peuple », l'un des premiers titres d'une toute nouvelle collection « Le mot est faible ». C'est pour moi une première car à ce jour je ne m'étais pas encore frottée à genre Littéraire.

Tout d'abord, je tiens à préciser que j'aime beaucoup le format, le design de cette nouvelle collection (« Le mot est faible »). Une couverture noire avec des mots blancs extraits du texte. le format, qui diffère de l'ordinaire ( 19x10) est très agréable. On retrouve quelques extraits mis en avant, à l'intérieur du livre, imprimés en gros caractères gras, sur une/des page(s) en format paysage. J'aime d'ailleurs beaucoup cette mise en page, cette mise en avant.

Un mot ? Un concept ? Qu'en est-il de son essence ?

Peuple ... un mot lourd d'histoire, devenu un étendard bien que coquille vide. Et qui depuis peu s'est vu attribué une Couleur, le jaune.

Peuple ... Un mot que les politiques s'approprient très facilement, que les « extrêmes » galvaudent !

Peuple c'est essentiellement le « demos », ce « demos » qui régit notre société, qui nous rassure.

Mais Peuple c'est l'ensemble, la norme et c'est aussi le marginal ! Peuple est duel.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire « Peuple », bien que la non-fiction ne soit pas mon genre littéraire préféré. Cette nouvelle collection est prometteuse, elle remet à l'honneur les mots, ce qui est loin d'être inutile !

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

« Si peuple est de l'ordre de l'action et non de la réaction, de l'agir et non de l'être, s'il ne rassemble ni ne crée aucune identité prédéterminée et stable, alors peut-être n'avons-nous pas besoin du mot pour commencer à nous retrouver. Il ne sera chez nous ni le mythe puissant déjà tout armé, ni le préalable à la construction d'une entité d'opposition. Alors, si le mot est faible, mais que notre action sur le réel est forte, nous le rechargerons. Peuple est devant nous, mais il a déjà commencé. »

Ainsi se termine « Peuple »

La critique complète est à retrouver sur mon blog
Lien : https://ellesemerveille.word..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans l'indignation, dans le sentiment d'urgence, dans l'émotion, la solidarité, la colère, il y a de la pensée qui débouche sur des actions.
Commenter  J’apprécie          110
Le langage a sa propre histoire, ses propres rythmes d’évolution, de sorte que l’expérience est le plus souvent comprise à partir des catégories du passé. Il y a des décalages : pendant un temps, on garde les vieux mots, ceux qu’on connaît, ceux qu’on aime, pour dire des réalités nouvelles.
Mais l’inverse est également possible : il arrive que les mots du passé tout chargé d’histoire et d’images, fassent peur ou apparaissent désuets alors que l’on en a encore, manifestement, besoin.
Commenter  J’apprécie          20
Nous ne voulons pas un peuple, nous voulons celui que nous connaissons, celui qui a porté les ruptures passées qui sont devenues nos ordinaires, celui dont on ne saurait avoir peur puisqu’on l’a fréquenté à l’école, dans les musées, les cinémas, les cartes postales ...
Commenter  J’apprécie          20
Le peuple, lui, travaille ; il est force productive [...] il constitue par son nombre la force de la machine sociale.
Commenter  J’apprécie          50
Peuple est devant nous, mais il a déjà commencé.
Commenter  J’apprécie          120

Video de Deborah Cohen (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Deborah Cohen
Déborah Cohen vous présente son ouvrage "Peuple" aux éditions Anamosa.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2311299/deborah-cohen-peuple
Notes de Musique : Free Musique Archive
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : peupleVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}