1904 (5 dialogues) et 1905 (7 dialogues et préface
Francis Jammes)
Prose et poésie se partagent ce petit chef d'oeuvre. Aucune mièvrerie, des animaux qui contemplent, jugent et racontent l'être humain élu de leur coeur. Des personnalités typées et attachantes au milieu d'une nature qu'elles vénèrent au même titre que leur auteur.
"Kiki-La-Doucette.- Une douceur brûlante pénètre ma robe jusqu'aux duvets fins et frêles, soies sous les soies, fils impalpables et sans couleur qui protègent ma peau délicate. J'enfle comme un nuage. Je dois remplir la chambre." (Le Premier feu)
"Toby-Chien.- ...Je souhaite le bruit connu du vent dans la cheminée, le battement des portes, le chuchotement du jardin, le sanglot de source qui est la voix continue du peuplier, ce mât feuillu de monnaies rondes..." (L'orage)
Et on pourrait multiplier ce type de phrase bien sonnante avec ses mots justes et évocateurs. Les lire, oui mais donnez-vous la peine de les "dire" à voix haute avec un partenaire, vous en ressentirez encore plus la justesse, la musicalité, la perspicacité, l'humour, la sensualité, le plaisir d'une prose bien construite, bien terrienne.