La maison, le voyage en train, le jardin, (d)écrits de façon si poétique, de la fameuse "écriture sensuelle" de Colette, bref, le monde à hauteur de truffe. La douce poésie se trouve notamment devant le premier feu, ce feu de cheminée auquel parlent les deux animaux et qui se fait leur confident le temps de quelques pages.
Elle et Lui, le couple d'humains, sont des "seigneurs de moindre importance". Les dialogues entre Kiki-la-Doucette (un chat mâle, cela m'a un peu perturbée vu son nom) et Toby-Chien, indépendants entre eux mais en collections, forment un tout comique et leurs caractères complémentaires fonctionnent bien. Car le chat a un caractère de chat : railleur, indépendant, cruel (que ce soit avec ses proies ou avec son compagnon Toby), et très vaniteux et imbu de sa personne. le chien, lui, est soumis, aimant, craintif et sensible. On s'attache aux deux, à tel point que les derniers dialogues qui ne les mettent plus en scène avaient quelque chose en moins, je trouve.
Cette belle écriture, notamment dans les descriptions du soleil (que l'on trouve aussi dans
Sido), ce parfum si propre à Colette, m'ont charmée le temps de la lecture. Je l'ai trouvée amusante, et comme dit
Flaubert dans son catalogue des idées reçues, Animal : il ne leur manque plus que la parole !
Cela dit, je ne pense pas que ce monde à hauteur de truffe, en dépit de la poésie (ex; le chat migraineux compare ses veines à des serpents), du comique de caractère (je n'ai pas parlé de la petite chienne aristocrate, on imagine aisément une duchesse gaga de son caniche qui a remporté des concours de beauté canins, si vous voyez le personnage type), du jeu littéraire sur le point de vue, soit une oeuvre bouleversante ou grande. Je pense que l'on se lasse assez vite et qu'en cela le livre est de la bonne longueur, plus long, ce serait ennuyeux.
C'est donc une oeuvrette de Colette, dont j'avais aussi lu le premier Claudine, (également considéré comme mineure par rapport à l'ensemble de son oeuvre), lue entre deux austères ouvrages de non fiction, pour la détente. Si j'enseignais le français au collège, pourquoi pas donner ce texte à lire en fin d'année.