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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Les Dragons » donne la parole à Jérôme, 35 ans, qui ne se voit pas devenir papa, même après dix ans de vie commune. Incapable d'avancer ensemble, il se retrouve donc subitement seul et, écoutant les paroles de Philip Roth, il va en profiter pour se pencher sur passé, réparer ce qu'il peut et tâcher de profiter de ce qu'il lui reste.

Un passé qui le ramène à l'époque sombre de ses quinze ans, quand il tentait d'éloigner les monstres en fumant du shit et en écoutant Eminem. Un adolescent en révolte contre l'école, contre ses parents, contre le monde entier, qui se retrouve placé dans un centre de soins psychiatriques pour adolescents sur décision de la justice. C'est là qu'il rencontre les dragons… et Colette, dont il a promis de nous raconter l'histoire !

Pour son troisième roman, Jérôme Colin se penche sur le mal-être de nos adolescents, sur la détresse profonde de ces jeunes en manque de repères, qui refusent d'entrer dans le moule de cette société axée sur la consommation, les apparences et la performance. Des mômes au bord de la rupture, dénués d'espoir et débordants de colère, condamnés de vivre dans la souffrance…

Ce roman est un véritable cri d'alarme, qui invite à réfléchir au monde que nous offrons à nos enfants, car oui, nous vivons dans un monde où certains jeunes ne rêvent que d'une chose : mourir ! Et pas de rire, mais de désespoir, de manque de perspectives et de cette pandémie qui a encore accentué leur isolement. Un bien triste monde, que l'auteur éclaire de quelques notes d'espoir grâce au pouvoir de l'amour et de la littérature, mais surtout en rendant hommage à ces thérapeutes et ces aides-soignants qui tendent quotidiennement la main à ses jeunes… dans l'espoir d'en sauver de temps en temps un ou deux…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Marcher sur l'eau
Éviter les péages
Jamais souffrir
Juste faire hennir
Les chevaux du plaisir »

Mon inclination prononcée pour les chansons d'Alain Bashung m'a conduit à découvrir Jérôme Colin dont le premier roman s'intitulait « Éviter les péages », un titre en forme d'hymne à la liberté et un clin d'oeil à l'auteur d'« Osez Joséphine ». Une chanson qui inspira également à Delphine de Vigan un titre magnifique, « Rien ne s'oppose à la nuit ».

Près d'une décennie plus tard, Jérôme Colin publie son troisième roman, « Les dragons ». L'histoire de Jérôme, quinze ans, un adolescent en colère. Contre ses parents, contre l'école, contre le monde, contre lui-même. Un môme au bord de la rupture.

« Mes parents avaient érigé la normalité en croyance suprême. Ils trouvaient tout normal. Normal de rester à la place qu'on leur avait assignée, d'accepter d'être réduits au silence, de ne plus se tenir par la main, de n'être pas devenus ce qu'ils auraient pu être. Ils trouvaient normal que chaque jour se ressemble, que ceux qu'on aime puissent mourir, que le pouvoir appartienne à ceux qui en étaient assoiffés. Ils trouvaient normal d'être devenus normaux.

Ils trouvaient normal d'écouter Serge Lama. »

Jérôme tente de tromper les monstres qui viennent le hanter au crépuscule en fumant du shit, recherche la solitude et a décidé que seul Eminem méritait son admiration. À l'école, Jérôme n'est pas vraiment là. À la maison, c'est encore pire, lorsque dans un accès de colère, il frappe son père. Sur décision de la justice, et avec l'aval de ses parents, il est placé dans un centre de soins pour adolescents.

C'est dans ce centre que le narrateur rencontre les dragons, ces enfants en souffrance, dont certains sont littéralement détruits par la violence infligée par leur famille, l'école ou l'époque. Et soudain, apparaît Colette. Crâne rasé, du noir sur les yeux, une boucle dans le nez, les bras lacérés jusqu'aux épaules. Plusieurs tentatives de suicide à son actif, dont la dernière en avalant des lames de cutter.

Pour la première fois, Jérôme ne se sent pas seul au monde. Il découvre un ange qui lit la nuit dans un couloir du centre. Un ange qui n'a plus envie de vivre.

---

L'auteur cite Philip Roth en épigraphe des « Dragons » : « Penche-toi sur ton passé. Répare ce que tu peux réparer. Et tâche de profiter de ce qui te reste ». Une citation en forme de mantra, qui sert de canevas à la construction de ce roman, qui, après une courte introduction, se compose de trois chapitres reprenant les injonctions pleines de sagesse de l'auteur américain.

« Les dragons » se situe à la frontière entre l'autofiction et le documentaire sur ces jeunes adolescents sans cesse plus nombreux, que des parents désemparés ou un juge pour enfants finissent par placer dans un centre de soins.

Les premiers chapitres sont les plus poignants. Racontés à hauteur d'adolescent, ils sont d'une sincérité saisissante, et nous rappellent ces doutes qui nous assaillaient durant cette période trouble, où l'on quitte les rivages de l'enfance. Cette période parfois douloureuse où l'autre rive, celle du monde adulte, nous semblait si lointaine. « Les dragons » raconte avec une compassion sincère et une vraie tendresse les souffrances indicibles de ces gamins dont l'enfance a été ravagée, et celles des autres aussi, ceux qui, malgré l'absence de traumatisme, se sentent étrangers à ce monde.

La plus grande réussite du roman tient sans doute à son style. Un style qui épouse tantôt la colère, tantôt la stupeur amoureuse d'un adolescent qui ne trouve pas les mots pour exprimer ce qu'il ressent. Phrases courtes, mots simples, rythme syncopé, il évoque un boxeur qui balance une série d'uppercuts en écoutant la trompette de Miles Davis qui swingue au coeur de la nuit.

« Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre »

« Les Mots bleus » - Christophe

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Jérôme a la trentaine banale. Mais des détails attirent l'attention, comme cette phobie des carrelages en damier ! Cacherait-il un aspect sombre de son passé ?

On l'apprendra au cours du récit, sa jeunesse n'a pas été un long fleuve tranquille. Une opposition larvée au train-train du quotidien, qu'il soit familial ou scolaire l'a mené à une violence exprimée, et à l'admission dans un centre de psychiatrie pour adolescents. C'est une rencontre fortuite dans ces locaux qui changera sa vie.


Le récit est captivant. On vit les sentiments passionnés de cet adolescent à vif. Son rejet total de l'institution, de l'éducation, d'un non-avenir comme seule promesse. La détresse qu'il sera amené à côtoyer au centre et le drame qui le marquera à vie, seront un déclic qui déviera sa trajectoire bancale.

Une belle dynamique pour ce récit de révolte avec à la clé un coup de foudre réparateur.

On aime la bande son désuète qui cristallise les sentiments négatifs de l'ado contraint à la subir lors des trajets familiaux. On aime aussi l'évocation de la détresse profonde de jeunes qui ont perdus les repères qui font tenir l'édifice.

192 pages Allard 24 aout 2023
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Jérôme, la trentaine, ne veut pas s'engager. Léa, sa compagne, à cause de son refus d'avancer dans la vie, d'envisager d'avoir un enfant, le quitte. Surtout, elle lui reproche de rester dans les traumas de son enfance.
Le seul réconfort de Jérôme, ce sont les livres. Des livres qui ont mis des mots sur ce qu'il ressentait, plus jeune. Alors Jérôme, à son tour, écrit et raconte. Pas pour parler de lui mais surtout pour parler des autres, des « dragons ».
A 15 ans, Jérôme est un ado en colère qui refuse de tomber dans la « normalité» de la vie de ses parents. Décrochage scolaire, consommation de drogue, violence envers son père. La coupe est pleine. Ses parents sont désemparés et un juge décide de placer Jérôme dans un centre psychiatrique pour adolescents, « Horizons + ». Là-bas, Jérôme va faire connaissance avec les dragons et avec Colette, la fille aux yeux noirs.

Dans ce court roman très fort, Jérôme Colin nous parle de l'adolescence en souffrance. de tous ces jeunes qui, pour différentes raisons et sans raison particulière même, ressentent la vie comme une longue suite d'épreuves et de souffrances. Certains s'en sortent, d'autres pas. Ce qui est sûr, c'est que le chemin est long.
A travers ces histoires personnelles tragiques, celle de Jérôme et celles de tous les autres, on découvre aussi les soignants : psychiatres, infirmiers, éducateurs… Tous tentent d'aider ces jeunes en sursis tout en sachant que leurs efforts sont difficilement récompensés
Le récit mêle plusieurs styles. L'un poétique et un peu trop mièvre parfois, l'autre plus sociologique. Pour bien parler de ce livre, j'aurais envie d'en citer les deux tiers tellement l'auteur porte un regard lucide sur un problème de société effroyable et dont tout le monde se fout, très clairement. Pour parler statistiques, l'auteur dit que sur une classe normale d'une trentaine d'élèves, 2 à 3 jeunes ont déjà pensé au suicide. Que généralement, il faut une petite dizaine de tentatives avant d'arriver à la morgue.
Voilà, c'est une partie de notre jeunesse aujourd'hui pour qui la vie est un désespoir et la mort, la seule solution à ce mal qui les ronge.
Alors que cette situation s'est aggravée avec le Covid, rien de sérieux n'est envisagé en terme de santé mentale par nos gouvernants.
Alors doit-on désespérer ? de nos gouvernants, oui, c'est sûr ; de nos jeunes , non, l'espoir est encore permis, heureusement. Leur montrer que la vie réserve de jolies choses aussi, qu'elle est surtout très longue devant eux et qu'à côté de ces moments d'enfer, d'autres meilleurs les attendent. Lutter, patienter, persévérer, espérer.

Mis à part quelques passages qui flirtent trop avec la sensiblerie, « Les dragons » est un cri d'alarme, urgent, bouleversant, porté avec émotion et intelligence par Jérôme Colin. A lire.
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A 15 ans, Jérôme est interné dans un centre de soins psychiatriques pour adolescents et fait la connaissance des autres patients, surnommés les dragons. Parmi eux, il rencontre Colette, suicidaire au crâne rasé et yeux cernés de noir, dont il tombe amoureux. L'évocation de Colette l'apaise et lui permet un temps d'éloigner «les monstres» qui apparaissent la nuit dans son esprit et que seul le shit peut éloigner.

Cette rencontre va le marquer profondément et ce jusqu'à l'âge adulte. A 35 ans, alors que son couple bat de l'aile, il décide de raconter son histoire avec Colette et honore une promesse faite 20 ans plus tôt.

A l'aide de retours en arrière, on revit les 15 ans de Jérôme, ado en colère contre le monde et surtout contre ses parents, qu'il va jusqu'à menacer physiquement. Il ne veut pas devenir «normal» et rejette la vie qu'on lui propose, une vie de soumission et de contraintes.

J'ai aimé rencontrer les différents personnages mais on ne fait que survoler leur parcours, ce qui est dommage. J'aurais aimé entrer un peu plus dans leur psyché, les entendre parler, les voir vivre et interagir dans le huis-clos du centre. Une centaine de pages en plus m'aurait aidé à mieux les connaître et à ressentir de l'empathie.

Si j'ai beaucoup aimé la première partie. La toute fin m'a semblée plus démonstrative. le récit, seul, suffisait à nous faire comprendre tout le désespoir de ces jeunes en mal de vivre.

Mais cela reste un texte poignant et nécessaire. Il est important d'en parler et que l'on prenne la mesure de la détresse de ces adolescents.

Ce texte est aussi un hommage vibrant aux mots et au pouvoir de la littérature. le jeune Jérôme découvre John Steinbeck, entre autres, et va «se pencher sur le passé» «réparer ce qu'il peut» et «tâcher de profiter de ce qu'il lui reste», chaque morceau de cette phrase de Philip Roth constituant le titre des trois parties de ce livre.

Avec ce court roman, entre le récit et le documentaire, Jérôme Colin émeut, fait réfléchir et offre une petite lueur d'espoir malgré tout. J'en conseillerais la lecture à des adolescents et jeunes adultes.
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Jérôme, quinze ans, mal dans sa peau qui rejette tout son entourage de façon violente est interné dans un centre de soins pour adolescents où il rencontre Colette, une alter-égo avec qui il va tenter d'entrer en relation. Un roman à fleur de peau qui décrit le mal-être d'un grand nombre d'adolescents souvent malmenés dans l'enfance, meurtris dans leur chair et leur esprit. Jérôme et Colette incarnent de façon remarquable ses adolescents qui pris, en charge par une institution adaptée parviennent, ou pas à se sortir d'un engrenage infernal. Un univers très bien décrit par l'auteur, avec beaucoup d'empathie et un savoureux clin d'oeil au chef d'oeuvre de John Steinbeck « Des souris et des hommes ».
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Un roman très étonnant dont le sujet est la souffrance des jeunes adolescents soignés dans des centres psychiatriques.
On commence le récit avec Jérôme, un trentenaire que sa femme Léa va quitter car il ne veut pas d'enfants.
Il lui faut retourner vers son enfance pour expliquer pourquoi il ne peut pas avoir d'enfant et pourquoi « une fille ce serait pire ». Lorsqu'il a dû être interné dans un centre, il y a rencontré une jeune fille Colette dont il est immédiatement tombé amoureux. Hélas ! elle se suicidera et lui devra continuer sa vie. Il a réussi à vaincre ses démons et à vivre.
La souffrance de ces jeunes, est très bien racontée . On ressort de ce livre avec plein d'interrogations et une série de citations dont on voudrait se souvenir à jamais.
L'auteur dans une interview dit que le système capitaliste est responsable de cette souffrance . Je n'en suis pas du tout sûre mais même si cela le semble inexact cela ne m'a pas empêchée pas d'avoir été très intéressée par ce texte.
Citations que j'aime et qui ont aidé Jérôme à se sortir de son mal être d'adolescent
Romain. Gary :
La tendresse a des secondes qui battent plus lentement que les autres.
Mark Twain :
Chaque fois que vous vous retrouvez du côté de la majorité, il est temps de vous, arrêter et de réfléchir.
Steinbeck :
La force est d'aimer le faible
Lien : https://luocine.fr/?p=17358
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Respire petit, l'avenir n'est interdit à personne.
A la suite d'une rupture amoureuse, Jérôme, notre narrateur décide de se replonger dans sa jeunesse. (Là vous vous dites "Rien de bien original." et c'est vrai le procédé narratif est connu mais toujours efficace.) Il revit son séjour dans un centre-hôpital-asile pour jeunes en rupture avec le monde, en rupture avec eux-mêmes. Il nous parle de ceux et celles qui ont vécu un traumatisme aussi bien que de ceux et celles qui comme lui veulent crier au monde "Mais ça ne va pas jusque parce que p*tain ça ne va pas!". Avec douceur et pudeur, l'auteur belge nous montre que la souffrance psychique n'a pas d'échelle, elle n'est que réelle et peut même devenir physique.
"Les dragons" est un roman sensible mais qui aurait pu (ou aurait dû, je ne sais pas) aller plus loin. Il a au moins le mérite de confronter les adultes à un problème social qui n'a rien d'une mode et qui doit être pris au sérieux.
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C'est l'histoire d'un adolescent en colère. Pléonasme, me direz vous...

Mais lui, il est très en colère. Il rejette ses parents et le monde. Il déteste la normalité et l'avenir qu'on lui propose.

Dans ce centre, il rencontre Colette. C'est un coup de foudre. Parce qu'elle veut mourir et qu'il veut vivre avec elle.


"Penche-toi sur ton passé. Répare ce que tu peux réparer. Et tache de profiter du reste." Philippe Roth

C'est la trajectoire de la vie de Jérôme, avec ses heurts et ses tentatives de réparation.


"Les livres ne sont pas des cimetières. Au contraire, ils ramènent à la vie ceux qui sont partis."

C'est un roman qui fait entendre la voix des adolescents qui souffrent, qui dénonce le mal qu'on leur inflige, qui dénonce ce monde qu'on construit pour eux, ou détruit, c'est selon.


C'est un très beau roman, peuplé de beaux personnages et d'un message puissant, qui m'a touchée. Un appel à l'altruisme, à la générosité et à la communication, à l'humanité, un cri d'amour à la littérature, et à tous ses amis qu'elle nous offre, un espoir de reconstruction. Une lettre d'amour à la jeunesse.

"L'important, c'est d'avoir quelqu'un à qui parler."

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Les dragons
Ce sont des adolescents que les adultes brisent. Ils sont en maison de soins loin de tout pour cheminer vers une hypothétique reconstruction.
Jérôme y arrive. Il a en lui une colère contre tout.
Le premier soir, il voit Colette …

Il y est des rencontres mêmes fugaces qui nous marquent à jamais. La synchronicité d'une rencontre peut nous bouleverser : rien ne sera plus pareil après. Il est question de cela dans le roman de Jérôme Colin.
Il tire une sonnette d'alarme sur la santé psychologique de nos jeunes. Leurs repères sont si brouillés dans notre époque.
Une phrase qui revient souvent a fini par me dire ce que je refusais d'entendre : « On ne désire pas aider des enfants quand on n'a pas été soi-même un enfant à sauver »
Pas de hasard dans la vie … juste des connexions à faire quand on est prêt.
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