Quand les femmes s'éveilleront... : Oser le féminin

Oser la passivité, c'est aussi le remède magique à bien des maux (et des mots). Quand nous sommes agressés verbalement par exemple, au lieu de répliquer du tac au tac, prendre le temps d'encaisser, d'observer en silence. Choisir de ne pas répliquer, c'est renvoyer à l'autre en miroir sa propre agressivité. Cela demande patience et maîtrise de soi. À l'intérieur de nous, ça frémit, ça bouillonne, ça démange. Laisser cette énergie être, s'installer puis se dissiper est un effort considérable mais fructueux. La passivité demande de l'énergie. Elle nous donne le droit de ressentir pleinement et d'observer l'environnement avant de voir ce qui doit être fait. Marquer un temps d'arrêt entre ce qui nous arrive et notre réaction permet de retrouver notre liberté d'action. Non plus réagir automatiquement à une situation, mais y répondre.
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Et pour cause. De nouvelles lois verrouillent le système. Elles sont gravées dans la pierre. Bon calcul, elles dureront plus de cinq mille ans. Le patriarcat absolu s'impose ainsi peu à peu partout dans le monde. Il obéit à une idéologie dont voici quelques axiomes:
Axiome premier: les hommes sont désormais les seuls représentants de Dieu. De même, au regard du ciel, la terre n'a plus qu'une importance secondaire. Comme la femme, elle est maintenant à conquérir et surtout à dominer. Terminé le temps où les hommes imploraient et priaient Notre Mère la terre de leur donner vie, nourriture et de leur permettre de subsister.
Axiome deuxième: l'enfant devient la propriété exclusive du père. Il porte son nom, et non plus celui de la mère. Les hommes croyaient auparavant la femme seule responsable de la procréation, ils la considèrent maintenant comme accessoire: un vase dans lequel déposer une précieuse semence.
Axiome troisième : le principe de la propriété privée pré- serve l'ordre nouveau. Il est l'un des piliers du patriarcat. Les femmes sont la propriété de leur mari, au même titre que les enfants ou que la terre. En 1300 avant J.-C. par exemple, la femme israélite fait partie des biens de son époux. Elle n'a pas le droit de demander le divorce. Claude Lévi-Strauss, dans un texte célèbre, a montré comment le mariage dans la société patriarcale consistait en un contrat entre deux groupes d'hommes. Même lorsque ses sentiments sont pris en considération, la femme y est un objet d'échange. Elle a perdu définitivement son pouvoir sacré
Axiome quatrième: la monogamie est de rigueur. Il devient vital pour l'homme de s'assurer que sa descendance est de son sang et seulement de son sang. Si tel n'était pas le cas, le pouvoir de donner son nom à l'enfant reviendrait automatiquement entre les mains des seules femmes. Prohiber l'adultère devient donc une question de pouvoir. Au point de punir de mort, souvent par lapidation. Pour cette raison, le plaisir est interdit aux femmes. Pour elles désormais, un seul mot d'ordre: le devoir. Et d'abord celui d'enfanter.
Axiome cinquième: la femme est un danger. Le spectre de la redoutable et toute-puissante Grande Mère qui a pouvoir de vie et de mort sur ses fils est toujours présent. Ce serait encore le cas aujourd'hui.
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Si les femmes sont les premières concernées par le harcèlement moral, ce n'est pas qu'elles sont plus vulnérables. C'est parce qu'elles font comme si elles ne l'étaient pas. et pourtant. A cet égard, les chiffres sont éloquents:
- les femmes constituent le gros des travailleurs pauvres: sur près de 9 millions d'actifs percevant un salaire inférieur au SMIC, 8 sur 10 sont des femmes;
- les familles monoparentales, en constante augmentation, sont composées à 85 % par des femmes;
- les femmes occupent la quasi-totalité des emplois précaires: intérim, stages, emplois aidés, jobs dévalorisés avec conditions de travail difficiles, horaires morcelés, lieux de travail éparpillés. Les services à la personne, essentiellement dévolus aux femmes, sont peu protégés sur le plan syndical, sans garantie de régularité et génèrent souvent fatigue et stress considérables;
- près de 2 femmes sur 3 occupent un emploi dans 6 catégories socioprofessionnelles seulement sur 84 recensées. Ce sont souvent les plus dévalorisées;
-s'occuper d'enfants est moins bien payé que de s'occuper d'animaux ou de l'état d'un ordinateur;
-en moyenne, les femmes gagnent 20 % de moins que les hommes en salaire annuel.
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De l'avantage d'être une victime
Ne serait-ce que par mimétisme, nos aïeules nous ont transmis en héritage leur vision du monde et, partant, leur modèle de comportement. L'édifice patriarcal reposait sur les vieilles idées judéo-chrétiennes selon lesquelles il ne fallait surtout pas penser à soi, il fallait se dévouer aux autres se sacrifier. Et tout spécialement si nous étions une femme. Dans ce contexte, être victime était le seul moyen d'attirer l'attention et de se sentir importante, d'avoir du pouvoir sur l'autre en le culpabilisant.
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Sois belle, travaille et tais-toi
Autrefois, pour préserver le lien avec un époux dont elles étaient dépendantes matériellement, beaucoup de femmes ravalaient leur amertume, leurs chagrins et leur colère. Maltraitées, elles ne disaient rien. Il considérait souvent son épouse comme sa servante.
Beaucoup d'entre nous ne sont pas sorties de ce modèle. Nous l'avons juste déplacé. Combien sommes-nous aujourd'hui à reproduire avec notre patron ce que notre mère ou notre grand-mère avait vécu par le passé avec son mari ?