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On était des loups", c'est le genre de roman qui me procure tout un tas d'émotions, en dépit de sa brièveté. le genre de roman que je vis plus que je ne lis, d'autant que celui-ci est raconté à la première personne. J'ai été immédiatement séduite par le langage, très oral, qui rend le récit plus authentique et vivant.
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Cette histoire se déroule à une période sans âge, là où la nature est vaste et l'homme petit. C'est dans cet endroit sauvage, où les voisins sont loin et rares, que Liam, le narrateur, vit avec sa femme Ava et son petit garçon Aru. Un mode de vie peu commun, en communion avec l'environnement, qui n'est pas toujours simple à vivre. Un soir qu'il rentre de plusieurs jours de chasse, il découvre sa femme morte et son fils terrifié.
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Ava n'est plus là. Mais il reste le petit. Une constatation qui déstabilise Liam. Qui va s'occuper d'Aru désormais ? Après tout, ce fils c'est sa femme qui l'a voulu, désiré de tout son coeur. Lui, il a accepté de lui en faire un, par amour. Pourtant, il savait bien que cet endroit, éloigné de toute civilisation, n'était pas l'idéal pour élever un môme. Alors, il ne s'est pas vraiment investi plus que cela dans la relation. Mais ça, c'est ce qu'il nous dit. Parce qu'en tant que lectrice, j'ai bien vu qu'il y était tout de même un peu attaché à cet enfant. Qu'il était heureux et fier de le savoir guetter impatiemment son retour, lorsqu'il rentrait de la chasse. Au point de ressentir un manque, une appréhension terrible lorsqu'il ne le voit pas courir vers lui, ce soir-là, dans la prairie.
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J'ai été touchée par ce père à la communication maladroite, un peu gauche, envers un fils qu'il connaît à peine. Un homme habité, au départ, par la colère d'avoir perdu l'être aimé, la culpabilité, peut-être, de n'avoir pu protéger, l'indicible sentiment, profondément ancré, que s'il avait pu choisir entre la mère et le fils... Au fil du récit, on assiste à la rencontre de ces deux êtres, qui, tels des étrangers, vont s'apprivoiser, parfois dans la douleur. Au sens propre comme au figuré, ils vont cheminer, seuls, puis ensemble, vers un possible apaisement. Mais tous les chemins ne sont pas sans embûches...
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La plume de l'autrice rend compte des silences, des regards - francs ou en coin -, des pensées que l'on n'exprime pas. Elle permet de s'imprégner de l'atmosphère, de visualiser le décor majestueux, la puissance de la nature mais aussi de ressentir l'imminence du danger. Car une fois en symbiose avec les protagonistes,
Sandrine Collette nous guide vers un autre registre, là où la tension règne et avec elle, une angoisse sourde qui a plus d'une fois serré mon coeur de mère.
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On était des loups” m'a tout simplement emportée ! Il faut dire que j'ai écouté la version Audiolib et que le narrateur, Thierry Hancisse est incroyablement passionnant. J'ai ressenti une telle émotion à l'entendre nous conter cette histoire, avec sa voix un peu rauque, son respect des silences, si importants dans ce récit. D'autant que la ponctuation n'est pas simple et que les phrases sont parfois longues, avec ce flot de pensées qui surgissent, comme intarissables. Et Thierry Hancisse s'en sort à merveille ! C'est incroyable le plaisir que l'on peut ressentir à écouter un livre audio d'une telle qualité, d'une telle intensité. Cette version audio, c'est l'harmonie parfaite entre un roman et une voix, c'est un ensemble que l'on croirait indissociable tant les deux parties sont en symbiose. Une écoute qui m'a profondément émue !
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Roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Audiolib 2023.
Ma chronique complète est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres