pas de lune
ni de musique
te voilà si près de moi
enfouie dans ton monde mauve
ton souffle apaisant
vacarme et fleuve intranquille
mon doigt flottant
juste au-dessus de ta nuque
je ne me glisserai pas
entre les ondes frêles
qui bercent tes songes indociles
ne franchirai pas
ce mur malléable
que tu caresses
de ton pied de ballerine éparpillée
glisser entre ville gelée
et ciel outrenoir
chercher vacarmes
secousses telluriques
sur ta peau chaude
quand tu dors
je lézarde entre tes songes
scrutant chaque éblouissement
effeuillant les abîmes
qui se creusent en toi
sur le chemin
j’ai rêvé d’acacias
avant de chercher
le bleu de tes yeux
dans la courbe de l’horizon
brusquement le seuil
d’une vie autre est apparu
et j’ai cédé
alors que s’écroulent mes ombres
je cherche un vent nouveau
sans entendre l’océan si loin
tentant en vain de rapiécer
cette voile tissée d’impossibles
que m’avait léguée ma mère
juste avant son dernier voyage
courir sur les plages
entre la Baie des Anges
et la Baie de Népisiguit
laisser derrière nous
ces amas d’impossibles
se fondre l’un dans l’autre
sans attendre les foudroiements
de verbes impatients
retrouver les incongruités
qui savent si bien nous nourrir
farouchement clamer appartenance
à ce chant fécond
qui oscille entre nous
"J'ai déjà vu pire" de Fredric Gary Comeau