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EAN : 9782070422500
306 pages
Gallimard (23/04/2003)
3.78/5   38 notes
Résumé :

Lorsque Dieudonné, jardinier de son état, sort de prison après avoir été acquitté pour le meurtre de Loraine, sa riche maîtresse békée croqueuse de jeunes hommes, il se retrouve dans une ville au bord de l'insurrection.

Économie sinistrée, conflits sociaux, affrontements syndicaux et politiques, haines raciales: en 1999, Port-Mahault vit des heures difficiles.

Dans cette ambiance délétère, Dieudonné, renié par sa famille e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dieudonné, vingt-deux ans, vient d'être acquitté, à la grande surprise de son entourage. Mais loin d'être accueilli à bras ouverts, sa grand-mère et sa tante restent distantes, se méfiant de ce gamin qui a mal tourné depuis la mort de sa mère quand il n'était qu'un enfant. le jeune homme reste hanté par la mort de Loraine, béké, une belle cinquantenaire, pour laquelle il travaillait comme jardinier et qui le traitait avec considération, du moins le croyait-il...
Se sentant abandonné, livré à lui-même dans cette île de la Guadeloupe en pleine crise économique - entre grèves, conflits sociaux, quartiers mal famés et délinquance, Dieudonné souhaite retrouver le temps du bonheur, celui où la famille Cohen, l'emmenait sur la Belle Créole, leur voilier au mouillage à Port Mahault, le considérant presque comme un skipper, lui donnant confiance en lui, le traitant comme leur égal.

Maryse Condé nous emmène avec la Belle Créole, sur les traces de DIeudonné, ce jeune homme, qui après dix-huit mois de prison, se retrouve de nouveau abandonné à son sort et qui va se lancer dans une errance pour retrouver ses appuis. Mais c'est d'abord auprès de la famille qu'il ressent du rejet, arrivant comme un chien dans un jeu de quille, et puis Boris, l'ami SDF, poète qui s'est embourgeoisé, qui n'a pas de temps pour lui, ou Dorisca, la petite haïtienne qui le prend sous son aile. Difficile d'oublier le drame et, dans un Port Mahault en pleine déconfiture économique, taillé en pièces par quelques nantis, rebondir paraît impossible...
Entre évènements présents, réminiscences du passé, rêves ou souvenirs fantasmés, cette longue course à la rédemption, dans des lieux autrefois rassurants mais devenus hostiles et surtout les rencontres avec les amis du passé, Maryse Condé brosse le portrait ce jeune homme en fuite car seul. Un roman choral qui n'épargne aucune des populations, antillais, békés, ou étrangers installés dans l'île pour y chercher un peu d'exotisme.
Sombre et marquant dans une langue originale et colorée.
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la Belle Créole est un voilier oublié à quai, à vendre, après que ses propriétaires soient retournés en métropole. Dieudonné, le héros du roman y a passé les plus belles heures de son enfance, à naviguer et à plonger. 

L'histoire commence au tribunal où Dieudonné est acquitté après une plaidoirie très politique de son avocat, que le prévenu, mutique, n'a pas bien comprise

"Toujours à lui seriner qu'il appartenait à la classe des opprimés. Opprimé par qui ? Opprimé par quoi ? Il était né dans un mauvais berceau, manque de chance ! La chance, cela ne se discute pas. C'est affaire de hasard. Ça sourit à droite, ça prive à gauche, voilà tout !"

L'île qui ressemble à la Guadeloupe (pas pas nommée) vit une crise aigue, grève des services publics, de l'électricité, agitation des indépendantistes. Dieudonné, libéré de prison, traverse la ville à la recherche d'un abri. Mutique, orphelin, rejeté par sa famille, sans aucun projet.

Nous apprendrons au fil du roman pourquoi il est arrivé au tribunal. On imagine mal comment ce garçon si doux, si perdu, est devenu un criminel. En tout cas, pas par vengeance de l'opprimé qui "a tué la grande Békée" comme l'a plaidé l'avocat, comme les politiques, qui songent l'envoyer à Cuba, manipulent son histoire dans un contexte prérévolutionnaire.

Pas de chance! né sans père, il s'est dévoué pour sa mère quand, après un accident, elle était devenue infirme. Malade, il avait trouvé un apaisement dans le crack, s'était déscolarisé et avait été rejeté par ses parents les plus proches. Puis il avait retrouvé La Belle Créole encore amarrée sur le port. 

Puis il avait fait la connaissance de Boris, le poète SDF, admirateur de Shakespeare et de Pablo Neruda...

Il avait enfin trouvé un travail : jardinier chez une riche propriétaire blanche, 

"Fatigué d'être humilié, un amant finit avec sa maitresse. Ce qui l'auréolait de symbolisme, c'est que l'affaire se passait dans ce pays frais émoulu de l'esclavage(enfin pas si frais, cent cinquante ans déjà!) que la maitresse était blanche békée de surcroit, l'amant noir. La maîtresse est riche, le noir sans le sou, son jardinier. "

Telle était la thèse de l'avocat, convaincante puisque Dieudonné avait été acquitté. Et pourtant si éloignée de la réalité. Réalité infiniment plus complexe. 

Nous suivons l'errance de Dieudonné . Il retrouve Boris plus du tout poète, leader politique. Il rencontre une ado haïtienne. Apprend l'identité de son géniteur. Enfin,  découvre qu'il est père et prend la fuite, reproduisant le schéma initial...

C'est un roman  de tensions et de tendresse, tout en nuances. Roman désespéré aussi qui se lit d'une traite. 215 pages.  
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Non, "La Belle Créole" n'est pas un roman autobiographique de Maryse Condé. C'est le nom d'un bateau, disons plutôt un rafiot, plutôt décati, où Dieudonné, le héros de ce livre, a trouvé refuge. Lui et quelques autres, marginaux de cette île jamais nommée mais qui rappelle étrangement (?) la Guadeloupe, s'y retrouvent pour refaire le monde, en compagnie du crack pour larguer les voiles. Nous sommes en 1999, à l'heure où le destin de l'île se joue, toutes activités suspendues par des syndicats farouchement décidés à accélérer la marche vers l'indépendance. le propos de l'auteure n'est cependant pas politique, même si celle-ci est fortement présente. le destin de Dieudonné va basculer lorsqu'il va tomber amoureux de Loraine, une belle "békée" (blanche native de l'île). Un amour malheureux, qui va le mener en prison et le voir en sortir pour ne plus savoir quoi faire de sa vie, lui qui n'a cessé de voir disparaître les uns après les autres tous ceux qui étaient prêts à lui donner son quota d'amour. Avec son inégalable talent de conteuse, dans une langue savoureusement agrémentée de créole et de diverses locutions locales, Maryse Condé se livre à une fine analyse psychologique, où passé et présent se mêlent sans que jamais l'attention du lecteur ne se relâche. On est "dedans", du début à la fin. Seul regret : un glossaire des termes locaux aurait été le bienvenu en fin d'ouvrage. Même si on a vite fait, grâce au contexte, de comprendre que les "bòbòs" sont les prostituées locales et le "temps-longtemps" celui de l'esclavage, au bout de trois cent pages je n'ai toujours pas compris le sens de "pié-bwa". Dommage, mais c'est quand même un très beau livre…
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Roman de Maryse Condé.

Dieudonné est acquitté du meurtre de Loraine, son employeuse et sa maîtresse. Il est noir et pauvre, elle était riche et blanche. L'avocat plaide la rebellion du domestique humilié. Mais Dieudonné est inconsolable de la perte de celle qui a illuminé sa vie. Au cours d'une nuit, il retrace sa misérable histoire. Son récit est entrecoupé des aventures qui surviennent pendant sa promenade citadine nocturne. Sans cesse, de nouveaux personnages s'invitent avec leur existence et enrichissent le discours de Dieudonné.

Epoustouflant! Ce texte est riche de la polyphonie de tradition orale créole. A aucun moment, je n'ai été perdue. Il est facile de se retrouver dans la narration. La description de la société créole moderne est belle et transcrit avec fidélité tout un passé qui ne recule pas devant le progrès. Je le recommande sans aucun doute, avec enthousiasme même!
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Un récit de vie, pour montrer la misère, la souffrance d'un jeune homme qui peut devenir délinquant et qui garde sa grandeur d'ame. La Belle créole, c'est le lieu où il se réfugie mais aussi le lieu de ses espoirs et de ses peines. Maryse Condé explore tous les recoins d'une société qui cache ses défaust et ses maux derrière la jovialité et le soleil. Elle ose meme traiter du thème de l'homosexulaité et des homos antillais qui se retrouvent cachés, ce qui ici n'est pas un sujet simple à aborder.
Bref un roman qui vous fera mieux découvrir la Guadeloupe, à travers l'histoire d'un personnage somme toute caractéristique de la jeunesse locale.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Une marina, c'est un peu comme la bouche d'une belle. Si la gencive est désertée, si des incisives, des canines ou des molaires manquent, déchaussées, avariées, arrachées, cette absence ne passe pas inaperçue et l'onde qui bouche le trou fait office de pierre tombale. Dans cette caverne édentée qu'était devenue la marina de la Messagerie, Boris ne s'aperçut pas aussitôt de l'absence de La Belle Créole.
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A son côté, perdue dans ses oreillers, Arielle gardait le silence,: il savait qu'elle récitait sa prière de nuit. Quel malheur quand le Bon Dieu se creuse une place dans le lit conjugal, se couche entre une femme et son époux !
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Le pays en avait plus qu'assez de cette jeunesse qui ne savait que tuer, braquer, violer, incendier, cette jeunesse dont les rêves avaient la démesure des effets spéciaux des films.
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Comme Amabelle, comme tous les gens du pays, Dieudonné détestait et redoutait les chiens. C'est une vieille affaire. Au temps de la plantation, les chiens ont poursuivi le nègre en fuite, traqué, fait saigner le marron pour le compte du Maître.
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Autrefois, la marina de la Mégisserie était une ville flottante, un Hong-Kong encombré de jonques. Puis les navigateurs avaient déserté le pays. Peu à peu, les vagues de la mer avaient retrouvé leur empire de paix.
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Videos de Maryse Condé (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maryse Condé
Augustin Trapenard rend hommage sur le plateau de la grande librairie à Maryse Condé décédée mardi 2 avril 2024 à l'âge de 90 ans. Sa disparition marque la fin d'une époque littéraire marquante. Cette écrivaine guadeloupéenne laisse derrière elle un héritage littéraire riche, composé de près de 70 livres qui ont profondément marqué les esprits avec notamment Segou, La migration des coeurs, En attendant la montée des eaux. Professeur et journaliste, elle était souvent citée pour le prix Nobel, reconnaissance de son engagement et de son talent indéniable. À travers ses écrits, Maryse Condé a toujours cherché à mettre en lumière les questions cruciales de son temps, notamment le racisme, l'esclavage et le colonialisme. Son oeuvre puissante a fait écho bien au-delà des frontières de son île natale, résonnant à travers les Antilles, l'Afrique et au-delà. En 2018, à Stockholm, elle exprimait avec fierté sa contribution à la reconnaissance de la voix de la Guadeloupe.

Maryse Condé restera dans les mémoires comme une figure majeure de la littérature francophone, ayant enrichi le monde des lettres par sa sensibilité, son engagement et son talent incontestable
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