"J'ai toujours pensé que, pour s'occuper de la mort, le secret était de la tenir à distance. C'est la règle. Ne jamais la laisser vous souffler dans la figure. "
" Je croyais être familiarisé avec la mort, je croyais connaître le mal, en fait je ne connaissais rien. "
" J'ai vu leurs yeux et je sais ce qu'il y a tout au fond, dans les ténèbres. Si je pouvais tous les tuer, je crois que je le ferais. "
- Vous savez ce que vous me demandez ? Vous êtes en train de me dire : ne partez pas sans avoir de preuves. Mais justement ! J'ai besoin de partir pour en obtenir !
C'était une jolie femme et je m'aperçus qu'en moins de de vingt-quatre heures j'étais passé de la haine au désir.
Mon frère m’avait expliqué un jour sa théorie du seuil limite. Chaque flic, disait-il, possédait une limite, mais cette limite lui était inconnue jusqu’à ce qu’il l’atteigne. Sean parlait des cadavres. Il était persuadé qu’un flic ne pouvait en supporter qu’un certain nombre et que ce nombre variait en fonction de chacun. Certains atteignaient rapidement la limite. D’autres assistaient à vingt morts violentes sans même l’approcher. Mais pour tout le monde, il y avait un seuil. Et quand celui-ci était atteint, c’était fini. On demandait sa mutation aux archives, ou on rendait son insigne : il fallait que ça change, car on ne se sentait plus capable de voir un cadavre de plus. Et si jamais cela se produisait, si on dépassait sa limite, on était dans de sales draps. On risquait d’avaler le canon de son flingue. Voilà ce que disait Sean.
L'idée de voir le Poète devant un tribunal ne m'avait jamais effleuré l'esprit. Je m'aperçus alors que, depuis le début, j'étais persuadé qu'on ne le capturerait pas vivant. Et cette conviction, je le savais, provenait de mon propre désir de l'empêcher de vivre après ce qu'il avait fait.
- Que se passe t-il, Jack ? Tu ne veux pas de procès ? Tu veux qu'on le tue sur-le-champ?
Je me tournai vers elle. La lumière d'une fenêtre devant laquelle nous passions balaya son visage et je vis ses yeux.
- Je n'y ai pas pensé.
- Bien sûr que si. Est-ce que tu aimerais le tuer Jack ? Si tu te retrouvais face à lui, sans avoir à redouter les conséquences, serais-tu capable de le tuer ? Crois-tu que ça pourrait changer les choses ?
Je regardai fixement le sol. J'avais envie de m'en aller, mais ne savais comment prendre congé. Sa douleur et sa colère irradiaient vers moi comme la chaleur qui s'échappe d'un four don't la porte est fermée.
tout le monde se sert de tout le monde.
Sweetzer s’absenta et revint au bout de deux minutes, accompagné d’un homme plus vieux de dix ans, plus lourd de quinze kilos, et deux fois plus en colère.
— C’est quoi, le problème ? demanda-t-il d’un ton sec, saccadé.
Vous y êtes allé ?
— Non.
— Eh bien, avec Rachel, c’est comme si vous y étiez. C’est le Désert peint, cette femme. Très beau à regarder, c’est sûr. Mais quand on y est, c’est la désolation. Il n’y a plus rien derrière la beauté, et la nuit, Jack, il fait très froid dans le désert.
— Tu connais ton métier. C’est toujours intéressant de regarder quelqu’un qui sait s’y prendre.
— Merci. Mais j’ai eu de la chance, voilà tout.
— J’ai l’impression que tu en as souvent.
— Dans ce métier, il faut savoir la provoquer.