C'est mon gros coup de coeur !
C'était un de ces mois de janvier où j'avais l'âme chagrin. Parce que la vie apporte parfois ses moments de tristesse qu'il faut traverser pour pouvoir continuer d'avancer.
Parce que certains évènements de cette vie si fragile et si éphémère, nous posent parfois les éternelles questions sur le sens de notre existence.
Parce qu'il y a des manques que nul ne pourra combler.
Parce que seuls les souvenirs restent, vifs, éclatants, scintillants comme des étoiles collées dans le bleu foncé du ciel la nuit.
J'ai eu la sensation que ce roman si lumineux, si poétique, si musical et si apaisant avait été écrit pour moi.
Il m'a envahi tout entier et il me fût comme une régénérescence. Cette histoire d'une profonde amitié entre deux Soeurs d'un couvent, me fût bouleversante. La rencontre avec le livre de
Claire Conruyt me fut comme un don.
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C'est l'histoire d'un huis-clos, d'une contemplation, une « sainte » communion entre deux femmes qui ont épousé Dieu. Elles tisseront en harmonie, sans hypocrisie et d'une grande chasteté, des sentiments pénétrants d'amitiés et d'amour. Des sentiments ardents qui les uniront, sans jamais trahir leur attachement au Divin.
Deux magnifiques portraits de femmes, celle de Soeur Anne qui depuis vingt ans n'a pas toujours trouvé où était sa place dans ce cloitre. Une femme parfois oppressée par les doutes de sa foi et de son engagement, qui la fragilisent et la torturent. Avec des souvenirs de sa vie d'avant qui passent comme des braises fulgurantes. Avec un passé douloureux qui souvent vagabonde dans la tête.
Soeur Anne sera désignée par la mère supérieure, de recevoir Jeanne, la nouvelle Soeur postulante. Elle aura la tâche de la former et la guider dans sa nouvelle vie religieuse et spirituelle.
Soeur Jeanne est magnifique, car elle est troublante de fraîcheur, de sérénité et de tranquillité. La jeune fille est solaire car elle certaine qu'elle a bien entendu l'appel de Dieu. Certaine aussi qu'elle restera fidèle à son sermon de se s'abandonner à son unique Seigneur.
La rencontre entre les deux femmes de prières, sera comme deux silex, comme un détonateur.
La vie entière, l'existence et l'essence de Soeur Anne seront à jamais ébranlées.
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Leur histoire me fût admirable. Un récit écrit avec délicatesse, avec pudeur, avec douceur.
Par moment, je lisais les mots tout bas. Je voulais presque me les susurrer à l'oreille, comme pour ne pas troubler l'intimité des deux femmes, pour ne pas violer leur sanctuaire, celui de leur foi, de leur impénétrable affection, de leurs sentiments les plus tendres et les plus secrets.
C'est dans cette cour fermée du couvent ou dans cette chapelle que les Soeurs se réuniront pour unir leur allégresse. Cherchant toutes les deux à vivre dans instant. Chacune métamorphosant l'autre, en un être frémissant de sensualité et de bonheur. Chacune transcendant l'autre par de longues caresses de bonté, attachements et d'attentions bienveillantes.
Elles m'ont paru tellement radieuses, qu'elles semblaient légères comme soulevées par le souffle de leur Dieu. Légères de s'être délestées, pendant de très précieux moments, de la réalité rugueuse et austère de leur monastère.
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Mais l'évasion vers le nid douillet dans le firmament de la ferveur et des passions, aura malheureusement un temps bien défini.
La chape monacale menacera une nouvelle fois, de se refermer. Les chants des anges bientôt se tairont.
La dure réalité, reviendra très vite au galop.
Il y aura des choix terribles et déchirants à faire.
Choisir pour un abandon total à Dieu avec toute sa foi ou choisir l'amour pour cette Soeur avec tout son dévouement.
Car dans ce lieu de prières, on ne peut pas vivre avec les deux à la fois, il y a risque à trop d'errances.
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Ce roman me fut comme un superbe pansement, un cataplasme de sérénité.
Il y eu quelques longueurs. Mais elles furent pour moi une parenthèse, propice à une méditation sur les petits moments de joie et de bonheur qu'il faut cueillir lorsqu'ils se présentent.
Surtout ne pas rechigner de leur rareté, c'est ce qui fait leur intense richesse.
Surtout accaparer tous ces instants de grâce et les enfouir au fond de son coeur. Pour pouvoir demain les ressortir et les étaler comme un baume universel, lorsque les brûlures de l'âme se feront trop vives.
Surtout ne plus râler sur le temps qui passe, ne plus se retourner vers le passé, celui qui nous fige en une statue de sel.
Regarder seulement vers l'avenir où sont accrochés mille chapelets d'espoirs…
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Merci à vous
Claire Conruyt.
J'ai eu la sensation que vous aviez peut-être vécu une vie antérieure semblable à ces deux Soeurs, pour avoir écrit un livre aussi personnel et aussi troublant.