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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Foutre, violence, fric : bienvenue dans la vie de Marie dite Sophie dite Fanny. Mais toujours avec la conviction qu'elle va s'en sortir malgré les filles, les taulières, son mac. Malgré les coups, l'abatage, le découragement. Malgré toute la misère humaine qu'elle côtoie. Malgré la violence qui prend le dessus.
Une belle leçon de courage. Une belle plume, capable de créer des images, des évasions sur le sordide de sa vie. D'inventer des histoires pour elle, pour les copines (l'amitié est si rare) pour qu'aucune ne flanche ; pour rendre les passes supportables, pour enquiller une nuit au poste. Pour maintenir l'illusion d'une autre vie ; rares en sont pourtant les élues... Une belle leçon de vie et d'espoir récompensé.
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« La dérobade » de Jeanne Cordelier est rééditée par les éditions Libretto. Cette ouvrage est un témoignage autobiographique, qui raconte sans tabou la vie d'une prostituée dans les années 70, la misère, les hommes. Un récit sans complaisance où la vérité est crue, violente comme l'est le milieu de la prostitution.
Une femme qui malgré tout va rester debout et qui avec ténacité va reconquérir sa liberté, sa dignité et sa vie. Au-delà du témoignage émouvant , une écriture, des mots qui percutent le lecteur dans son coeur, sa chair… On ressort de ce livre avec une vision de la prostitution différente de celle qui est parfois décrite comme volontaire, « métier ». Cette vision qui oublie l'avilissement du corps, l'esclavage et que Jeanne Cordelier courageusement décrit, crie !
Un livre à lire pour se rappeler !
Merci aux éditions Libretto et à Babelio.
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Un livre témoignage, magnifique de terreur de désespoir et chargé d'espoir! j'ai trouvé ce livre magnifique
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On est en 1966. Sophie arpente tantôt les rues malfamées et les hôtels miteux de Paris, tantôt les maisons closes et les bars chicos, à la recherche du micheton. Elle nous raconte sa descente aux enfers quotidienne, oscillant entre l'argot parisien et un lyrisme hors du commun, une voix qui crie et qui susurre, une voix qui nous emporte dans l'essence même de la condition féminine.

[...]
Sophie la putain entre en scène ! Femme esclave, femme battue, femme violée, son récit ébranle. Écoutez cette voix autobiographique qui crie dans sa prison, ce coeur si tolérant qui a tant d'amour à donner ! Elle raconte la prostitution de la femme, cette forme de prostitution qu'on ne veut pas voir et qui pourtant en dit long sur l'histoire des femmes.

Son récit est nécessaire, car si le Paris d'aujourd'hui n'appartient plus aux ouvriers, et si un vent de mondialisation a soufflé sur la prostitution, les conditions de la prostitution sont les mêmes ; on a troqué l'avortement sauvage pour la contraception et la syphilis pour le sida.

Mais Sophie ne se laisse pas apprivoiser par le lecteur si facilement. Il faut d'abord passer le cap de la première partie dont l'argot est ardu ; mais ensuite, elle se dévoile et laisse entrevoir la jeune fille issue d'une famille ouvrière et les traumatismes de son enfance. Dès lors, chaque mot cogne, son style lyrique et luxuriant éclate, mêlant vérité crue et métaphores sensibles, parvenant à faire jaillir le sublime dans l'horreur. Un texte exceptionnel, intemporel, poignant et nécessaire.

L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/la-derobade-jeanne-cordelier-a107974310
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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La Dérobade
Jeanne Cordelier (née en 1944)
« La Dérobade c'est l'histoire pleine de bruit et de fureur d'une longue saison en enfer, car se prostituer c'est comme vivre un éternel hiver… »
Une très belle préface de Benoîte Groult précède ce récit autobiographique bouleversant, l'histoire de Marie, de son nom de trottoir Sophie, qui après une enfance difficile dans une famille modeste a été abandonnée par ses parents dans les bras d'un souteneur qui l'a mise au turf.
Quatre années de prostitution que Jeanne Cordelier raconte sans détour, évoquant les diverses facettes de cette vie avec les nuits de garde à vue, les passes à la chaine dans les pires claques (jusqu'à soixante quinze passes de sept minutes !), l'arrière-goût de ciguë du champagne, les perversions de certains michetons, la violence des julots qui attendent l'oseille, les partouses improbables, la tristesse et le moral flingué, la solitude et la lutte pour s'en sortir. Sans oublier les viragos comme Madame Pierre, la mère maquerelle de la rue de la Grande Truanderie, une vraie trimardeuse, une taulière qui se glorifie d'avoir eu, certaines nuits de février, le gel au bout des seins et qui annonce à ses filles pour bien les mettre au parfum :
« Mesdames, vous êtes du bétail, rien que du bétail, ne l'oubliez pas. » Et les filles de répondre : « Oui Madame Pierre. »
Dans un style dur et âpre très travaillé, parfois violent, au vocabulaire argotique, souvent poétique comme dans sa description des Halles de l'époque, Jeanne Cordelier déroule sans mélodrame et sans haine son existence douloureuse sur les trottoirs à faire le tapin et dans les chambres à la merci des caprices des hommes, entre ceux qui se servent d'elle et ceux qui ont besoin d'elle. Comme dit Sophie, il ne faut pas avoir le coeur trop tendre et il faut éviter de penser quand on fait la pute.
Et Sophie dans les moments de relâche s'interroge :
« Que faire d'une nuit de liberté quand on a perdu l'habitude, quand on n'a personne à appeler, à qui dire simplement : alors, on dîne ensemble ? »
Extrait : Saynète exécutée par Sophie déguisée d'une barboteuse et d'une passoire en guise de couvre-chef, pour le plaisir d'un « ministre » :
« Je m'appelle Slup-slup. Je viens d'un lieu connu de tous et pourtant vous n'en soupçonnez rien, d'un lieu mille fois exploré, fouillé par vous, d'un lieu tiède et douillet, accueillant mais un peu humide, d'un endroit où il fait bon vivre, d'une contrée où l'on ne parle pas de politique mais de plaisir, où les dirigeants sont dirigés, les costauds matés, les incompris compris, les malheureux réjouis, les jouisseurs satisfaits, les obscurs illuminés, les intellectuels abêtis. Mon existence se meut dans les profondeurs féminines… Ohé ministre, je pourrais te raconter des histoires obscènes, faire plein de trucs avec mes doigts et ma bouche,..simuler l'orgasme dévastateur… »
Au petit matin gris d'incertitude, en remontant la rue Fontaine comme chaque jour en silence après une nuit blanche, Sophie épuisée et légèrement ivre ne voit que les taxis qui roulent au pas à la recherche du client égaré dans la faune barbouillée de Pigalle…C'est l'heure où les pauvres ribaudes fatiguées quittent leurs perchoirs, l'heure où le savant maquillage n'est plus qu'un masque grinçant, l'heure du cerne bleuté, triste à dormir, l'heure où les chasseurs font leurs comptes.
« C'est l'heure où, entre chien et loup, mon coeur se déchire, envahit ma poitrine, vagabonde jusqu'à la masse sombre des arbres, s'y écorche en cherchant sa raison de battre. »
Et citant Prévert, Marie de confier à sa copine Maloup en pleine dépression :
« Il y aura toujours un trou dans la muraille de l'hiver pour revoir le plus bel été…Tu comprends Maloup, nous ne faisons que traverser un long hiver, rien d'autre. »
En résumé, un récit parfaitement écrit dans un style riche et exubérant, sans complaisance, absolument bouleversant, relatant une vérité crue et amère.
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bouquin et film pas mal ......
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