Ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait lorsqu'elle est entrée dans la boutique de ce tatoueur. En lieu et place d'un grand gaillard au look de biker et, évidemment, tatoué de partout, une jeune femme à peine plus âgée qu'elle, ni maquillée, ni percée, ni tatouée. Cette dernière a aussitôt prévenu Elsa que cela pourrait être douloureux. Qu'importe, elle y tient à ce tatouage qu'elle affichera fièrement à son avant-bras. Non pas un dauphin, une coccinelle ou une fée mais une série de 6 chiffres. Des chiffres importants pour elle mais aussi sa grand-mère, Claudia, qui, poussée par sa petite-fille, s'est confiée, par bribes, sur son passé. Presque des mots murmurés, si pesants...
Rachel Corenblit nous livre un texte court, sobre et percutant sur
L Histoire, la Shoah et le passé que, parfois, certains voudraient tenter d'oublier. L'auteure entremêle habilement la petite et la grande histoire, celle de Claudia, déportée alors qu'elle n'avait que 14 ans et celle d'Elsa, marquée par le passé de sa grand-mère et par ce que celle-ci lui a racontée, tentant de mettre des mots, autant que faire se peut, sur ce qu'elle a vécu. Tandis que la jeune fille, allongée sur la table, se fait tatouer, elle en explique les raisons, donnant plus que tout du sens à son geste et à ses chiffres.
146298, six chiffres qu'Elsa s'approprie, six chiffres encrés dans la peau et ancrés dans les mémoires.
Un roman adolescent intelligent et bouleversant, servi par une plume percutante. Pour ne pas oublier ce passé...
Merci pour le prêt, Cécile...