Le placard.
Cagibi intime, il est chez nous, dans notre chambre, nul besoin de le ranger, il ne sera pas visité (sauf si vos parents vous le demandent).
Avec ce roman, nous parlerons de l'autre placard, celui de la mauvaise image ou de l'image non validée par les autres.
On pourra occupé un placard d'amateur de tango, de joueurs d'accordéon, de pratiquant religieux bizarre, de films sentimentaux mieilleux; lorsque l'on est plus ados, il y aura aussi le placard des vierges de bisous, les vierges de "tu l'a déja fait?", ceux d'amours de même sexe aussi, par exemple.
La peur de mal faire.
Avec le placard, on rangera ce qui dépassera pour être, suivant le moment, mieux dans ses "pompes", surtout celles des autres, parce qu'elles sont souvent plus jolies même si elles ne sont pas à notre pointure. C'est dur d'être soi, pour garantir d'être aimé tout le temps.
Quelles sont les normes, pour éviter les moqueries, le désamour, l'hostilité parfois? Ne pas s'attirer d'ennuis, pour soi et ceux qui nous fréquentent.
"Outé" ou
sortir du placard?
Outé.
Beaucoup de gens du placard ne voudrons pas l'assumer de la sorte, être propulsés au devant de la scène avec le sentiment du caleçon baissé devant la classe entière, y être forcé sans l'assumer pour le vivre avec force et combat au quotidien.
La nouvelle sautera dans une conversation, par accident ou intentionnellement, par malveillance ou la peur de ne pas savoir.
"Tu nous caches des choses, on est bien obligé de questionner ta soeur!", se défendraient les parents.
C'est sûr, à chaque nouvelle puberté dans le monde, c'est une nouvelle porte de placard qui se fermera au nez des parents. Clac! Nous le savons tous. Et il sera dur pour eux un jour de demander la permission pour savoir si cela va bien dans la vie d'un ado.
Le récit de
Rachel Corenblit est intéressant, à cheval entre l'inconfort d'être ado avec des parents plus extravertis que soi et la véritable inquiétude d'être "outé" sur un aspect de sa personnalité que l'on ne domine pas encore (ou que l'on juge ne jamais dominer un jour).
C'est l'expérience de sln personnage, Rita, 17 ans.
Comment les autres peuvent-ils en discuter sous votre nez avec autant de légèreté?
Se cacher le visage dans son pull, derrière un rideau de cheveux, se trouver empourpré devant tout le monde et se trouver tétanisé, se barricader dans sa chambre et décider de ne plus en sortir jusqu' à la majorité. Quelle option de la tortue choisir lorsqu'en public vos parents feront allusion à votre sexualité?
Rita sera dans ce cas. S'était-elle elle-même posée la question ?
Quand le doute s'installe. Qui interroger là dessus?
L'auteure ne fera planer aucun suspens sur ce sujet (qui ne sera pas de l'ordre du jeu et de la devinette), il faudra dire les choses : il n'y aura pas de doute.
Le récit va partir de là, d'une plaisanterie qui virera en révélation, déclaration, où toute la famille va faire les montagnes russes avec cette confidence inattendue qui mettre Rita dans de drôles états.
C'est assez bien vu, réaliste et subtile, chacun s'en voudra, c'est dire qu'aucun ne s'y attendait et pouvait s'imaginer un jour, se dire simplement que cela peut simplement arriver.
C'était une équation mise de côté.
Des petites scènes successives très intimes le temps que la tension autour des yeux dégonfle et reprenne de meilleures couleurs, un tête à tête mère-fille, un tête à tête père-fille (les parents sont divorcés), comme une nouvelle présentation en bonne et due forme.
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait?
On sentira que plus Rita le dira, plus cela sera simple, permettant aussi ainsi d'avoir le retour de ses proches sur des signes ou juste des encouragements.
Surtout ne pas se le faire voler, ce moment car Rita se rendra compte que révéler son désintérêt certain des garçons (pour l'instant, elle ne sera pas encore homosexuelle selon elle, sans expérience pour être sûre) pourra être beaucoup plus qu'une conversation entre ados-parents (et, il y en aura des dérapages).
C'est une affaire de société qui divisent, ces personnes deviendront alors des sujets théoriques de conversation, des cas marginaux qui n'auront peut-être pas écouté leur maman et leur papa, une rencontre du 3ème type un peu "givrée", des extravagances sociales et politiques dont on parlera avec distance comme si cela ne concernait aucune personne que l'on connait.
Attention au diner en famille, on ne vous dira que ça, jeunes lecteurs (les sujets à éviter, notez le : la politique, la religion, la sexualité. Mais quand le thème de l'homosexualité réunira les trois sur une nappe, attention!...).
Ce que l'on sait, c'est que Rita est bien entourée et très aimée.
Un sujet poignant amené délicatement.
On a aussi aimé.