J'ai aimé l'exergue de ce recueil
La Hure-langue: « C'est une histoire d'entre deux langues dans les non-dits d'une famille à la louche ». Cela donne ainsi la tonalité d'une écriture autobiographique complètement inédite, singulière. Focalisée sur l'entre-deux de nationalités, de langues, de lignées, de religions et de milieux sociaux. Dans ce recueil le poète
Roland Cornthwaite mêle cocasserie débridée ,« l'ire en soie, » et jeux sur les étymologies comme avec le latin sanglier « singularis ». Une façon bien à lui d'"ensauvager" la langue à plaisir en prenant le sanglier comme emblème.
Le lecteur a l'impression de voir triturer les mots, comme dans le non-sense anglais - est-ce l'héritage du père anglais ? Exemple, le cochon rose associé à des peintres Chaisssac et Gentileschi. Il y a une extraordinaire fécondité langagière, parfois déjantée. Ce travail sur le langage fait nettement résonner dans le texte les allitérations qui font dérailler le sens des mots, l'humour décapant,une truculence à la
Rabelais tel « le slang rouillé ». le livre renvoie aussi à l'identité, au jeu sur les places de chaque membre de la famille. Ainsi : « mon nom est celui d'un qui marche sur la tête/mon père est un antipodiste ». Il y a aussi l'émouvant chapitre "à coeur ouvert" consacré à la mère où, malgré le ressentiment, pointe la tendresse.