Voici le début et la fin d'un texte Lauréat du concours Florilège de l'Association française pour l'enseignement du français : Centre social Denentzat, Hendaye, France, professeure Marie-Ève Costa.
Texte complet de la dame de la Bidassoa : http://www.afef.org/node/7354
LA DAME DE LA BIDASSOA
« Je suis Erreka Mari, la petite-fille de la grande déesse Mari, maîtresse de la lumière et de
l'ombre. La dernière Lamia du pays basque selon la légende. Mais ce n'est pas vrai. Nous sommes nombreuses, seulement il est difficile pour les humains de nous découvrir.
La rivière Bidassoa est mon royaume, avec ses cascades, ses grottes, son île. Elle s'étend d'Erratzu à la baie de Txingudi d'où je contemple mes trois villes, la noble Fontarabie, la glorieuse Irun, la discrète Hendaye. Un endroit singulier où mon coeur est partagé entre trois langues et deux pays…
……... C'est une enseignante de français vivant sur le côté nord de la rivière qui a compris que j'étais là.
Un jour elle a dit à ses élèves qu'elle m'avait vue, et tous ont commencé à fouiner le long de mes rives, à enquêter sur moi dans les livres et les archives. Que cherchent-ils ?
Ils savent déjà tant de mes ancêtres Lamias, des légions romaines marchant sur mes berges,
……, des conflits politiques résolus par des mariages royaux,
celui de
Marie-Thérèse d'Espagne avec le roi Louis XIV sur l'île des Faisans, une île enfin partagée dans la paix…
…………………………………………….. Mais vous vous souviendrez :
Errare humanum est, persevare diabolicum ! C'est pourquoi le futur de l'humanité est en jeu. le sens de la vie vous échappe, perdus dans vos obsessions de gloire, de richesse et de puissance.
Votre monde doit réapprendre à vivre dans le respect des hommes et de la nature,car la Terre ne survivra que dans un juste partage. Comme dans notre île des Faisans, un bien petit condominium, mais un grand symbole de paix, et qui mériterait bien de s'appeler enfin l'ile du Partage ‘'. »…
Bidassoa : la rivière des contrebandiers, celle des migrants Portugais, celle des réfugiés lors de la guerre civile d'Espagne, celle des aviateurs anglais lors de la seconde guerre mondiale
Aujourd'hui celle des émigrés africains qui y meurent.
Comme une Antigone,
Marie Cosnay est une combattante engagée auprès des réfugiés, elle nomme, raconte les disparus : Abdoulaye Koulibaly, Sohaibou Billa, Ibrahim Diallo, Abdouramane Bah. Ahmed Belhiredj, Fayçal Hamadouche et Mohamed Kemal.
Ces fantômes qui reviennent pour réclamer qu'on dise leur nom, qu'on les enterre, qu'on se souvienne
«
Des îles »apparaissent comme une sorte de mémorial, mais aussi document contre une logique bureaucratique déshumanisée, uniquement soucieuse de ses règlements.
Avec son projet «
Des îles »
Marie Cosnay a commencé l'instruction d'un procès à venir. On y soulèvera la notion de crime contre l'humanité et nous serons sur le banc des accusés.
Cf. aussi : le témoignage de
Camilla Panhard dans : «
No Women's land »sur les femmes, migrantes centraméricaines dans leur parcours vers les Etats-Unis d'Amérique.