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sur 274 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un futur imaginaire, Cécile Coulon nous plonge dans un univers totalitaire d'où la littérature est bannie, les livres interdits. N'existent que les ouvrages faits par les « écriveurs » homologués par le gouvernement et formatés pour provoquer des émotions ciblées du « livre frisson », au «livre fou rire » en passant par « le livre tendresse » et « le livre haine ». C'est mieux que rien, me direz-vous, en bon « Babeliote » pour qui le manque de lecture équivaut à une lente agonie.
Pas si simple, car il est interdit de lire, ces trésors doivent être déclamés dans des stades immenses à une foule avide et impatiente par des liseurs surveillés par les Agents du Service National. Ces représentations qui déchaînent l'hystérie collective ont pour nom « Manifestation À Haut Risque », l'agent « 1075 » est chargé d'y assurer la sécurité, il applique docilement les ordres de sa hiérarchie. Il est analphabète, critère impérativement exigé lors de son embauche. La carrière de « 1075 » est sans anicroche jusqu'à ce qu'une blessure l'envoi à l'hôpital.
D'une plume ciselée, précise, incisive, Cécile Coulon fait de ce monde mécanique une angoisse permanente.
J'ai lu ce livre d'une traite, en ayant en permanence un oeil sur ma PAL.
Ouf ! me voilà sauvée.
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1075 est un des meilleurs agents du Service National. Afin de sortir de son milieu social très précaire, il n'avait qu'une solution : postuler à un poste d'agent et subir toutes les épreuves avant d'être engagé.
Son rôle consiste à éviter tout débordement lors des manifestations de lectures publiques. Ces lectures publiques servent à encadrer la population et à éviter aux gens de tomber dans la névrose et les addictions. Ce programme a été mis en place par Lucie Nox. La seule interdiction qui est faite aux agents est d'apprendre à lire
Mais, 1075 sera blessé lors d'une manifestation par un molosse. C'est au cours de son séjour à l'hôpital qu'il sera amené à assister à un cours de lecture destiné à des enfants malades ...
Lecture agréable mais surprenante et quelque peu perturbante.
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Cécile Coulon nous amène à travers ce roman, dans un futur totalitaire où tout est régenté et aseptisé et en premier lieu les livres. Les Manifestations, lectures publiques, où sont lus ces livres réglementés remplacent les événements sportifs et culturels dans les stades. À travers cela, la population est devenue docile.
Cette histoire nous rappelle que la littérature est un moyen d'expression libre, un pilier de la démocratie, qui permet de nous faire réagir et de provoquer des émotions. Un bel hommage à la littérature que Cécile Coulon nous offre à travers ce monde terne et triste.
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Voici un roman d'anticipation à lire par tous celles et ceux qui s'intéressent au monde littéraire. Imaginez un monde où le livre n'est plus une oeuvre de création, mais un objet produit par un pouvoir totalitaire dans le but de déclencher une émotion prédéterminé. le livre devient ainsi un outil de manipulation mentale des foules. le lecteur n'est plus qu'un liseur, l'écrivain réduit à la condition d'écriveur. le roman de Cécile Coulon s'appuie sur un principe d'inversion des valeurs communément admises pour arriver à une démonstration par l'absurde. Ce procédé fonctionne assez bien, renforcé par un style impersonnel, froid, qui nous donne une impression glaciale d'un monde déshumanisé. En creux, l'auteur dénonce notre société de spectacle de masse et fait de cette fiction une parabole des dérives du monde contemporain. Ma (petite) réserve porte sur des présupposés manichéens, parfois désagréables voir méprisants. Les brutes sont forcément épaisses, incultes, les masses laborieuses ou abêties, l'esprit éclairé supérieur à tout, etc…
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« Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles » disait Max Frisch.
Chers lecteurs de Babelio, savourons la chance que nous avons de pouvoir lire ce que nous voulons, de nous baigner dans la littérature avec délectation et de constituer nos PAL comme des promesses de jours heureux car il existe un monde où les livres sont interdits à l'exception de ceux édités par le régime. Dans ce monde, on appelle les gens par leur numéro (ainsi, nous allons suivre le quotidien de 1075), l'analphabétisme est une qualité recherchée par le système et les livres seront lus dans des stades par des lecteurs professionnels. Voilà, c'est comme ça, circulez y-a rien à voir.
Aucun évènement social ne s'était produit pour expliquer cette montée de la dictature, cela s'était fait à bas bruit, sans que l'on s'en rende compte. Mais 1075 va, en cachette apprendre à lire et se libérer de la manipulation et de son conditionnement.
Bon, c'est pas non plus le 1984 d'Orwell mais Cécile Coulon l'a écrit à 23 ans.
Lire comme un acte de résistance pour ouvrir nos esprits, voilà une idée qui me plaît bien.

Yo te canto esta cancion, somos la revolucion.
Si Senor ! La revolucion
Si Senor ! Si Senor, Somos la revolucion
Resistancia !
El Vals del Obrero - Ska-P
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Après le coeur du Pélican et la découverte de sa plume incisive, je m'étais promis de lire autre chose de Cécile Coulon ; j'ai retrouvé dans le rire du grand blessé, la force de l'écriture qui m'avait séduite, cette capacité à exprimer la violence, à donner corps à des émotions et des sentiments trop enfouis. Tout ceci au service d'une histoire qui ne peut qu'horrifier les amateurs de littérature, ceux qui voient en elle un moyen de s'élever, d'élargir leur horizon et de s'émanciper. En nous montrant ce que cet outil pourrait devenir entre les mains de personnes mal inspirées, elle donne à réfléchir et appelle à la vigilance.

Pas d'indication de temporalité ni de lieu mais une société où règne la dépersonnalisation, un état dirigé par le grand, un ordre assuré par des Agents seulement distingués par des numéros. le héros du livre s'appelle 1075 et c'est l'un des meilleurs de sa catégorie. Devenir Agent lui a permis de quitter sa famille et les travaux des champs qui lui étaient dévolus, une vie de pauvreté qu'il ne regrette pas. Il est passé par des épreuves de sélection physiques et psychologiques extrêmement éprouvantes dont il est venu à bout. Des épreuves auxquelles on n'est admis à concourir qu'à une condition : ne savoir ni lire, ni écrire.

Car dans cette société dont l'évocation donne des frissons, la littérature est devenue un moyen de pression, de coercition sur une population dont on a savamment organisé le manque afin de lui délivrer ensuite les doses qui permettent au gouvernement de contrôler ses émotions. Au motif de garantir l'ordre social. Pour cela, les livres tels que nous les connaissons ont disparu, laissant la place à des "livres-fonction" comme les livres chagrins ou les livres frissons. Plus d'auteurs mais des écriveurs chargés de livrer les feuillets qui sont ensuite lus à haute voix lors de Manifestations à Hauts Risques où un public en transe vient faire le plein d'émotions qu'on lui inocule comme une drogue. Ce sont ces manifestations que les Agents sont chargés d'encadrer et c'est pourquoi ils ne doivent pas faire partie des drogués.

"La liberté, tels le vin, les femmes et les Livres, tuait les hommes qui en consommaient trop. Elle les gangrenait, ils ne pensaient qu'à elle, comme à une fille qu'ils auraient croisée une fois sans oser l'aborder. Une saleté ! L'illusion du pouvoir, la certitude idiote qu'il nous reste un trésor quand on a tout perdu. 1075 détestait les hommes libres, parce qu'ils ne possédaient rien, et qu'ils en étaient fiers".

Bien sûr, il y aura un grain de sable. Et 1075, le meilleur d'entre tous se verra soudain confronté à la possibilité d'un autre monde. L'occasion pour l'auteure de faire passer quelques messages. Sur la pensée que l'on veut imposer, sur le désir de certains de tout contrôler, sur le danger d'une volonté d'annihiler tout libre-arbitre, sur la nécessité de rester ouvert et vigilent. En permettant à certains de s'approprier le pouvoir des livres pour servir leurs propres desseins, elle pointe la fonction essentielle du livre tel que nous le concevons : un instrument de liberté si puissant que tous les pouvoirs totalitaires se sont toujours efforcés de le détruire.

Ce n'est jamais inutile de le rappeler.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Dans ce pays imaginaire, un certain type de lecture devient l'opium d'un peuple à la merci d'un tyran : le Grand. Les stades ne sont plus alors que des lieux de réunions hystériques où les places s'arrachent à prix d'or ou donnent droit à des récompenses suprêmes. La lecture y est standardisée et le choix des livres uniquement prescrit comme placébo. On sent alors que Cécile Coulon n'est pas allée si loin pour trouver son thème, stade de foot, anti-dépresseurs au kilo, forces de l'ordre intrensigeantes. Sommes-nous si loin de ce monde ? Ouf, il nous reste Babelio !
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Céline Coulon nous embarque dans un monde où la littérature considérée comme subversive est interdite.
La lecture est soumise à des règles très strictes, les ouvrages tous édités par les Maisons de mots à la solde du pouvoir, rédigés par des "écriveurs" agréés par l'état, sont classés par émotion : les livres haine, les livres fou rire, les livres frissons....
Seuls quelques lecteurs sont autorisés à les lire dans le cadre de lecture publique. Ces lectures sont appelées les Manifestations à haut risque et se déroulent sous haute surveillance par des agents de l'état entraînés pour contenir la foule et les émotions déclenchées par la lecture. Parmi eux, 1075, un agent exemplaire.

Les agents doivent absolument être illettrés pour obtenir le poste et sont surveillés 24h/24.
1075 très respectueux des règles va pourtant être attiré par la lecture et apprendra en cachette.

La trame de ce roman d'anticipation rappelle évidemment d'autres prestigieux récit : 1984, Farenheit 451...

Une intrigue intéressante qui aurait pu être plus aboutie en creusant davantage la personnalité des protagonistes et l'univers dans lequel ils évoluent.
Il manque un petit quelque chose pour être complètement embarquée.
Une lecture tout de même agréable.



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Le récit que nous livre Cécile Coulon fait l'éloge de la lecture et dénonce le contrôle exercé sur la population.

Ce roman court, tout en suggestion, se lit facilement mais recèle de nombreuses techniques littéraires. L'auteure joue avec les polices d'écriture, les majuscules et les pronoms sujets. le vocabulaire utilisé est riche mais accessible et certains termes sont propres au roman, ce qui crée une atmosphère à part entière.

La réflexion menée nous permet de faire des parallèles avec notre vie quotidienne et nous apporte un message d'espoir (petit mais quand même). Je trouve toutefois que certains aspects de l'histoire sont trop peu approfondis, ou arrivent trop tard. de plus, le style, volontairement froid, empêche le lecteur de s'impliquer dans le récit.

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Si tu es né(e) comme moi en 1990, tu seras ravi(e) d'apprendre que Cécile Coulon aussi. À partir de là, le fossé se creuse dangereusement (en tout cas, entre elle et moi), puisqu'elle a déjà sept romans à son actif. le premier étant paru lorsqu'elle avait 16 ans. Voilà, Je ne suis pas du tout complexée.
Après tout, j'ai moi même commencé à écrire mes propres histoires à 12 ans, et je ne m'en vante pas. (En même temps, pas certaine que les éditions Viviane Hamy auraient été hyper intéressées par l'étonnante histoire de « La fille du soleil », qui rêvait d'une autre vie… et c'est bien normal !). Les gens ne savent pas ce qu'ils perdent.


Pour en revenir à Cécile Coulon, j'ai découvert son univers il y a très peu de temps. Je ne connais que deux de ses ouvrages, mais celui qui m'a le plus marquée (et qui est d'ailleurs le premier que j'ai lu), c'est le rire du grand blessé.

Dans ce livre, on suit 1075.
1075 est Agent. le meilleur des Agents. Si vous vous posez la question, 1075 n'a pas de prénom. Il n'en a pas besoin de toute façon, puisqu'il vit dans un pays sans nom, dans une société qui n'est pas la nôtre, où l'ordre social est la priorité numéro une.

Dans cette société, tout est calibré, notamment les émotions. Comment ? Imaginez un monde où les livres ont disparu. Ou, en tout cas, ne sont plus accessibles librement. À la place, vous pouvez assister à des lectures publiques (ou « Manifestations à Haut risque ») dans des stades, pendant une heure. Jusque-là, rien de bien différent de ce qu'on peut trouver de nos jours un peu partout.

Sauf que… les livres lus n'ont plus d'auteur, plus de titre. Ce sont des « Livres Frisson », des « Livres Tristesse » etc… Autant de livres officiels, autorisés par le Grand et ses subalternes, écrits de manière à déclencher les émotions voulues lors de lectures « surjouées » par des lecteurs faisant face à un immense parterre d'yeux écarquillés, de bouches entrouvertes d'où sort parfois un filet de bave, de tempes trempées de sueur. Un public de drogués en fait, prêts à débourser des fortunes pour leur dose d'émotion, pour ressentir à nouveau quelque chose, dans cette société qui leur défend d'être unique, d'avoir leur propre pensée. Des lectures, qui donnent finalement lieu à des orgies d'émotions, des hystéries collectives, des crises de rage et de désespoir.
Autant de débordements qui doivent, bien entendu, être encadrés, voire tués dans l'oeuf par des Agents. Souvent nés dans les campagnes abandonnées situées en périphérie de la ville, les Agents sont repérés et formés à leur adolescence. Ils sont des recrues de choix : malmenés par la dure vie de la campagne, ils sont solides physiquement. Ils sont aussi analphabètes. Après un entraînement extrême, ils entrent au service du système et jouissent d'énormément de privilèges. L'unique règle : ils ont interdiction d'apprendre à lire.
Mais dans une société où chacun est comme prisonnier et où ils font figure de privilégiés, pourquoi prendraient-ils la peine d'enfreindre cette règle ?
C'est ici que nous revenons à 1075. 1075 est donc le meilleur des Agents. Très apprécié, par sa hiérarchie autant qu'il est craint par ses « collègues », pour son zèle. Être Agent était sa seule issue pour exister. Loin de sa famille certes, mais loin de la pauvreté, de la crasse de la campagne, de la faim.
Et puis un jour, au cours d'une « Manifestation à Haut Risque », 1075 est mordu par un molosse. Contraint au repos forcé, il s'ennuie à l'hôpital. Alors il se balade, il erre dans les couloirs, en essayant de faire taire sa culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur de la tâche qui lui avait été confiée.

Jusqu'au jour où il tombe par hasard sur une leçon d'alphabet, qu'une jeune femme donne à l'étage des enfants…

Bon, j'espère sincèrement que Cécile Coulon ne tombera jamais sur cet article car je ne pense pas rendre justice comme il se doit à ce génial roman. (On comprend mieux pourquoi « La fille du soleil » n'aurait pas pu être édité ahaha !).
Ce que je peux dire en tout cas, c'est qu'en 136 pages (ce qui est drôlement rapide donc !), Cécile Coulon nous embarque dans ce qui est pour moi un mélange de 1984 de Georges Orwell, Farenheit 451 de Ray Bradbury, le Passeur de Lois Lowry et Hunger Games de Suzanne Collins.

Pour ma part, notamment dans les descriptions des lectures publiques, j'ai ressenti beaucoup de tristesse. Les livres me procurent tellement de bien être et de réconfort que je n'imagine absolument pas une société dans laquelle ils n'existeraient pas, dans toute leur diversité de genres et d'écritures. Tristesse aussi de voir que le livre, qui est pour moi avant tout un outil d'ouverture sur le monde, pourrait aussi (re)devenir un outil exclusivement utilisé et géré par le pouvoir.
Le rire du grand blessé est pour moi un de ces ouvrages utiles, de ceux qui vous ouvrent un peu plus les yeux sur votre condition de lecteur, de citoyen libre (ou pas), sur ce que le passé doit encore nous apprendre et sur ce qu'on pourrait redouter du futur.
Le rire du grand blessé peut effrayer, il peut être source d'espoir aussi. En tout cas, c'est à lire ! On ne regrette qu'une chose finalement, c'est que ça ne dure que 136 pages.
Lien : https://lesjolischouxmoustac..
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