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EAN : 9782493909268
299 pages
Collection Proche (12/01/2023)
  Existe en édition audio
3.6/5   1776 notes
Résumé :
"Le domaine Marchère lui apparaîtrait comme un paysage après la brume. Jamais elle n'aurait vu un lieu pareil, jamais elle n'aurait pensé y vivre. "

C'est un mariage arrangé comme il en existait tant au XIXe siècle. À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid d'un riche propriétaire du Jura. Mais très vite, elle se heurte à ses silences et découvre avec effroi que sa première épouse est morte peu de temps après les noces. Tout devient menaçant, les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (412) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 1776 notes
Rentrée littéraire 2021 #2

Fin XIXème siècle, dans le Jura forestier. Aimée, mariée à Candre, un riche propriétaire terrien, découvre qu'elle ne peut plus sortir de la propriété conjugale. Au fil du temps et de ses désirs, elle va comprendre ce qu'il s'y est passé avant elle.

Cécile Coulon est joueuse. Elle a mis en récit un conte empli de références assumées entre Dracula et Orgueil et préjugés, avec une touche de soeurs Brontë et de Daphné du Maurier. Au carrefour de nombreuses atmosphères, elle s'amuse des codes du huis clos, de l'enquête policière et du roman gothique, excellant à caractériser les personnages dont on imagine parfaitement l'apparence et la gestuelle :

- la jeune ingénue, vierge et innocente, pleine d'espoir et d'illusion, prête à s'éveiller à la connaissance de soi et à la sensualité
- le mari énigmatique, rigide d'apparence, d'où semble émaner un certain danger, encore non identifié
- le fantôme de la première épouse dont la présence invisible plane au-dessus de chaque situation
- le serviteur sauvage et muet, toujours tapi à espionner
- une sorcière qui se cache derrière des atours anodins.

Avec une qualité d'écriture aiguisée et fine, souvent poétique, pleine de musique et de sons, elle excelle tout particulièrement dans les descriptions des lieux, la forêt du domaine et bien évidemment l'inquiétant manoir qui semble prendre vie pour menacer Aimée dès son arrivée :

« le château se fondait dans la végétation, comme s'il était né de la forêt, protégé par elle sans qu'elle le dévore, habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes, bourdonnant d'abeilles, et pourtant étincelant et propre comme les costumes de Candre. Elle imaginerait un oeil géant, de lumière et de verdure, tandis que la voiture s'arrêterait devant l'escalier, usé, vestige des caprices de Jeanne Marchère. Un oeil immense posé sur elle, aux cils de vantaux plats, aux cernes de vitres impeccables. Elle ne saurait en ces lieux quoi répondre aux silences de la forêt. »

Loin d'être une pale copie ou une plate compilation hommage à des inspirations extérieures, le récit mystifie en n'allant jamais là où on croit qu'il va aller. C'est toute l'habileté de l'auteure de parvenir à berner le lecteur en l'aspirant dans sa focalisation interne à la troisième personne. On colle à Aimée, à ses doutes, à ses suspicions à mesure que sa psyché évolue … mais Cécile Coulon désamorce systématiquement nos reflexes et nos hypothèses influencées par le parcours d'Aimée et la confusion qui l'habite. On est côte à côte avec elle lorsqu'elle prend conscience de son corps et de ses désirs, avec elle lorsqu'elle enquête sur la mystérieuse épouse decédée quelques mois après son mariage. Des secrets sont révélés, pas ceux qu'on imaginait, dans le dernier quart.

J'attendais avec impatience le nouveau roman de Cécile Coulon, une des auteures françaises que j'apprécie le plus. Si cette lecture n'est pas un coup de coeur comme il y a deux ans avec Une Bête au paradis ( il m'a manqué une empreinte émotionnelle puissante ), même s'il porte moins la "patte" Cécile Coulon, je l'ai trouvée pleine de charme et l'ai dévorée en quelques heures. A noter sur la couverture la très belle illustration de Vincent Roché : les branches des arbres encadrant le manoir forme en filigrane le visage d'une femme, invisible au départ, puis vigoureusement présent lorsqu'on l'aperçoit.
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Après m'avoir régalé avec Trois saisons d'orage puis Une bête au Paradis, je retrouve avec grand plaisir l'écriture délicieuse de Cécile Coulon qui avait su bien présenter son dernier roman, Seule en sa demeure, aux Correspondances de Manosque 2021.
Avec un souci constant du mystère et du suspense, cette jeune autrice me plonge au coeur du sort des femmes, en plein XIXe siècle, dans le Jura.
Un homme doux, très croyant, mène d'une main très ferme un vaste domaine forestier, la forêt d'Or. Il se nomme Candre Marchère. Il avait 5 ans quand sa mère est morte d'un arrêt cardiaque juste avant de communier dans l'église des Saints-Frères. Alors, c'est Henria, la fidèle servante qui a pris le relais pour élever Candre comme son fils, un fils qu'elle a d'ailleurs et qui se prénomme Angelin. Cécile Coulon a de l'imagination pour prénommer ses personnages…
À 26 ans, Candre est déjà veuf. Il courtise Aimée, fille d'Amand et Josèphe Deville, qui, elle, a grandi avec son cousin, Claude. Ce dernier rêve de carrière militaire en espérant un meilleur sort que son oncle, Amand, revenu fortement handicapé de sa première campagne. Autour d'Aimée, il voit juste dans ce qui se trame et son rôle sera important au cours de cette histoire qui, peu à peu, devient très angoissante.
Cécile Coulon, peu à peu, nous amène donc jusqu'au mariage entre Candre et Aimée puis sait à merveille faire partager les doutes, les interrogations d'une jeune femme attendant les assauts de son mari alors qu'ils ne partagent pas la même chambre.
Henria, la servante au physique imposant, est toujours là mais son fils, Angelin est muet. Aimée apprend, horrifiée, qu'on lui a coupé la langue parce qu'il passait, disait-on, son temps à jouer dans des lieux mal famés.
Enfin, et surtout, il y a l'histoire d'Aleth, la première épouse de Candre, morte après quelques mois de mariage, dans un sanatorium, en Suisse.
Alors que le père d'Aimée décède subitement, Candre décide de payer des cours de musique à son épouse qui s'ennuie. Pour cela, il fait venir, à grands frais, la meilleure professeure du Conservatoire de Genève : Émeline Lhéritier, pour qu'elle lui apprenne à jouer de la flûte traversière.
Débutent alors des séances de maintien qui font grand bien à Aimée. C'est à partir de là que tout s'accélère et se dégrade, même si cela semble bien fonctionner, au lit, entre les jeunes époux.
Le cousin Claude, Angelin, Émeline, Henria et Aimée jouent un rôle important et décisif permettant d'expliquer tous ces mystères alors que l'autrice fait bien revivre le monde rural et surtout cette nature omniprésente. Candre Marchère est un propriétaire aisé qui mène son domaine d'une main de fer dans un gant de velours, bien abrité derrière une pratique religieuse très confortable. On se déplace en berline tirée par des chevaux mais Aimée, Seule en sa demeure, doit se montrer très forte pour décrypter tout ce qui s'est passé et se passe encore autour d'elle.
Cécile Coulon, sans négliger le petit monde des domestiques et des ouvriers du grand propriétaire et exploitant forestier, a réussi un nouveau grand roman au coeur d'une époque déjà lointaine où chaque femme mariée pouvait subir son sort ou tenter de savoir, de mettre au jour les secrets d'un monde masculin tout puissant.

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Lorsqu'elle s'unit pour la vie avec Candre Marchère, Aimée ne se doute pas qu'elle épouse aussi un domaine, luxueux mais froid, et ses occupants, dont la rude Henria et son fils muet. La jeune femme naïve tente au même rythme que le lecteur de décrypter les codes pour comprendre ce nouvel univers si éloigné de ce que fut son enfance. Les personnages qui gravitent autour d'Aimée ne se laissent pas immédiatement dévoiler. Et en particulier Candre, dont le passé est émaillé de deuils successifs.

Pour un temps, l'atmosphère se détend avec l'arrivée d'une professeure de flute qui éveille Aimée à la musique mais aussi à la sensualité. Elle est malheureusement vite évincée, trop curieuse, trop affutée ?

Cette galerie de personnages riches par leur côté mystérieux est ainsi une accroche solide pour maintenir l'attention du lecteur. Tous ont leur part d'ombres et les mensonges, ne serait-ce que par omission, sèment le doute jusqu'au dénouement final.

C'est un roman dont l'ambiance sombre rappelle certains classiques et particulièrement l'univers
des soeurs Bronte (on pense à Jane Eyre) ou de Daphné du Maurier avec Rebecca. Et cette raison suffit pour apprécier le texte.

Cécile Coulon évolue avec beaucoup d'aisance dans ce récit aux couleurs surannées, comme celles d'un vieux film italien et le genre lui sied parfaitement.


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Candre Marchère, homme de nom, de foi et de travail, est, aux yeux d'Amand Deville, le mari idéal pour sa fille, Aimée. Une fois les présentations faites, le déjeuner organisé, les balades en tête à tête, la jeune femme n'est pas insensible au charme de cet homme si différent, presque féminin à ses yeux. Au bout de quelques mois, le mariage est organisé. Un mariage simple, sans cris de joie ni lancer de bouquet, et en petit comité. du côté de Candre, seuls sont présents la bonne, Henria, qui a élevé le jeune homme, sa mère étant décédée alors qu'il n'avait que 5 ans, et son fils, Angelin. Lorsqu'elle quitte ses parents et son cousin, avec qui elle a grandi, pour s'installer au domaine des Marchère, au coeur de la Forêt d'Or, Aimée peinera à trouver sa place auprès d'un mari courtois mais taiseux, de la bonne qui semble régir au delà de ses fonctions et du fantôme de la première épouse décédée deux ans auparavant...

Conte cruel et gothique, revisitant un brin les grands classique tout en y apportant une certaine modernité, ce roman nous plonge dans les affres d'un mariage arrangé. Aimée, qui connaît peu de choses de la vie, encore moins celui du mariage, va découvrir, au fil des jours et des nuits, cette demeure qui ne lui inspire que peu confiance, ses propriétaires mais aussi les non-dits et les secrets qui l'entoure. de plus en plus déçue et enserrée dans son nouveau rôle d'épouse qui ne lui sied pas, Aimée va se sentir de plus en plus enfermée, isolée, la forêt autour s'affichant comme une sorte de rempart. Les personnages, forts, complexes, énigmatiques, sont parfaitement dépeints et s'en révèlent d'autant plus captivants, partagés entre désamour et amours interdits. de sa plume riche, précise, poétique, parfois surannée, Cécile Coulon dépeint avec minutie aussi bien la nature, les sentiments, les simples détails ou encore la beauté du jour.
Un roman tout aussi surprenant que vibrant...
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Unie au riche propriétaire du lointain domaine Marchère par l'un de ces mariages arrangés si courants au 19ème siècle, Aimée se découvre un mari austère mais courtois, absorbé par l'exploitation de ses forêts du Jura. Elle apprend bientôt qu'elle succède à une première épouse, morte peu après ses noces. Troublée par l'épais silence entourant cette disparition, la jeune femme accumule les noirs pressentiments et se met à considérer son nouvel environnement sous un jour de plus en plus menaçant...


C'est d'abord la prégnance soigneusement entretenue de son cadre oppressant qui ancre cette histoire dans une angoisse diffuse. Encerclée par une épaisse forêt qui l'isole aussi sûrement qu'elle semble vouloir l'étouffer dans le silence bruissant de ses obscures futaies et de ses brouillards aveugles, la demeure des Marchère prend déjà des allures de manoir écossais ou de château des Carpates, quand on la découvre en plus le théâtre d'une tragédie scellée dans le secret du passé. La présence fantomatique de celle qui l'a devancée dans la position d'épouse devient pour Aimée d'autant plus insidieuse et troublante, qu'elle s'assortit d'un mystère que l'énigmatique comportement des hôtes du domaine a tôt fait de faire paraître suspect. C'est donc désormais avec l'obsédante sensation d'une menace incertaine que, piqué par l'intrigue, le lecteur s'achemine peu à peu vers des révélations inattendues.


Au fil des pages, viennent à l'esprit de nombreuses références de la littérature britannique du 19ème siècle, comme Jane Austen et les soeurs Brontë, avec en particulier Jane Eyre. Cécile Coulon joue avec les thèmes gothiques et sentimentaux, y associe une pointe de critique sociale et de féminisme en évoquant le mariage et la condition des femmes dans la société conventionnelle d'alors. le ton restant moderne, sans la tournure des dialogues de l'époque, l'on se sent immergé dans l'un de ces contes contemporains en vogue, versions revisitées de grands classiques intemporels. Chez le lecteur, l'amusement en finit presque par l'emporter sur l'inquiétude et le suspense…


Si ce nouveau roman de Cécile Coulon, moins âpre et légèrement plus fantaisiste qu'Une bête au paradis, se lit peut-être avec moins de passion, il possède un charme qui, à défaut de foudroyer, se savoure avec quelques frissons d'angoisse.

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critiques presse (3)
Psychologies
13 septembre 2021
On admire la plume d’une sensualité poétique et l’on plonge dans une histoire à la Daphné du Maurier, où surnaturel et fantômes mènent la danse.
Lire la critique sur le site : Psychologies
LeSoir
01 septembre 2021
Angoissant et addictif.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaTribuneDeGeneve
01 septembre 2021
Un roman aux airs de conte qu’elle situe dans le Jura et un XIXe siècle corseté par les conventions. Un récit solidement charpenté et onirique.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (167) Voir plus Ajouter une citation
Elle apprenait la flûte à de jeunes élèves de première et deuxième année qui n’étaient point nombreuses. Les petites de familles bourgeoises se succédaient, envoyées là par leurs parents pour qu’elles sachent divertir les invités, lors de soirées mondaines ou de repas familiaux. Les jeunes femmes capables de maîtriser un instrument, en général le piano ou la flûte, trouvaient plus facilement un mari. De bonnes élèves feraient de bonnes épouses et, la plupart du temps, une fois mariées, elles abandonneraient l’instrument, poussant, à leur tour, leurs enfants à apprendre la musique, comme on apprend à multiplier des chiffres, à monter à cheval, à lire à haute voix des romans moraux.
(page 97)
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L’air était froid, déjà le gel dessinait sur la pelouse une pellicule qui adoucissait le vert profond des brins. Deux oiseaux s’enfuirent à l’approche d’Aimée ; debout, devant les parterres de rosiers sans fleurs et de taillis sans couleurs, elle avala une grande bouffée d’air qui courut en elle de la gorge aux entrailles. L’odeur des sapins, prisonnière de ce froid nouveau, paraissait plus âpre, pénétrante, elle raidissait les bronches, gonflait les narines.
(page 302)
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Son propre sexe était un territoire sauvage, caché entre ses cuisses musclées par des jeux d’extérieur ; son sexe était un trait tiré droitement sous son ventre et elle n’imaginait pas qu’il faudrait bientôt écarter cette ligne pour y construire un enfant. Candre serait bientôt cet homme, cet ouvrier du corps. Il faudrait lui ouvrir son lit, ses bras, ses jambes, le trait deviendrait une fente chaude jusqu’à ce que l’avenir se dessine à la surface de son nombril.
(page 52)
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Le domaine Marchère lui apparaîtrait nettement, comme un paysage après la brume. Une fois le brouillard des sapins levé sur la colline, Aimée retiendrait dans sa gorge un hoquet de surprise : jamais elle n’aurait vu un lieu pareil, jamais elle n’aurait pensé y vivre.
Une bâtisse de pierre et de bois, aussi large qu’un couvent, aussi haute qu’une église, trônait au cœur du paysage.
(page 35)
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Elle se sentait prise au piège de la douceur d’Henria et de la dureté de Candre, elle ne pouvait pas fuir l’un sans abandonner l’autre, elle ne pouvait rien dire à l’une sans déclencher la fureur du maître. Alors ses pensées se terraient en elle, se jetaient contre les parois de son crâne, et elle calmait la douleur en dormant, pendant des heures, le jour, la nuit, le vent l’accompagnait jusque dans ses cauchemars, d’où Henria seule savait la tirer.
(page 247)
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