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3,6

sur 1797 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après m'avoir régalé avec Trois saisons d'orage puis Une bête au Paradis, je retrouve avec grand plaisir l'écriture délicieuse de Cécile Coulon qui avait su bien présenter son dernier roman, Seule en sa demeure, aux Correspondances de Manosque 2021.
Avec un souci constant du mystère et du suspense, cette jeune autrice me plonge au coeur du sort des femmes, en plein XIXe siècle, dans le Jura.
Un homme doux, très croyant, mène d'une main très ferme un vaste domaine forestier, la forêt d'Or. Il se nomme Candre Marchère. Il avait 5 ans quand sa mère est morte d'un arrêt cardiaque juste avant de communier dans l'église des Saints-Frères. Alors, c'est Henria, la fidèle servante qui a pris le relais pour élever Candre comme son fils, un fils qu'elle a d'ailleurs et qui se prénomme Angelin. Cécile Coulon a de l'imagination pour prénommer ses personnages…
À 26 ans, Candre est déjà veuf. Il courtise Aimée, fille d'Amand et Josèphe Deville, qui, elle, a grandi avec son cousin, Claude. Ce dernier rêve de carrière militaire en espérant un meilleur sort que son oncle, Amand, revenu fortement handicapé de sa première campagne. Autour d'Aimée, il voit juste dans ce qui se trame et son rôle sera important au cours de cette histoire qui, peu à peu, devient très angoissante.
Cécile Coulon, peu à peu, nous amène donc jusqu'au mariage entre Candre et Aimée puis sait à merveille faire partager les doutes, les interrogations d'une jeune femme attendant les assauts de son mari alors qu'ils ne partagent pas la même chambre.
Henria, la servante au physique imposant, est toujours là mais son fils, Angelin est muet. Aimée apprend, horrifiée, qu'on lui a coupé la langue parce qu'il passait, disait-on, son temps à jouer dans des lieux mal famés.
Enfin, et surtout, il y a l'histoire d'Aleth, la première épouse de Candre, morte après quelques mois de mariage, dans un sanatorium, en Suisse.
Alors que le père d'Aimée décède subitement, Candre décide de payer des cours de musique à son épouse qui s'ennuie. Pour cela, il fait venir, à grands frais, la meilleure professeure du Conservatoire de Genève : Émeline Lhéritier, pour qu'elle lui apprenne à jouer de la flûte traversière.
Débutent alors des séances de maintien qui font grand bien à Aimée. C'est à partir de là que tout s'accélère et se dégrade, même si cela semble bien fonctionner, au lit, entre les jeunes époux.
Le cousin Claude, Angelin, Émeline, Henria et Aimée jouent un rôle important et décisif permettant d'expliquer tous ces mystères alors que l'autrice fait bien revivre le monde rural et surtout cette nature omniprésente. Candre Marchère est un propriétaire aisé qui mène son domaine d'une main de fer dans un gant de velours, bien abrité derrière une pratique religieuse très confortable. On se déplace en berline tirée par des chevaux mais Aimée, Seule en sa demeure, doit se montrer très forte pour décrypter tout ce qui s'est passé et se passe encore autour d'elle.
Cécile Coulon, sans négliger le petit monde des domestiques et des ouvriers du grand propriétaire et exploitant forestier, a réussi un nouveau grand roman au coeur d'une époque déjà lointaine où chaque femme mariée pouvait subir son sort ou tenter de savoir, de mettre au jour les secrets d'un monde masculin tout puissant.

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Écartant le rideau où gisent encore les mots, je quitte ce texte habité par des silences aussi dévastateurs qu'une tempête en Bretagne.
Je ne sais pas s'il faut vous laisser la porte entrouverte, ce récit a un goût totalement inachevé et c'est ce qui fait son charme envoûtant. C'est aussi pour cela que je l'ai aimé.
Ce n'est pas la première fois que Cécile Coulon m'envoûte par son inspiration, je commence à y prendre goût, le venin qu'elle distille dans les pages de ce roman ressemble à un vin délicieux et troublant, certains lecteurs initiés évoqueront les mots de baroque ou de gothique, j'évoquerai un vertige abyssal, ténébreux et sensuel. Qu'importe si cela rappelle de loin Jane Eyre ou de près Rebecca, ou peut-être l'inverse, puisqu'ici il est question d'enfermement, de possession, de peur et de sol qui s'éventre, cela m'évoque tout simplement Cécile Coulon au sommet de son art.
Je referme le livre comme une porte qui vient se sceller sur un univers étrange, en les quittant j'ai l'impression de trahir certains des personnages qui m'ont fait voyager dans leurs coeurs, Aimée, Émeline, Claude, Angelin... J'ai l'impression de les abandonner à leur sort sur cette page finale comme une porte que l'on cloue sur son huis, tandis que derrière elle, des personnages crient encore, raclent l'envers du décor avec leurs ongles, leurs griffes, leurs gestes, leur désespoir, leur chagrin... pour qu'on ne les oublie pas.
Seule en sa demeure est un roman animé par une forme d'intemporalité, alors qu'il y a un lieu, des dates, des repères qui raccrochent l'histoire à quelque chose de concret, ne serait-ce que de la boue, des branches, la pierre froide d'un seuil, la forêt au loin qui laisse passer le ciel entre ses ramures comme pour nous rassurer, nous faire croire un instant que la vie existe encore. Seule en sa demeure est un paysage presque onirique après la brume, celle qui s'estompe, faisant apparaître une maison, une demeure justement, cossue et pas forcément très accueillante, où Aimée s'apprête à vivre unie désormais pour le meilleur et pour le pire auprès de son riche propriétaire, un certain Candre Marchère. Un mariage arrangé vient de les unir comme il en existait tant au XIXème siècle puisque nous y sommes, précisément à la fin de ce siècle-là, là-bas dans le Jura... Je dis là-bas, parce que je suis totalement à l'ouest en vous écrivant ce billet...
Aimée se heurte aux silences de cette demeure, aux silences de son époux, aux silences de ce lieu comme on se heurte à des murs en essayant de tâtonner, de trouver son chemin dans les ténèbres. Aimée n'est pas la première épouse de Candre Marchère. Il est veuf...
L'endroit devient peu à peu menaçant alors qu'il n'y a pas vraiment de raison objective d'avoir peur, si ce n'est que cette peur ressemble à de l'angoisse, c'est-à-dire qu'elle, Aimée, et nous aussi avec elle, ne savons dire pourquoi nous sentons, ressentons cela comme quelque chose de plus en plus oppressant au fur et à mesure que les pages défilent sous nos yeux, que le sol tremble sous nos pas apeurés...
Et puis vient Émeline, professeure de musique, le personnage que j'ai préféré du roman... Ah ! Comme j'aimerais être initié à la musique par cette femme ! Aimée croit reconnaître en elle quelqu'un qui viendra enfin effleurer son âme, la comprendre, la sauver, l'aimer peut-être. Aimée, pas aimée...
Les pages de ce livre sont hantées par des cris d'oiseaux, par le bruit de la nuit, par le mouvement des feuilles mortes qui s'entassent sur le sol, par un goût de terre et de ronces qui abiment les seuls gestes qui voudraient s'éprendre de désir, par les non-dits et les secrets...
Pourtant j'ai cru reconnaître, dans ce texte inachevé comme l'est parfois la vie, nos vies, ce bruit de l'amour lorsqu'il s'en va, fuyant entre la terre et les feuilles mortes qui jonchent le sol...
Ce texte est un brasier, pour peu qu'on soulève la brume du paysage, comme un rideau, là où seuls demeurent les mots de Cécile Coulon...
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Ouvrir un livre de Cécile Coulon c'est entrer dans un univers non pas féerique mais de conte de fée et d'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas, la cruauté est bien présente. On ne lit pas du Cécile Coulon pour être cocooné!
Les descriptions sont toujours soignées, très imagées et il suffit de se laisser bercer par ses mots pour partir dans son univers.
L'histoire se déroule au 19e siècle, Aimée se marie à Candre. Ce mariage arrangé est troublant puisque pour Candre il s'agit d'un remariage, sa première femme Aleth est décédée quelques mois après avoir dit "oui"
Dans le magnifique domaine Marchère, ce n'est pas la douceur de vivre qui y règne mais une ambiance étrange digne d'un scénario d'Hitchcock. La sensualité n'est cependant pas exempte de ce roman.
Si certains lecteurs émettent quelques bémols sur ce dernier roman moi je reste toujours autant conquise par la plume de Cécile Coulon. Il y a toujours chez elle un mélange de sensualité, de magie , de dureté qui me plaît beaucoup.
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Il était une fois une jeune fille de dix huit ans, mariée par son père, à un riche exploitant forestier jurassien. On est au XIX e siècle, et la jeune Aimée se trouve bien solitaire dans cette maison où elle n'a de contact (en dehors de son mari, l'austère Candre Marchère) qu'avec la domestique Henria, bien plus qu'une servante, vu que c'est elle, qui a quasiment élevé le fils de la maison ( sa mère étant morte quand il avait cinq ans). C'est qu'on meurt jeune dans ce domaine, tout d'abord , les parents de Candre , puis Aleth la première épouse...
Désoeuvrée dans ce grand domaine, on ne sait pas trop ce qu'Aimée fait de ses journées. Aimée attend la nuit, celle qui lui permet de rentrer en communion avec son mari. Oh, pas longtemps ! Il vient, fait son affaire et s'en repart dans sa chambre, mais grâce à cela, les nuits d'Aimée sont plus belles que ses jours.
Une vie bien solitaire jusqu'au jour, ou Candre engage une professeure de musique pour Aimée.

Si j'ai commencé ce petit résumé par "Il était une fois", c'est parce que ce roman m'a fait penser à un conte. Un conte pour adulte un peu cruel, car les bonnes fées ne viendront pas, ou pas complètement...On pense à " La belle et la bête" , car Aimée est quasiment prisonnière de cette maison, entourée de bois hostiles. Soumise à la bonne volonté de cet homme présenté comme un homme sérieux, respectueux de la religion, gentil quand il s'intéresse au bien-être d'Aimée , mais aussi , dans les faits présenté comme un homme froid, passant dans la chambre de sa femme, le moins de temps possible, juste le temps d' assouvir ses pulsions . [ " Candre semblait de ce monde comme le sont les animaux sauvages". ]
Roman sensuel, où la sexualité est vécue comme un "pont" entre deux personnes, et à vrai dire : la seule chose qu'ils partagent ...
Comment ne pas penser aussi à "Rebecca" de Daphné du Maurier, pour l'arrivée d'Aimée au domaine, pour l'hostilité , la froideur ou l'indifférence de la domesticité, pour l'absence de son mari à ses côtés et sa présence dans son esprit, la totale dépendance d'Aimée ?
Conte pour enfant un peu cruel, littérature gothique, Cécile Coulon a emprunté à ces deux genres littéraires, avec brio et virtuosité. Ecriture aiguisée, parfaitement maitrisée. Pour les lecteurs qui aiment ce genre de romans , il est parfait, mystérieux, sombre, implacable.
Un roman très original qui se distingue de ces confrères sur les étagères des librairies. L'illustration de la couverture étant particulièrement bien choisie et représentative de ce qu'on trouve dans ses pages...
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Je quitte avec peine cette atmosphère étrange, oppressante, accrochée dans le lierre, dans les arbres touffus, dans ces chambres sombres, dans les secrets violents.

Je quitte avec d'autant plus de peine ce roman surprenant et sournoisement attirant, parce que j'en ai rêvé deux fois de suite. Oui ! Je me suis retrouvée là-bas, dans le domaine de Candre Marchère, cet homme triste et silencieux. J'y ai vu distinctement les pièces, la petite table du salon où Aimée, sa toute jeune femme, mange en sa compagnie. J'ai vu la salle de musique où celle-ci accueille sa professeure de flûte. Et je me suis réveillée troublée.

Aimée, Amand, Emeline : ne trouvez-vous pas étrange d'affubler de prénoms de la même consonance trois personnages de cette histoire ? C'est qu'on parle beaucoup d'amour, dans cette histoire…
Aimée est la fille d'Amand, un ancien militaire blessé dans son coeur et son corps, et de Josèphe. Elle épouse, conseillée par son père, Candre, « un homme pieux et bon, le meilleur d'entre tous », un homme jeune encore, mais veuf après six mois de mariage.
C'est à peine à trente kilomètres de sa maison d'enfance, mais c'est dans un autre monde, qu'elle va vivre. Un monde qui s'alimente de non-dits. Henria la servante, Angelin son fils, Emeline la professeure de musique, tous tournent autour d'Aimée…

J'ai tout bonnement adoré cette histoire un peu glauque, pleine de ténèbres. Et j'ai accompagné la solitude d'Aimée, seule, en sa demeure.
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Livre incroyablement beau.
De la prose poétique.
Des phrases, des arrangements grammaticaux sublimes.
C'aurait pu être un conte de fées, comme La belle au bois dormant, ces bois en dormance mais plus encore en sursis.
C'aurait pu être un Rebecca de Daphné du Maurier ou bien un roman gothique des soeurs Brontë. Ou encore un zeste de Jane Eyre...
Et bien non.
Bien sûr, certains thèmes sont identiques.
Mais non.
Ce roman est infiniment plus puissant, il sent la terre, les sapins, la résine, les bois, les hommes durs et puissants, trempés de sueurs et reniflant le mauvais alcool.
Alors oui c'est un conte de fées, mais plutôt un conte de sorcières.
Un conte maléfique.
Un conte qui empoisonne, qui mutile un pauvre bougre, qui emprisonne la jeune épousée, Aimée.
La nature n'est là que pour l'emprisonner, mais également faire taire ses angoisses, lui apprendre à aimer le maitre, son jeune époux, tout empesanti de religion, de Dieu, de la sainte Bible.
La douleur, la souffrance est partout, tout le temps, comme une vieille nostalgie, une ancienne tristesse.
L'auteur nous fait témoin de cette drôle de vie, avec les bêtes et les forêts.
J ai attendu comme Aimée cet époux tous les soirs, j'ai regardé par les fenêtres
fondre la nuit, j'ai senti comme elle le parfum puissant de la terre retournée, j'ai pleuré le père disparu, j'ai senti la chaleur du corps de l'époux, ce mari si féminin, si pur, si cristallin, si doux.
C'est en cela que l'auteure est si admirable ; de par son style, ses mots magiques et si bien choisis, nous devenons Aimée, Candre, Aleth, Henria, Angelin ou Emelinne.
Beaucoup d'amours et de passions silencieuses.
Beaucoup de prières restées vaines.
Beaucoup de douleurs anciennes et pourtant si présentes en chacun de nous. Comme une trace indélébile.
Ce livre est bien plus qu'un livre : c'est un Grimoire maléfique mais si beau.
Si beau.
Il restera dans ma mémoire comme un souvenir magnifique.
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A la lecture de ce livre, j'ai éprouvé un plaisir immense dû à l'écriture si belle, unique. Je relisais parfois des phrases pour mieux m'en imprégner.
Candre , veuf en première noce, épouse Aimée et l'emmène dans son domaine.
Celle-ci, très jeune, innocente, gâtée par ses parents, ne trouve pas sa place, se sent très seule, entourée de mystères, oui, au pluriel.
Les habitants, passés et présents, cachent des secrets, mais lesquels se demande Aimée.
Même la forêt d'Or, dont Candre tire ses revenus, lui paraît menaçante.
Un très bon roman dont je ne peux que recommander la lecture.
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Aimée est une jeune femme gaie qui vit entourée de l'affection de son père, un officier à la retraite et de son cousin élevé avec elle et qui se destine à devenir officier comme son oncle. Elle doit épouser un jeune veuf, Candre Marchère , un propriétaire terrien qu'elle a rencontré lors d'une vente de chevaux , dans les Vosges au XIX eme siècle . Elle découvre après ses noces sa nouvelle demeure , une grande bâtisse entourée d'arbres et y est accueillie par Henria, une femme qui a élevée , en même temps que son garçon Angelin, Candre comme son fils à la mort de la sa mère .

Aimée va découvrir que l'homme qu'elle aime n'est pas aussi attentionné, tendre et patient qu'il a pu l'être avant le mariage et se sent rapidement prisonnière de cette maison , angoissée par l'ambiance pesante . Cette partie du roman m'a beaucoup évoqué Rebecca de Daphné du Maurier , où la jeune héroïne se retrouve dans la même situation entre une maison oppressante, là ce sont les arbres qui l'entourent comme s'ils voulaient l'envahir , une gouvernante assez revêche et se pose les mêmes questions sur la disparition de la première femme de son époux .

Heureusement, l'histoire prend un autre tour avec l'arrivée d'une professeur de musique, qui si elle permet à Aimée de retrouver une vraie stature alors qu'elle se sentait fantôme , la trouble et des incidents perturbent les cours .

On croit deviner la suite mais l'histoire prend à chaque fois un autre chemin et Cécile Coulon est douée pour nous entrainer vers de fausses pistes et nous surprendre .

Beaucoup de belles descriptions de cette emprise de la maison et de la nature , des songes d'Aimée et de ses peurs , de sa complicité et des souvenirs d'enfance avec son cousin Claude rendent cette lecture fort plaisante . Cécile Coulon a décidemment une jolie plume
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Ce que j'ai ressenti:

« La musique était une affaire de souffle, de peau, d'engagement. »

La littérature aussi, il me semble puisque il y a eu quelques crépitements sur l'épiderme, la respiration, l'euphorie quand je lisais Seule en sa demeure…Je ne saurai précisément dire si c'est au niveau, du coeur, de la langue ou du ventre, mais c'est un fait, la sensation est là, bien réelle…Inépuisable. Alors, va vers ce petit bijou de la rentrée littéraire, car sous la terre et les ronces: l'amour, le pouvoir, la violence, le désir, l'intimité, la peur se répondent, avec une poésie envoûtante. Tout est affaire de beautés dans ces pages, et il me paraît impensable qu'on puisse se passer d'elles…

Cécile Coulon nous emmène au XIXème siècle, sur une propriété privée, le domaine Marchère, et commence alors, le silence et l'effroi…

Doucement, lentement, assurément…

Le mystère plane et nous suivons Aimée, jeune mariée qui découvre les lieux, la vie conjugale, la forêt, ceux et celles qui vont vivre dorénavant avec elle, fantômes compris…

Seule en ma demeure, je prends le temps d'observer avec ce retour dans le temps, la condition féminine à l'époque. Et ce n'est pas bien reluisant. Entre le silence forcé, l'emprisonnement domestique, le mariage arrangé, les frustrations diverses, j'ai ressenti une grande empathie pour cette jeune femme qui voit petit à petit, son monde se rétrécir.

Doucement, fatalement, inévitablement…

Et puis, lire Cécile Coulon, c'est se laisser séduire par une plume d'abord, sa poésie est bouleversante, et puis ensuite, par cette ambiance gothique sublime, qu'elle nous instaure avec brio. Tout est délicat, précis, travaillé. du petit détail au basculement final, c'est finement dentelé, oppressant, et mystérieux. Un huis-clos efficace et émotionnel qui nous hante pendant longtemps…C'est vraiment pour cette atmosphère réussie et la sensation de malaise qui ne m'a pas quittée durant la lecture, que je vous conseille d'aller sur le domaine Marchère, pour aller y dénicher les secrets enfouis…


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Magnifique fiction situé au XIXème siècle, comme pour brouiller les pistes ou une réflexion d'une brûlante actualité ?

Le destin d'Aimée Deville est le coeur du nouveau roman de Cécile Coulon, "Seule en sa demeure". Son père Amand Deville, cet ancien général de cavalerie, souffre depuis 20 ans de sa jambe blessée.
Claude son cousin plein de vie et de talents sera très jeune élevé avec Aimée sous le regard d'un soldat brisé. Aimée a 18 ans et son père se disait-elle "vieillissait trop vite". C'est un mariage arrangé qui se dessine, malgré les remarques de Claude.
le père avait été très clair. "Je ne t'obligerai pas à épouser cet homme mais je t'obligerai à épouser un homme bon et il est le meilleur d'entre tous". "Ne détourne pas les yeux quand je te parle", insiste t-il page 42.
Candre Marchère est une âme pieuse et riche.
Aimée se plie au charme froid d'un riche propriétaire du Jura, note l'éditeur ,L'iconoclaste.

Seule en sa demeure, ne compose non seulement une fiction, mais installe une atmosphère bien particulière, celle du Domaine Marchère, dans laquelle les personnages vont chercher leur place. "Un paysage après la brume, un théâtre de silence", ou habité par les cris perçants des oiseaux, chaque description de ce décor invite le lecteur à s'imprégner de la sensibilité des acteurs.
Ainsi Cécile Coulon ajoute : "Les arbres chuchotèrent jusqu'à l'aube, car tout se passe toujours la nuit, les grands événements se cachent des lumières vives, craignant d 'être brûlés."

L'écriture de Cécile Coulon, s'incruste dans votre esprit sans violence, à pas comptés, la tension monte et se glisse comme les plantes grimpantes dans les petits détails. Elle suggère et peu à peu les indices qui précèdent un drame devenu inéluctable, une impasse dans laquelle la vie de Aimée risque de glisser.
le lecteur sera sensible à la mise en harmonie, des paysages, des odeurs qui changent selon l'humeur des personnages, ou la sensualité qu'Aimée cherche à définir et à comprendre, selon le déroulement des jours et des attitudes de Candre ou d' Henria.

Ce roman est un livre sur le deuil et la mort , mais comme en écho c'est un livre sur la vie. Deux options possibles, sur lesquelles les pensées d'Aimée se fracassent.
Le lecteur voit émerger deux mondes qui se dressent, les espaces hantés, les deuils, les blessures, et de l'autre la joie, l'amour, la compréhension.

le monde de la peur est celui de Candre, du père d'Aimée, Amand, d'Henria la bonne, des hommes des bois au service du domaine Marchère. le monde bienveillant rassemble, Claude, Émeline professeur de musique, et l'énigmatique Angelin le fils d'Henria.
Élevé au sein de la famille Deville, Claude est un jeune plein de vie et de talent mais il partira trop vite vers son métier de soldat.

En ces temps de Covid et de pandémie, Cécile Coulon a-t-elle voulu nous transmettre un message. Comment se réveiller quand tout devient menaçant. Comment percevoir ceux qui vous poussent vers la vie de ceux qui vous persuade que la mort rode, et que la vérité appartiendrait à cet homme BON mais glacial.
La religion est du côté des endeuillés, de ceux qui obéissent de ceux qui sont prêt à faire le mal pour punir toute désobéissance, ou punir sans discernements.

Étrange et envoûtant, Seule en sa Demeure, ce roman vous laissera peut être comme un goût d'inachevé ? Car on s'attache souvent à certains personnages, comme Aimée, jeune fille aux multiples qualités qui suscite douceur, tendresse et sympathie.
La fin est peut être la réponse de Cécile Coulon à ceux qui cherchent le bonheur et la liberté.
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