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3,6

sur 1797 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 #2

Fin XIXème siècle, dans le Jura forestier. Aimée, mariée à Candre, un riche propriétaire terrien, découvre qu'elle ne peut plus sortir de la propriété conjugale. Au fil du temps et de ses désirs, elle va comprendre ce qu'il s'y est passé avant elle.

Cécile Coulon est joueuse. Elle a mis en récit un conte empli de références assumées entre Dracula et Orgueil et préjugés, avec une touche de soeurs Brontë et de Daphné du Maurier. Au carrefour de nombreuses atmosphères, elle s'amuse des codes du huis clos, de l'enquête policière et du roman gothique, excellant à caractériser les personnages dont on imagine parfaitement l'apparence et la gestuelle :

- la jeune ingénue, vierge et innocente, pleine d'espoir et d'illusion, prête à s'éveiller à la connaissance de soi et à la sensualité
- le mari énigmatique, rigide d'apparence, d'où semble émaner un certain danger, encore non identifié
- le fantôme de la première épouse dont la présence invisible plane au-dessus de chaque situation
- le serviteur sauvage et muet, toujours tapi à espionner
- une sorcière qui se cache derrière des atours anodins.

Avec une qualité d'écriture aiguisée et fine, souvent poétique, pleine de musique et de sons, elle excelle tout particulièrement dans les descriptions des lieux, la forêt du domaine et bien évidemment l'inquiétant manoir qui semble prendre vie pour menacer Aimée dès son arrivée :

« le château se fondait dans la végétation, comme s'il était né de la forêt, protégé par elle sans qu'elle le dévore, habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes, bourdonnant d'abeilles, et pourtant étincelant et propre comme les costumes de Candre. Elle imaginerait un oeil géant, de lumière et de verdure, tandis que la voiture s'arrêterait devant l'escalier, usé, vestige des caprices de Jeanne Marchère. Un oeil immense posé sur elle, aux cils de vantaux plats, aux cernes de vitres impeccables. Elle ne saurait en ces lieux quoi répondre aux silences de la forêt. »

Loin d'être une pale copie ou une plate compilation hommage à des inspirations extérieures, le récit mystifie en n'allant jamais là où on croit qu'il va aller. C'est toute l'habileté de l'auteure de parvenir à berner le lecteur en l'aspirant dans sa focalisation interne à la troisième personne. On colle à Aimée, à ses doutes, à ses suspicions à mesure que sa psyché évolue … mais Cécile Coulon désamorce systématiquement nos reflexes et nos hypothèses influencées par le parcours d'Aimée et la confusion qui l'habite. On est côte à côte avec elle lorsqu'elle prend conscience de son corps et de ses désirs, avec elle lorsqu'elle enquête sur la mystérieuse épouse decédée quelques mois après son mariage. Des secrets sont révélés, pas ceux qu'on imaginait, dans le dernier quart.

J'attendais avec impatience le nouveau roman de Cécile Coulon, une des auteures françaises que j'apprécie le plus. Si cette lecture n'est pas un coup de coeur comme il y a deux ans avec Une Bête au paradis ( il m'a manqué une empreinte émotionnelle puissante ), même s'il porte moins la "patte" Cécile Coulon, je l'ai trouvée pleine de charme et l'ai dévorée en quelques heures. A noter sur la couverture la très belle illustration de Vincent Roché : les branches des arbres encadrant le manoir forme en filigrane le visage d'une femme, invisible au départ, puis vigoureusement présent lorsqu'on l'aperçoit.
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Lorsqu'elle s'unit pour la vie avec Candre Marchère, Aimée ne se doute pas qu'elle épouse aussi un domaine, luxueux mais froid, et ses occupants, dont la rude Henria et son fils muet. La jeune femme naïve tente au même rythme que le lecteur de décrypter les codes pour comprendre ce nouvel univers si éloigné de ce que fut son enfance. Les personnages qui gravitent autour d'Aimée ne se laissent pas immédiatement dévoiler. Et en particulier Candre, dont le passé est émaillé de deuils successifs.

Pour un temps, l'atmosphère se détend avec l'arrivée d'une professeure de flute qui éveille Aimée à la musique mais aussi à la sensualité. Elle est malheureusement vite évincée, trop curieuse, trop affutée ?

Cette galerie de personnages riches par leur côté mystérieux est ainsi une accroche solide pour maintenir l'attention du lecteur. Tous ont leur part d'ombres et les mensonges, ne serait-ce que par omission, sèment le doute jusqu'au dénouement final.

C'est un roman dont l'ambiance sombre rappelle certains classiques et particulièrement l'univers
des soeurs Bronte (on pense à Jane Eyre) ou de Daphné du Maurier avec Rebecca. Et cette raison suffit pour apprécier le texte.

Cécile Coulon évolue avec beaucoup d'aisance dans ce récit aux couleurs surannées, comme celles d'un vieux film italien et le genre lui sied parfaitement.


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Candre Marchère, homme de nom, de foi et de travail, est, aux yeux d'Amand Deville, le mari idéal pour sa fille, Aimée. Une fois les présentations faites, le déjeuner organisé, les balades en tête à tête, la jeune femme n'est pas insensible au charme de cet homme si différent, presque féminin à ses yeux. Au bout de quelques mois, le mariage est organisé. Un mariage simple, sans cris de joie ni lancer de bouquet, et en petit comité. du côté de Candre, seuls sont présents la bonne, Henria, qui a élevé le jeune homme, sa mère étant décédée alors qu'il n'avait que 5 ans, et son fils, Angelin. Lorsqu'elle quitte ses parents et son cousin, avec qui elle a grandi, pour s'installer au domaine des Marchère, au coeur de la Forêt d'Or, Aimée peinera à trouver sa place auprès d'un mari courtois mais taiseux, de la bonne qui semble régir au delà de ses fonctions et du fantôme de la première épouse décédée deux ans auparavant...

Conte cruel et gothique, revisitant un brin les grands classique tout en y apportant une certaine modernité, ce roman nous plonge dans les affres d'un mariage arrangé. Aimée, qui connaît peu de choses de la vie, encore moins celui du mariage, va découvrir, au fil des jours et des nuits, cette demeure qui ne lui inspire que peu confiance, ses propriétaires mais aussi les non-dits et les secrets qui l'entoure. de plus en plus déçue et enserrée dans son nouveau rôle d'épouse qui ne lui sied pas, Aimée va se sentir de plus en plus enfermée, isolée, la forêt autour s'affichant comme une sorte de rempart. Les personnages, forts, complexes, énigmatiques, sont parfaitement dépeints et s'en révèlent d'autant plus captivants, partagés entre désamour et amours interdits. de sa plume riche, précise, poétique, parfois surannée, Cécile Coulon dépeint avec minutie aussi bien la nature, les sentiments, les simples détails ou encore la beauté du jour.
Un roman tout aussi surprenant que vibrant...
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Unie au riche propriétaire du lointain domaine Marchère par l'un de ces mariages arrangés si courants au 19ème siècle, Aimée se découvre un mari austère mais courtois, absorbé par l'exploitation de ses forêts du Jura. Elle apprend bientôt qu'elle succède à une première épouse, morte peu après ses noces. Troublée par l'épais silence entourant cette disparition, la jeune femme accumule les noirs pressentiments et se met à considérer son nouvel environnement sous un jour de plus en plus menaçant...


C'est d'abord la prégnance soigneusement entretenue de son cadre oppressant qui ancre cette histoire dans une angoisse diffuse. Encerclée par une épaisse forêt qui l'isole aussi sûrement qu'elle semble vouloir l'étouffer dans le silence bruissant de ses obscures futaies et de ses brouillards aveugles, la demeure des Marchère prend déjà des allures de manoir écossais ou de château des Carpates, quand on la découvre en plus le théâtre d'une tragédie scellée dans le secret du passé. La présence fantomatique de celle qui l'a devancée dans la position d'épouse devient pour Aimée d'autant plus insidieuse et troublante, qu'elle s'assortit d'un mystère que l'énigmatique comportement des hôtes du domaine a tôt fait de faire paraître suspect. C'est donc désormais avec l'obsédante sensation d'une menace incertaine que, piqué par l'intrigue, le lecteur s'achemine peu à peu vers des révélations inattendues.


Au fil des pages, viennent à l'esprit de nombreuses références de la littérature britannique du 19ème siècle, comme Jane Austen et les soeurs Brontë, avec en particulier Jane Eyre. Cécile Coulon joue avec les thèmes gothiques et sentimentaux, y associe une pointe de critique sociale et de féminisme en évoquant le mariage et la condition des femmes dans la société conventionnelle d'alors. le ton restant moderne, sans la tournure des dialogues de l'époque, l'on se sent immergé dans l'un de ces contes contemporains en vogue, versions revisitées de grands classiques intemporels. Chez le lecteur, l'amusement en finit presque par l'emporter sur l'inquiétude et le suspense…


Si ce nouveau roman de Cécile Coulon, moins âpre et légèrement plus fantaisiste qu'Une bête au paradis, se lit peut-être avec moins de passion, il possède un charme qui, à défaut de foudroyer, se savoure avec quelques frissons d'angoisse.

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Cécile Coulon nous revient avec son huitième roman faisant suite au succès impressionnant de « Une bête au paradis« , qui a obtenu le prix littéraire le Monde en 2019. « Seule en sa demeure » paraît aux éditions de L'Iconoclaste, pour cette rentrée littéraire 2021, où Cécile Coulon fait d'ores et déjà figure de « valeurs sûres » et cela depuis de nombreuses années déjà. Ici nous sommes dans la veine du roman gothique anglais se caractérisant par la présence d'un certain nombre d'éléments de décor, de personnages formant une atmosphère si particulière où la menace est sous-jacente. Cécile Coulon nous tisse ici une histoire originale à l'atmosphère inquiétante, emplie de secrets et de non-dits. le style d'écriture de l'auteure est à la fois poétique et, dans un même élan, crue, réaliste et nimbée de mystère, sans que cela ne provoque de distorsions. C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve une auteure, une nouvelle fois inspirée, même si ce roman me paraît être un ton en dessous de son prédécesseur. Loin des errances nombrilistes de certain(e)s auteur(e)s, Cécile Coulon nous immerge dans un XIXème siècle très codifié, fantasmé avec tous les éléments propres au genre littéraire de cette époque. Tapi dans l'ombre, il y a ce personnage à part entière de la forêt d'Or et de ses hauts arbres. La riche famille Marchère possède ce domaine avec cette demeure perdue au fond de ces bois qui l'enchâsse. Une scène ouvre le livre et donne le ton de l'ambiance propre à ce roman. Jeanne Marchère, mère de Candre (le fils unique du couple Marchère), meurt dans la travée principale de la petite église du village des Saints-Frères, terrassée par une crise cardiaque tel un arbre touché par la foudre. Une nouvelle fois, le destin a frappé durement cette famille. C'est Henria, la servante, qui l'éleva, lui l'orphelin, en compagnie de son fils Angelin. A vingt six ans, Candre est orphelin et veuf, car comble de malheur, il a perdu sa première épouse. Au village, on considère Candre comme une âme pieuse et austère même s'il est immensément riche.

Candre va chercher à se remarier et c'est vers Aimée que son coeur se tourne. N'y allons pas trop vite non plus, le coeur y est pour peu de chose car c'est un mariage arrangé comme il y en avait tant dans la bourgeoisie ou la noblesse à cette période. Aimée a dix huit ans et c'est son père Amand et sa mère Josèphe qui l'ont élevé avec son cousin, l'impétueux Claude, avec qui Aimée a une très belle relation de confiance. Un personnage important ce Claude, qui va percevoir le malaise dans lequel s'enfonce peu à peu sa cousine. Elle doit quitter son foyer pour rejoindre cette mystérieuse propriété des Marchère, dans une demeure où elle sombre peu à peu dans une forme de mélancolie teinté d'un soupçon de fantastique. Là encore, l'allusion et l'hommage au genre littéraire en vogue à cette période est criante. Peu à peu on s'enfonce en compagnie d'Aimée, dans l'atmosphère suffocante de la propriété. Cette dernière est un personnage à part entière du récit. Cet isolement du domaine, cette profonde solitude d'Aimée, sa mélancolie qui peu à peu s'insinue en elle, tout concoure à rendre ce lieu néfaste. Candre est très respectueux bien sûr, mais c'est un homme dont la foi ardente régie tous les aspects de sa vie. Malheureuse, Aimée voit comme un rayon de lumière l'arrivée d'Emeline, professeure de musique que Candre a autorisé à venir en sa demeure. Je dis « sa » demeure car Aimée ne s'y sent pas chez elle. Tout l'oppresse. Et puis il y a cette bonne qui dirige tout en sous main. Qui est cette Henria ? Pourquoi ne veut elle pas présenter son fils Angelin qui semble apeuré dès qu'on l'approche et préfère fuir dans les bois ? Mais surtout, l'énigme s'est Candre lui-même, cet époux si consciencieux, doux, affable, respectueux. Qui est-il au fond ? Aimée pressent qu'en cette demeure des secrets sont enfouis et qu'il ne fait pas bon les déterrer..

La suite je vous laisse la découvrir en lisant ce roman addictif, au style affirmé et pleinement réussi. Malgré tout, il m'a manqué ce grain de folie qui m'a empêché d'être pleinement emporté par ce récit. Je suis resté spectateur de ce qui se déroulait, un peu comme si l'ambiance primait sur l'histoire en elle-même. J'ai tellement aimé son précédent roman que la comparaison m'a semblé tourner en défaveur de « Seule en sa demeure. » Mais, il est certain que même un « bon cru » de Cécile Coulon vaut mieux que nombre d'auteur(e)s surcoté(e)s. Si vous aimez les atmosphères mystérieuses à la Sarah Waters, je songe à son joli roman « L'indésirable », vous risquez d'être comblé. Les nombreux lecteurs de Cécile Coulon retrouveront sa plume avec plaisir.
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Candre Marchère a perdu sa mère très jeune dans des circonstances dramatiques et inattendues. Marié depuis quelques mois, il se retrouve veuf après la maladie de sa femme.
Il va porter son choix sur Aimée Deville qui va se voir engagée dans ce mariage par ses parents et son futur mari. Candre n'est pas désagréable mais il est lointain, son regard ne regarde jamais la jeune fille.
Le futur marié est à la tête d'une importante scierie dans le Jura. le jour du mariage, Aimée découvre son domaine perdu dans les bois, mystérieux.
C'est vrai que, comme annoncé, j'ai pensé à" Rebecca" de Daphné du Maurier pour le mystère qui entoure le manoir, pour la mort qui devient mystérieuse de la première épouse de Candre mais la comparaison s'arrête là.
Cécile Coulon nous livre un roman bien à elle avec une ambiance très particulière, des descriptions très précises , très belles au point de vue écriture.
Le personnage le plus lourd dans tous les sens du terme s'appelle Henria, au service de Candre et de son éducation depuis la mort de sa mère.
Le fils de celle-ci, Angelin, sourd-muet fait se poser beaucoup de questions.
Claude le cousin d'Aimée tombera sur un secret , véritable pavé dans la mare .
Au milieu de cette ambiance, avec un mari plus que bizarre, Aimée s'ennuie.
Arrivera Émeline , sa professeure de musique pour lui apprendre à mieux jouer de la flûte. Celle-ci ira au fond d'un mystère assez terrible.
L'ambiance est étrange, lourde, avec une préférence de l'auteure pour nous la décrire, pour nous la faire vivre avant de nous livrer la clé . Même les scènes d'intimité dans le couple résonnaient froidement, bizarrement.
J'avais déjà lu des romans qui se passaient fin XIXème siècle mais jamais dans un noir aussi intense.
Unique pour moi mais un peu pesant.
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Un mariage arrangé comme ceux qui étaient courants en cette fin de XIXe siècle livrait la jeune épouse à un mari pour ainsi dire inconnu. Sa demeure, sa personnalité et ses secrets ne se révélaient qu'après la cérémonie, pour le meilleur, ou pour le pire…

Comme Aimée, on entre dans le domaine Marchère à pas feutrés, guettant chaque indice de la personnalité de son ténébreux mari et scrutant les traces de l'histoire tragique du lieu. Qu'est-il arrivé à la première femme de Candre ? Une menace plane-t-elle sur les lieux ou est-ce notre imagination qui s'emballe ? L'enquête d'Aimée se double d'une autre initiation tout aussi tâtonnante, au désir et à la sensualité.

Dans le charme classique des premiers chapitres, on trouve des réminiscences des romans De Balzac ou de Jane Austen. Mais très vite, on perd pied face à l'écheveau complexe des liens entre les personnages pris dans ce huis clos et on ne sait plus si on est chez Barbe-Bleue, dans le manoir de Dracula ou dans une oeuvre de Cocteau. Cette incertitude place le récit sous tension et le roman se dévore d'un seul trait.

J'ai trouvé que les personnages étaient décrits de façon un peu insistante – le cousin très militaire, le mari très grave, la servante très forte, etc. – mais les descriptions sont belles, notamment ces visions hallucinées et ambiguës de la forêt jurassienne. Comme dans Une bête au paradis, les humains semblent souvent bestiaux et les bêtes majestueuses. Mais le décor et le propos sont tout autres : ce roman nous fait vivre de l'intérieur les tabous et la piété du XIXe siècle, l'enfermement du mariage, l'ambiguïté des rapports maître-domestique.

Une lecture immersive et fascinante, entre roman d'ambiance et roman d'énigme, loin des sentiers battus.

PS : C'est drôle comme Seule en sa demeure et D'or et d'oreillers, publié également cette année par Flore Vesco, se font écho alors que ce dernier livre s'adresse à un public plus jeune. Plus j'y pense, plus je vois de parallèles entre ces deux textes – mais je n'en dis pas plus pour vous laisser les découvrir par vous-mêmes…
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Je n'ai jamais lu les soeurs Brontë ni Jane Austen, pas plus que Daphné du Maurier mais j'ai pourtant le pressentiment que le roman de Cécile Coulon en possède les codes :
Une écriture séduisante aux phrases tragiques et délicates qui traduisent une ambiance champêtre aussi bien que la pesante atmosphère d'une maisonnée aux personnages torturés dans un XIX ème siècle maniéré et guindé.
Une jeune ingénue prête à marier, un père militaire boiteux et rigide, une mère transparente, un cousin curieux, chahuteur mais respectueux.
Un riche propriétaire d'un domaine dans le Jura, sérieux et pieux mais éploré et taciturne.
Une servante aussi dévouée et prévenante que revêche.
Un garçon à tout faire attaché au manoir, beau et pas sot.
Un gardien de cimetière qui en sait beaucoup.
Une flutiste genevoise qui donne des cours particuliers.
Un impénétrable sanatorium dans les montagnes Suisse.

Grace au souffle poétique de l'auteure, une multitude d'images affluent : les robes à crinoline, les mouchoirs brodés, les parquets cirés, les chevaux sellés, le cuivre patiné, les rideaux lourds et la lumière fondue de la forêt d'Or. Mais aussi les secrets, les faux semblants, les malaises, les troubles et les confusions, les mensonges et l'amour. le vrai, le déçu, le caché, l'interdit.

« Aimée – quel prénom bien choisi, les lettres se formaient, majuscules, brûlantes, oui, elle l'abandonnait à une vie que tous ces autres élèves connaitraient aussi, épouse, mère, femme d'un homme puissant, est-ce cela qu'on appelle réussir, se demandait-elle. »

Cette histoire pathétique m'a tenu en haleine tant par sa ténébreuse intrigue que par la vie étouffée de l'héroïne à la souffrance muette.

« Sa voix était comme une porte claquée par le vent, elle battait au grand air, désespérée. »

Sans orgueil ni préjugés, Cécile Coulon signe un roman qui avec persuasion transforme une fictive Emma en une douce Aimée et transporte avec le coeur et la raison son drame de Grande-Bretagne en France. It's a joke.


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Cela faisait deux fois que j'hésitais à ouvrir ce livre.. et puis ..telle l'araignée tissant sa toile..de fil en aiguille, je me suis littéralement faite happer par la plume de cet auteur. !..

Elle a le don de "l'instantaniété " pour camper une ambiance particulière..Nous sommes au XIXe siècle, à s'enfoncer avec elle dans la profonde forêt Jurassienne, dans le domaine forestier d'un riche propriétaire terrien sans problème..de manière sibylline, les personnages prennent forment, ..une histoire de famille à la campagne où tout le monde se côtoie, là où les taiseux et les secrets de famille sont tenaces et prennent place dans ce roman, ..d'un côté un jeune homme veuf, de l'autre une jeune femme de dix-huit ans à marier, des paysans, la campagne. ainsi se passe ce mariage arrangé..ce couple installé dans une grande et belle maison, le mari occupé et pétri de froideur, mais soucieux de son bonheur conjugal, la maitresse de maison esseulée, tourmentée,.. la solitude comblée par la musique..et l'ombre de la défunte qui plane dans la demeure.

.Aïe..!!.ai-je déménagé chez Flaubert ? est ce que cette histoire présage d'une Emma Bovary ou d'une Lady Chaterley?..et bien que nenni justement c'est bien là tout le talent de l'auteur ! .à vous de découvrir le reste!.

Evidemment des mystères qui feront de ce roman une énigmatique balade rondement menée par une écriture fluide et captivante.
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Seule en sa demeure est un roman qui se laisse lire.

L'atmosphère est particulière : à la fois délicate car le roman est porté par Aimée, jeune fille de bonne famille, douce et naïve mais également lourde par le caractère secret et sombre de sa nouvelle demeure.
Au début du roman, Aimée épouse Candre, un homme droit et pieux, qui a souvent côtoyé la mort, celle de sa mère alors qu'il était tout jeune, et celle de sa toute jeune première épouse.

Si le début du roman semble s'éterniser en longueur, le lecteur se laisse cependant porter par ce mystère qui s'épaissit autour des personnages de Candre, d'Henria, la bonne qu'il considère comme sa mère et d'Angelin, le fils d'Henria à qui on a coupé la langue.

J'ai bien aimé ce mélange subtile de délicatesse et d'horreur cachée. Cette façon pudique de sous entendre l'atrocité en la touchant du bout des doigts.

Le personnage de la professeure de flûte d'Aimée ajoute également à la beauté toute en retenue du roman.

Et l'on remercie bien sûr le cousin d'Aimée , Claude, pour sa franchise et sa légèreté, apportant à ce roman sensible et angoissant, une pointe d'humour bienvenue !

A lire ?
Oui...
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