Le chamane du bout du monde

Une fiction préhistorique très sympathique .

Les amateurs de préhistoire peuvent ressentir le besoin ( un peu romantique ) de lire parfois des fictions qui ressuscitent ces environnements ( culturels .. climatiques .. géographiques ) préhistoriques ... : c'est mon cas .. je l'avoue ...

Les auteurs de fictions préhistoriques appréhendent ce genre avec des styles , des approches théoriques très différentes et évidement leur discours mobilise des hypothèses qui sont triées ...

Ce roman est sympathique .Les personnages sont bien cernés et ils ne passent pas leur temps à grogner.
On voit du pays : En gros du sud du Périgord , à la Provence ( en suivant la vallée du Rhône ) .
L'auteur connaît bien les cotes de la méditerranée préhistorique ..

L'auteur est archéologue sous-marin et coauteur d'un superbe bouquin sur la grotte de Coquer .
Du point de vue documentaire : ce que j'ai adoré dans cette fiction , c'est la description fouillées des modes de vie côtiers et notamment les extrapolations de bon sens qui enflamment l'imagination.

Des extrapolations nécessairement , à cause de la disparition quasi systématique des sites côtiers du fait du recul des côtes marines d'environ 40 km depuis le paléolithique , invasions et transgressions marines ..

Le champ de prédilection de l'auteur a cependant longtemps été le néolithique provençal .
Jean Clottes , l'auteur de : Les chamanes de la préhistoire a manifestement beaucoup influencé l'auteur . Un peu trop peut-être ….

Ce roman est un peu trop court c'est son seul défaut .
De ce fait le lecteur y perd un peu du point de vue documentaire .
Le chamanisme est ici un peu trop simplifié et ce texte est aussi un peu ( un peu seulement ) trop élagué du point de vue romanesque .

Sinon ce roman ( que j'ai eu beaucoup de plaisir à parcourir ) est néanmoins très représentatif de ce que j'ai tendance à qualifier " d'idéologie chamanique en préhistoire " ..

Un bon moment dans un paléolithique un peu trop misogyne à mon goût .
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Une autre fiction préhistorique pas très connue que je recommande sans retenue : le rêve du mammouth de Rachel Tanner c'est excellent .. Faites une recherche Google .

Le chamane du bout du monde, c'est Roud. Un jeune homme préhistorique bien sous tous rapports qui se retrouve exclu de son clan pour les beaux yeux (verts) de Leti.

S'en suit pour les deux tourtereaux cro-mignons un long périple le long du Rhône et sur le Côte méditerranéenne. Au programme : chasse à l'arc ou à la sagaie, rencontre avec le clan du Megaceros ou les Varouanaïs, transe dans les grottes sacrées, découvertes de nouveaux lieux, de nouveaux outils ou de nouveaux repas, et aussi un peu de sexe et beaucoup d'amour...

J'ai apprécié la multitude de détails sur la vie quotidienne et la spiritualité de ces hommes et femmes : description des peintures dans les grottes et des rites qui s'y déroulaient, mais aussi des vêtements, de la nourriture, des armes, des animaux, de l'organisation sociale, du troc, des abris... L' auteur est un préhistorien de talent, et ça se sent. Il a en outre pris la peine dans le glossaire final de définir les termes techniques et de distinguer la vérité scientifique de la fiction.

Après, c'est peut-être aussi un homme qui a des fantasmes un brin machos et qui les a assouvis dans son roman... J'imagine bien que le féminisme n'était pas un concept très à la mode pendant la préhistoire, mais Roud qui tape Leti pour la faire changer d'avis à chaque dispute, j'ai trouvé ça un peu fort de mammouth !

En ce temps-là l'homme était un animal comme les autres. Avec l'obsession de la quête de sa nourriture au quotidien. Mais aussi avec la peur de devenir lui-même la proie de mieux armé que lui en matière de griffes et crocs. Le chasseur-cueilleur de l'âge de pierre, détaché de toute idée de possession, ne briguait rien d'autre que la suprématie sur un territoire de chasse qu'il disputait à la panthère, au lion des cavernes ou encore au loup, animal grégaire comme lui.

Quand Roud et Léti sont chassés de leur clan pour avoir enfreint la règle qui interdit de déranger les animaux-esprits tapis dans la caverne sacrée, devant l'immensité souvent hostile d'une terre qui en ce temps-là n'est que nature, la solitude les étreint. On le conçoit sans peine. Conduits par intuition à se diriger vers la Grande-eau, dont on comprend qu'il s'agit de la Méditerranée, après avoir descendu le grand fleuve ils accostent à bord d'un radeau de fortune un jour d'éclipse solaire. Ils sont alors perçus par la tribu autochtone côtière comme des êtres supérieurs guidés par l'esprit de la Grande-eau. Roud ne les détrompe pas. Il devient alors à leurs yeux le chamane du bout du monde.

Nos ancêtres de ces temps reculés étaient-ils doués de sentiments. Étaient-ils, dans leur rusticité, enclins aux épanchements amoureux en particulier. Sans doute. Cela fait partie de ce qui les distinguera des espèces animales qui elles resteront au stade de l'émotion, du ressenti fugace. Jean Courtin exploite cette différenciation de la capacité à éprouver des émotions durables pour construire une romance entre Roud et Léti, puis Naomi, cette dernière faisant émerger le ressentiment de la jalousie. Comment exprimaient-ils ces sentiments ? Avec des minauderies, des regards en coin, des visages rougissants, des paroles timides ou bien des brusqueries de bêtes en rut ? Difficile à déterminer avec les seuls vestiges exhumés ça et là qui témoignent de leur passage sur terre.

Peu averti que je suis de la chronologie des niveaux d'évolution de l'espèce humaine au travers des âges, j'ai toutefois perçu dans ce roman, peut-être à tort, comme un peu trop sophistiqué le discours qui s'établit entre les tourtereaux préhistoriques, même si cette sophistication est tempérée sans plus de formalité par des brutalités toutes masculines, propres à restituer chez l'homme le caractère mâle dominant. Mais il est vrai que le chamane du bout du monde reste un roman. Que dans le genre il n'est point de fausseté et puis surtout qu'un langage fait de grognements et autres borborygmes, genre dialogue de L'odyssée de l'espèce, ne serait sans doute pas très vendeur pour les adeptes de Babelio.

Le chamane du bout du monde est le type même d'ouvrage qui prête à réfléchir sur la condition qui a été celle de nos lointains ancêtres, nous autres du 21ème siècle à qui tout est dû, qui nous écartons de la nature au point de la mépriser et revendiquer le soleil comme fraction de ce dû pour partir en vacance.

Le chamane du bout du monde est un moment de lecture captivant. N'est-il pas écrit par un préhistorien émérite, auteur par ailleurs de la plus belle histoire de l'amour.

C'était il y a 20000 ans. Roud et Léti sont chassés de leur clan pour avoir offensé les esprits. Ils traverseront la vallée du Rhône, affrontant plusieurs périls, pour rejoindre le littoral méditerranéen (la Grande Eau) qu'ils ne connaissent pas et apprendront à vivre une vie à laquelle ils ne s'attendaient pas.

Même si Jean Courtin est d'abord un préhistorien, spécialisé dans la recherche sous-marine, il est parvenu à rédiger un roman intéressant, presque pédagogique par moment, sans tomber dans le travers d'étalage d'informations scientifiques. de ce fait, le lecteur apprend beaucoup de choses assez facilement et l'intrigue du récit garde en haleine tout au long des pages.

Impossible de ne pas penser à Jean Auel et ses Enfants de la terre en ouvrant un roman préhistorique. Et le roman de Courtin souffre un peu de la comparaison tout de même.
En effet, certains dialogues m'ont gênée, car ils m'ont semblé trop "modernes". Est-ce que les hommes préhistoriques se disaient réellement entre eux qu'ils allaient combattre un autre clan car leurs membres étaient "méprisables"? Je dois avouer que j'ai un peu calé sur ce mot sorti de la bouche de Roud et que j'ai lu la suite avec un oeil sans doute plus critique qu'il n'aurait fallu.
De même, j'ai le sentiment que l'auteur a vraiment très très simplifié le chamanisme quand on repense au parcours initiatique d'Ayla.

Cela n'empêche pas que le Chamane du bout du Monde reste un très chouette roman préhistorique à conseiller à toutes les personnes qui souhaiteraient se plonger dans un tel récit sans affronter les 6 tomes d'Auel.

Un très bon livre avec une intrigue intéressante et des personnages attachants. Ce qui fait pour moi d'un livre historique un livre intéressant c'est quand on arrive à se mettre à leur place malgré l'époque qui nous sépare et c'est exactement ce qui se passe ici. de plus un autre bon point c'est le déroulement sur plusieurs années de l'intrigue.
Dans une autre époque on peut rapprocher ce livre de la dame du palatin un autre roman historique que je conseille.