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3,43

sur 123 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comme l'indique la quatrième de couverture, Chantal Creusot nous propose une chronique sociale au coeur du vingtième siècle, en Normandie. La guerre est présente, apportant son lot de deuils. Mais le récit s'articule surtout sur les relations familiales et extra-conjugales des personnages. Car l'on aime passionnément mais pas longtemps : les unions qui découlent de ces sentiments fugaces sont peu solides et se consolent dans les relations adultères. Lorsque la fougue de la jeunesse se calment, les moeurs se rangent pour se calquer sur les modèles sociaux traditionnels : peu de révoltes et peu de conduites ouvertement déviantes : tout se fait dans le secret des alcôves.
L'ambiance est assez sombre : veuvage précoce, orphelins, enfants qui "tournent mal", suicides....l'heure n'est pas à la fête en province au sortir de la guerre.

Il n'est pas simple d'assimiler les filiations et les relations qui unissent ou opposent les nombreux personnages ( on découvre un peu tard le tableau synoptique...après la dernière page! ) ce qui ralentit beaucoup la lecture pendant au moins la moitié du roman.

Par ailleurs, il est fort probable que l'ensemble ne résistera pas longtemps aux caprices de la mémoire, car le sujet n'a pas assez de relief pour laisser des traces à long terme


Enfin, et ce sera le seul point réellement positif, l'écriture est élégante, l'auteur manie les concordances de temps avec adresse, ce qui donne de la vie au récit.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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À travers son unique oeuvre puisqu'elle est aujourd'hui décédée, Chantal Creuzot nous livre la chronique douce amère de la vie de province normande de l'entre-deux guerres aux années cinquante.

"Au début des années cinquante, sur les côtes du Cotentin, vivaient à la lisière d'un bois, dans une sombre maison délabrée, une femme et son enfant. Jamais personne ne leur rendait visite. " C'est ainsi, à la manière d'un conte, que s'ouvre le roman inattendu et foisonnant qu'est Mai en automne . Cette femme, c'est Marie : une fille de ferme, simple, rude et insaisissable. Un peu sauvage pour les uns, un peu folle pour d'autres, victime de l'atavisme familial pour tous. Lors d'un des nombreux bombardements qui accompagnent le débarquement des Alliés, elle recueille chez elle, pour une nuit, Solange, jeune femme enceinte dont la maison a été en partie soufflée. Ce qui a conduit Solange dans la solitude de cette campagne si éloignée de sa jeunesse citadine et élégante, c'est sa relation passionnelle avec Simon, jeune avocat guidé vers elle bien involontairement par sa soeur Michelle, résistante comme lui. Il y a aussi leurs parents, dont les histoires ont façonné leurs enfants et déterminé, au moins en partie, leurs modes de fonctionnement relationnel. Il y a encore Marianne, l'amie de Solange, qui s'affiche comme une fille légère pour provoquer son chef de clinique de père. Et aussi Camille, jeune paysan passionné de lecture mais falot et asocial, Hélène, femme du procureur au charme assumé et consommé, Lucile, mère de Marianne et femme blessée…

Difficile de présenter un roman dont les personnages principaux dépassent la dizaine, dont le style relève tour à tour du roman psychologique, de la saga familiale, du roman historique ou du roman d'initiation et dont l'action s'étend sur trois générations. Par contre, plaisir assuré pour le lecteur avec cette luxuriance canalisée par une écriture simple et une narration maîtrisée, avec ces trajectoires singulières qui se croisent, se heurtent ou s'évitent, avec cette capacité indéniable de Chantal Creusot à décrire très délicatement les sentiments, les blessures et les désirs de ses personnages. Car, peut-être plus que tout autre chose, Mai en automne est un roman du désir amoureux, de sa consommation et de son délitement, de sa perversité parfois. Un premier roman très réussi. Dommage, il n'y en aura pas d'autres…

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Chroniques de la vie provinciale normande pendant l'entre-deux guerres : les familles s'observent, se côtoient, les adolescents s'effleurent, se marient sans se connaître, puis fabriquent un enfant en ignorant le mode d'emploi, se lassent, s'aigrissent... Les tragédies surviennent dans les bourgs paisibles exposés aux ragots... Chantal Creusot sonde les désastres conjugaux et familiaux d'une société confinée, coincée dans ses préjugés et le qu'en-dira-t-on, en s'attachant à Marie, une jeune servante de ferme innocente et insaisissable... Un beau et unique romand d'une auteure disparue en 2009. On dirait presque du Flaubert...
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J'ai lu "Mai en automne" de Chantal Creusot, et j'ai bien aimé... On est quelque part dans le Cotentin, dans les années qui entourent la seconde guerre; Il y a Solange, l'amoureuse de Simon, rigide avocat qui s'enflamme à ses cotés; il y a Marianne, belle et intelligente, mais qui couche avec n'importe qui rien que pour faire rager ses parents; Il y a aussi Camille, fille d'alcooliques un peu simplette, qui se retrouve enceinte d'un officier allemand; Il y en a encore plein d'autres, qui forment cette société française de province de l'avant et l'après-guerre, et qui tentent de faire avec... Vous l'aurez compris, on est ici devant un livre "chorale", qui ne raconte pas vraiment une histoire mais des histoires, qui s'entremêlent au gré des amours et des drames de chacun. C'est un roman un peu désuet, qu'on dirait d'une autre époque, mais avec beaucoup de charme et de nostalgie. C'est en plus l'unique livre de son auteure, décédée prématurément en 2009, ce qui ajoute encore à ce sentiment de singularité. Bref, un beau livre, avec en plus une des superbes couvertures des éditions Zulma que j'aime beaucoup.
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L'écriture est très belle,fine et délicate, mais je me suis tellement ennuyée en lisant ce livre que j'ai bien peur de ne pas le noter de façon très objective. Je n'arrivais pas à suivre les personnages, à m'y attacher... j'ai eu l'impression de traverser les pages dans un brouillard.
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C'est un roman étrange que ce "Mai en automne", dont le titre ne se comprend que dans les toutes dernières pages. Étrange car il propose une galerie de portraits d'hommes et de femmes, de personnages globalement assez sombres, en souffrance affective, cherchant l'amour, rencontrant le plus souvent déception et désillusion. Aucun ne se détache vraiment, ou alors résonne en fonction de la sensibilité de chacun - pour moi, ce sera Marie et Marianne.
On suit les personnages sur quelques décennies, il n'y a pas vraiment d'événements mais plutôt des saisons qui passent, des époques qui se succèdent, des protagonistes qui vieillissent, des passions qui s'étiolent. C'est un roman sur le temps, sur les rencontres qui ne se font pas, les histoires qui sombrent mais aussi sur la difficulté à grandir, à se confronter au réel. Étrange aussi, parce que tout le long, je me suis demandée où voulait en venir la romancière...
Difficile à raconter donc. J'ai particulièrement apprécié le style et le climat instauré par Chantal Creusot, les histoires singulières de ces personnages et le contexte d'après-guerre croqué par petites touches. Un joli roman, pas gai cependant.
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Ce court roman de Chantal Creusot est une sorte d'étude des formes que peut prendre la passion et de ses effets sur le comportement humain. L'auteure, décédée en 2009 après n'avoir écrit que ce livre, examine la naissance de l'amour, son évolution jusqu'à la plénitude, son inévitable érosion jusqu'à l'indifférence, au mieux, ou à la haine.

Les personnages les mieux évoqués sont féminins :
Il y a la vieille fermière qui a embauché Marie comme servante. Elle finit par prendre sous son aile cette jeune fille un peu simple et taciturne, devenue mère après avoir « fait une promenade dans le bois » avec un soldat allemand. Elle la défendra quand on viendra la tondre. Et sera désespérée de sa mort brutale.

Il y a aussi Solange, amoureuse de Simon, tandis que sa soeur Michelle milite au parti communiste. Passionnés, emportés et heureux, Solange et Simon feront l'amère expérience du désamour, inéluctable.

Il y a Marianne Vuillard, jeune fille qui cherche tous les moyens de défier son père, dans un vague relent oedipien,

Les visages d'hommes ne manquent pas non plus d'intérêt : le résistant Simon, amoureux déçu quasiment dès le mariage, Camille, qui aurait bien voulu être le nouveau compagnon de l'énigmatique Marie

Situé en Normandie dans l'immédiat avant et après-guerre, ce livre n'est pas sans évoquer les langueurs du bovarisme, le pittoresque des évocations de la société vue par Balzac voire, pour ce qui concerne Marie, certaines pages De Maupassant. Difficile comparaison, que Chantal Creusot peut se flatter de soutenir grâce à la fermeté de son écriture et à la richesse de ses évocations psychologiques.

Critique:

« Mai en automne » est une sorte de reconstitution des moeurs de la société normande de l'immédiat avant à l'immédiat après-guerre. La bonne bourgeoisie faite d'avocats, médecins, procureur, se rencontre lors de « dîners » où se nouent des intrigues sentimentales. En règle générale, les épouses sont mornes et vieillies prématurément, trompées – en le sachant obscurément- par des époux ennuyés à la recherche d'un ailleurs mal défini. le désamour est là, sans aboutir à la rupture qui au moins mettrait un peu de vie dans ces existences moroses. Car ce qui ressort de ces scènes de la vie de province, c'est bien l'ennui. Toute carrière accomplie, devoir conjugal rempli, mission de vertu et de dévouement à la famille exécutée par les femmes, que reste-t-il ?
La chair est triste et pas le moindre sourire ne vient égayer les rencontres furtives, les retrouvailles tardives après les blessures de la vie.

Qui parle de passion dans ce livre ? Personne. La gamme des émotions et sentiments en demi-teinte est jouée sans jamais parvenir aux accords majeurs de la vraie passion, celle qui dévaste et enchante, celle qui pousse aux pires imprudences. Tous ces notables sont d'une prudence et d'un conservatisme de notaire de province... Tous, sauf deux : Marianne, fille du docteur Vuillard, qui vit une passion secrète et presque incestueuse pour son père qu'elle accompagnera jusqu'à la fin. Sauf aussi, de façon plus saine, Hélène, épouse d'un procureur bien compréhensif, passion devenue amour et tendresse pour le même docteur Vuillard devenu vieux.

La mort s'invite au fil du roman, sans jamais dévaster vraiment ceux qui doivent affronter le deuil. Après un moment de sidération, chacun, chacune reprend sa place dans « le monde », jusqu'à réaliser un rêve d'adolescente quand il s'agit de Lucile, veuve du docteur, qui sort de son enfermement psychologique pour parcourir le monde et, peut-être, découvrir un sentiment partagé. Finalement, seule la fermière semble ensuite être habitée par le chagrin après la mort de sa servante Marie dont elle recueille le fils. Et seul son fils Camille semble vraiment fou d'amour pour cette même étrange Marie. Les grandes émotions seraient-elles l'apanage des pauvres ?

le monde de Chantal Creusot n'est pas gai, teinté d'un romantisme triste qui évoque bien sûr Flaubert et Balzac, voire Maupassant pour ce qui concerne les personnages de servantes et de paysans, la truculence en moins. le passé n'est pas gai, l'avenir n'augure rien de meilleur quand on voit qu'Eric, petit garçon de six ans, pour se faire accepter d'une bande de galopins (qui savent rire, tiens, ceux-là!) est prêt à jouer le rôle du pendu dans un jeu, allant même jusqu'à leur fournir la corde !

D'une écriture presque neutre à force de retenue (on lirait certains passages à voix haute d'une voix blanche, comme certaines voix off du cinéma de la Nouvelle vague), ce « Mai en automne » aurait aussi bien pu s'intituler « Les désenchantés » Jusqu'aux ciels de Normandie qui ne parviennent jamais à vibrer d'un peu de lumière et de couleur ! Même la mer semble immobile !

Un livre intéressant et doux, délicat et fragile comme une aquarelle. A ne pas lire tout de même un jour de morosité...

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Ne vous y trompez pas, ce n'est pas le Cotentin que vous rencontrerez en lisant ces pages mais bien plus !
Des tranches de vies qui se mêlent à l'instar des nôtres, des amours, des passions, des petits riens qui veulent dire beaucoup, bref la vie qui continue, pérenne.

Une écriture svelte et classique, un livre dont on ressort plus vivante encore, regrettant qu'il soit le premier et le dernier de cette auteur flaubertine.

Marie B.
Lien : http://librairielefailler.bl..
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J'attendais beaucoup de ce livre, et j'ai été beaucoup déçue. Peut-être m'en faisais-je une idée fausse, mais je n'ai pas ressenti de coups de coeur que d'autres lecteurs ont pu ressentir.
Je commencerai cependant par ce que j'ai aimé, à savoir le personnage de Marie, la servante. Des Marie, il en existe beaucoup en Normandie, en Picardie, ces jeunes filles pas tout à fait comme les autres, victimes de l'alcoolisme de leur mère. Elle se laisse portée par la vie, indifférente à ce qui l'entoure, sauf à son fils, qu'elle protège de son mieux jusqu'à sa mort prématurée. Heureusement pour lui, heureusement pour Marie, sa patronne est une forte femme, qui sait ce qu'elle veut, qui a tenu tête aux autres pour Marie, et qui se démène pour garder auprès d'elle le jeune orphelin. Il est dommage que tous les autres personnages ne soient pas de cette force.
Ah, si, Hélène, mais dans un tout autre registre : cette bourgeoise mal mariée (comme presque toutes les femmes de ce roman) mène sa vie amoureuse comme elle l'entend. Elle est d'une franchise désarmante avec tous et il est dommage que cette femme, entière, passionnée, n'ait pu vivre jusqu'au bout l'histoire d'amour qu'elle méritait.
Et maintenant, il me faut bien parler de ce que je n'ai pas aimé, c'est à dire l'ensemble des autres personnages féminins. Issue de la bourgeoisie, destinée à faire un bon mariage dans leur milieu (hors de question de déchoir, elles n'y pensent même pas), elles sont toutes extrêmement falotes, n'ayant strictement aucun centre d'intérêt dans la vie, la regardant passer, le sourire aux lèvres ou le visage éteint. Michelle, la militante communiste, aurait pu se sortir de ce milieu – elle se refuse à avoir des enfants, parce qu'elle ne croit même pas en ce qu'elle professe. Marianne met un point d'honneur à pourrir le mariage et la vie de ses parents, à devenir celle par qui le scandale arrive. J'en suis au point où j'ai de l'affection pour sa mère, jeune fille déracinée, incomprise par son mari, y compris dans son désir de maternité. Peu d'enfants dans les familles bourgeoises – question d'héritage ou de mort prématurée.
Restent aussi les années de guerre, qui passent dans une indifférence presque générale. Les allemands sont là, on vit avec eux, sans trop collaborer. Les allemands s'en vont, les américains débarquent, on s'en accommode. Un seul résistant paie de sa vie son combat : Simon, mari de Solange, qu'il n'aimait plus. Son héroïsme est accueilli presque dans l'indifférence, sauf par son père, qui se rend compte à quel point il ne connaissait pas son fils. Il ne s'en est pas donné la peine, comme presque personne ne se donne la peine de veiller sur les enfants, qui poussent plus qu'ils ne grandissent. Les nombreux retours en arrière permettent de mieux connaître les personnages, mais comme je ne m'attendais pas à ses sauts dans le temps, aux limites imprécises, j'ai parfois été gênée pour remettre dans le bon ordre les différentes parties du récit.
Mai en automne, ou un rendez-vous manqué avec un roman mélancolique et désenchanté.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Chronique de la vie d un village pendant et après la guerre. Étude des personnages avec leurs problèmes de couple leurs drames leurs amours leurs amitiés leurs petites joies leurs habitudes... C est bien écrit mais au final cela manque un peu de relief.
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