Non, non, ce roman ne parle pas de la mesure d'isolement pendant une maladie.
C'est de la crise de
la quarantaine qu'il s'agit ici, et uniquement des hommes. Uniquement des bourgeois. Uniquement dans les années 50 et 60.
Et ma foi, l'auteur,
Jean-Louis Curtis, a bien détaillé ce monde-là.
Il a publié ce roman en 1966, et l'on remarque bien la mentalité de l'époque. Lui-même l'a décrite sous ce prisme. Les hommes gouvernent le monde, les affaires, les femmes sont souvent reléguées au rôle de mère de famille. le patriarcat règne en maître, quoiqu'en dise l'auteur, « féministe » (son interview est publiée dans le livre).
Disons que le lecteur contemporain est obligé de prendre une certaine distance avec ce qui se dit et ce qui se fait. Nos valeurs ont bien changé, du moins je l'espère, parce que ce milieu précis, dans les années 50 et 60, prônait le culte de l'apparence, du moins chez les plus âgés.
Ceci, c'est pour l'aspect sociologique. Une bonne photographie de la bourgeoisie de province.
L'aspect psychologique, maintenant. C'est l'homme qui est décortiqué. Sa peur de vieillir, de ne plus séduire. Sa peur de n'avoir rien fait de sa vie. Sa peur du néant qui l'attend. Sa haine de la jeunesse dont il ne fait plus partie, de ses codes, de sa musique et de sa façon de s'amuser, et en même temps son attraction pour la chair fraiche. Son rejet de la modernité.
Le couple est bien entendu analysé, toujours sous le point de vue masculin. Et ma foi, l'auteur n'est pas entièrement pessimiste.
A travers l'histoire de deux familles auxquelles vient se greffer un couple de bourgeois parvenus, et par l'intermédiaire de dialogues et de monologues intérieurs, nous assistons au déclin de l'homme…pour mieux renaitre ?
Intéressant, pour tout qui ne craint pas de s'enfermer dans un monde révolu durant 250 pages.