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Citations sur La passe-miroir, tome 2 : Les disparus du Clairdelune (446)

« – Attendez, murmura Ophélie en sortant la montre à gousset de la poche de son manteau. Avant que vous ne partiez, je voudrais vous rendre ceci. Vous en avez plus besoin que moi et, de toute façon, je ne la lirai pas. J’ai choisi de vous faire confiance, à vous et pas à votre montre.
Assurément, ces paroles auraient été du plus bel effet si la voix d’Ophélie ne s’était pas évanouie sur les derniers mots. Elle venait de remarquer que l’aiguille des secondes ne pulsait plus.
– Je... je ne comprends pas, bégaya-t-elle, tandis que Thorn refermait son poing autour de la montre avec une expression crispée. Je l’ai remontée encore ce matin... Un grain de sable a dû gripper le mécanisme.
Ophélie se sentit parfaitement idiote. Son intention avait été de l’amadouer, pas de le fâcher pour de bon.
– Mon grand-oncle peut guérir n’importe quel objet, dit-elle gauchement. Tout bien considéré, vous devriez me la laisser encore un peu.
Thorn se pencha dans un interminable mouvement vertébral, mais il ne lui rendit pas la montre. À la place, il posa sa bouche sur la sienne.
Ophélie écarquilla les yeux, le souffle coupé. C’était un baiser absolument inattendu qui la plongea dans un état de stupeur. Incapable de réfléchir, elle perçut en revanche toutes les sensations environnantes avec une acuité nouvelle : le clapotis de la pluie sur les pierres, le vent empêtré dans sa robe, ses lunettes qui s’enfonçaient dans sa peau, les cheveux mouillés de Thorn contre son front, la pression maladroite de ses lèvres. Et soudain, alors qu’elle prenait enfin conscience de ce qui était en train de se passer, Ophélie fut saisie d’un violent vertige. »
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«  – Le problème n’est pas ce que j’ai fait, mais ce que je n’ai pas réussi à empêcher. J’allais vous demander de me passer Thorn, mais c’est inutile, ajouta Archibald sur un ton anecdotique. Il fonce droit sur vous.
Ophélie n’eut pas le temps de se retourner que le combiné lui fut arraché des mains.
– Qui est à l’appareil ? demanda Thorn d’une voix autoritaire.
Il était si haut perché sur ses jambes qu’Ophélie dut grimper les marches de l’escabeau pour se
hisser à la même altitude que lui. À la crispation musculaire qui se propagea dans ses mâchoires, elle comprit que toute sa concentration était désormais consacrée à son interlocuteur téléphonique. »

« Juchée sur l’escabeau, Ophélie eut une vue imprenable sur les yeux de Thorn, d’ordinaire si étroits, qui s’écarquillaient avec lenteur. »

« Le grand corps de Thorn tituba sur le côté, comme s’il avait été déséquilibré par un coup porté en
pleine figure. L’onde mentale de Farouk s’était propagée avec une telle violence qu’Ophélie elle- même sentit ses oreilles bourdonner comme des cloches. Elle entendit à peine les applaudissements des nobles aux balcons et l’exclamation horrifiée de Berenilde. En revanche, elle vit très distinctement le sang jaillir du nez de Thorn.
– Je ne suis pas venu pour cela, répéta Farouk. Je veux lui parler à elle.
Si chaque muscle de son corps n’avait pas été tétanisé, Ophélie aurait sérieusement envisagé de s’enfuir par le premier miroir venu. Incrédule, elle vit Thorn ramasser l’épaulette d’or qui s’était décrochée de son uniforme, sortir un mouchoir et tamponner ses narines avec autant de calme que s’il essuyait un simple rhume.
– J’ai eu vent des piètres performances de ma fiancée sur scène. Je m’emploie à lui trouver une autre occupation. Je vous demande de m’accorder encore un peu de temps. »
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« Sans lever le nez de son catalogue, Thorn sortit sa montre à gousset et, au lieu de consulter l’heure, il la serra énergiquement dans son poing.
– Vous m’avez voulu honnête avec vous. Vous apprendrez donc que vous n’êtes pas pour moi qu’une paire de mains. Et je me contrefiche que les gens me trouvent douteux, du moment que je ne le suis pas à vos yeux. Vous me la rendrez lorsque j’aurai tenu toutes mes promesses, maugréa-t-il en tendant sa montre à Ophélie sans remarquer son expression ahurie. Et si vous doutez encore de moi à l’avenir, lisez-la. Je vous téléphonerai bientôt au sujet de votre cabinet, ajouta-t-il négligemment en guise d’au revoir.
Ophélie traversa le miroir, puis regagna son lit, dans l’atmosphère brûlante du gynécée. Elle contempla la montre de Thorn qui pulsait comme un cœur mécanique et sut que cette nuit encore elle aurait du mal à trouver le sommeil. »
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« Lorsque Berenilde avait surpris le chevalier accoudé à la baignoire d’Ophélie, elle était devenue livide et, incapable de contenir plus longtemps son pouvoir, elle l’avait projeté à l’autre bout du couloir. Lorsqu’il s’était relevé, très choqué, ses épaisses lunettes étaient cassées.
– Si vous vous en prenez à cette enfant, avait sifflé Berenilde, je vous tuerai de mes propres griffes. Allez-vous-en et ne réapparaissez plus jamais devant moi.
Le chevalier s’était alors enfui du gynécée, décomposé de rage et de chagrin, et n’y était plus revenu ni le lendemain, ni les jours suivants. Ophélie, quant à elle, ne vit plus jamais Berenilde de la même façon. Cette femme difficile, qui lui avait bien souvent mené la vie dure, l’avait défendue comme sa propre fille. »
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« – Je vous donne rendez-vous. Un rendez-vous officiel, de futur mari à future épouse. Vous me recevez toujours ?
– Oui, oui, je vous reçois, bredouilla-t-elle. Mais enfin, pourquoi nous voir ? Je viens de vous dire...
– Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’être ennemis, trancha Thorn. Vous me compliquez la vie avec votre rancœur, nous devons impérativement nous réconcilier. »
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- Et vous, vous me détestez encore ?
- Je crois que non. Plus maintenant.
- Tant mieux, grommela Thorn entre ses dents. Parce que je ne me suis jamais donné autant de mal pour ne pas être détesté de quelqu'un.
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- je tiens des Imaginoirs. Des établissements d illusions coquines, si vous préférez. J ai appelé les miens les délices érotiques et, croyez-moi, je ne les destine pas qu à ces messieurs.
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- Je ne crois ni en la chance ni au destin, déclara-t-il. Je ne me fie qu'à la science des probabilités. J'ai étudié les statistiques mathématiques, les analyses combinatoires, la fonction de masse, les variables aléatoires et elles ne m'ont jamais réservé de surprises. Vous ne semblez pas bien mesurer l'effet déstabilisant que peut produire quelqu'un comme vous sur quelqu'un comme moi.
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Une larme coula sur la joue d'Ophélie. Les mots de Thorn lui creusaient un vide abyssal dans le corps. Elle savait avec un absolue certitude qu'à l'instant où ils se sépareraient, elle ne connaîtrait plus jamais la chaleur.
Thorn déglutit contre son épaule.
- Ah, au fait : je vous aime.
Ophélie s'étrangla dans un sanglot. Elle ne parvenait plus à parler. Respirer lui faisait mal.
Les mains de Thorn se perdirent dans la masse épaisse de ses boucles. Son souffle se fit plus court. Il serra son corps contre le sien, aussi près que c'était physiquement possible, puis il se dégagea d'elle avec une vivacité presque brutale.
Il se racla la gorge, soudain enroué.
- C'est... c'est un peu plus difficile que je ne le pensais.
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Ophélie dissimula sa gêne derrière un coup de mouchoir. Thorn attendit qu'ils soient enfin seuls pour baisser sur elle un regard hivernal. Ses cheveux ébouriffés par le vent et luisants d'humidité lui donnaient l'air plus hérissé que jamais.
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