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EAN : 9791090971219
152 pages
Les défricheurs (01/01/2024)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Budweis, Tchécoslovaquie, fin des années 1960 : Zdeněk Drahoš aime le trolley, son trolley et rien que son trolley, au grand dam de sa femme. Mais la post-modernité socialiste, téléguidée depuis Moscou depuis l'invasion des troupes du pacte de Varsovie, c'est le bus ! Ainsi en décide la nouvelle direction du Parti qui, depuis les sanglantes représailles des manifestations antirusses, le jour anniversaire de l'invasion, a resserré les boulons. Alors on réforme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je connais mal la littérature tchèque. Juste Karel Capek. Et je connais à peine davantage la littérature des pays d'Europe centrale ou de l'Est. J'ai lu Kafka ou Kundera ou Lem, et quelques autres. Je retrouve chez Martin Danes quelques bribes de ces auteurs. Il y a un humour d'autodérision, une façon d'aborder les choses graves de manière légère et les choses légères de manière grave. On peut badiner avec le communisme, nous dit Martin Danes.

D'un côté, Zdenek, conducteur de trolley à Budweis. de l'autre, Frantisek, le responsable local du parti communiste à Budweis. le premier est stupéfait de voir des chars russe dans les rues de sa ville en cet été1968. le second se distancie de Dubcek, responsable des dérives libérales du pays. Mais à Budweis, pas de troubles. Un calme paisible. Sauf Zdenek qui ne peut pas se faire à l'idée de perdre son job de conducteur de trolley. Pire ! Il ne peut pas imaginer l'arrêt des trolleys et le démantèlement des lignes électriques. Il ira même jusqu'à manifester tout seul avec sa pancarte, suscitant l'émoi de Frantisek qui souhaite le calme dans sa ville. le calme est synonyme de promotion au sein du parti.

Quelques moments forts, caustiques, amers... quand Zdenek rencontre une à une les personnes jugées responsables de l'impitoyable décision d'arrêter le trolley à Budweis. Langue de bois et hypocrisie. Valeurs communistes et profit individuel... la ligne du parti semble bien fluctuante et à géométrie variable... les trolleys non polluants sont remplacés par des bus car la Russie fournit du pétrole bon marché à la Tchécoslovaquie.

C'est finement raconté par Martin Danes, en français, qui n'est pas sa langue maternelle. Un tout grand merci à l'opération Masse Critique et aux Editions Les défricheurs.
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Ce roman est écrit directement en français par un écrivain tchèque et n'a toujours pas été publié en République tchèque : l'anecdote livrée dans l'Atelier de l'auteur à la fin de l'ouvrage est savoureuse, une fois le roman achevé.
Celui-ci nous permet d'appréhender le printemps de Prague vu d'une petite ville de province, Budějovice alias Budweis pour nous autres Européens occidentaux plus habitués au nom allemand, mais aussi essentiellement à travers deux personnages: un monomaniaque du trolleybus et un apparatchik ambitieux. Je m'attendais à lire un récit du type pot de terre contre pot de fer mais ce n'est finalement pas aussi tranché, l'apparatchik détenant une âme de poète refoulée. Cela dit derrière les sourires provoqués par les situations dans lesquelles se met notre malheureux chauffeur de trolley, on ressent bien la reprise en main du pays par la ligne dure du Parti Communiste sous l'égide du grand frère soviétique. Ce livre a été une belle découverte et je remercie chaleureusement l'équipe de Babelio de m'avoir sélectionnée pour cette Masse critique.
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Un conducteur de trolley s'attache à son véhicule au point de tout essayer, malgré son remplacement inéluctable par des bus, pour en conserver la conduite, tout essayer au point de risquer inconsciemment sa vie en se dressant contre l'administration communiste dans cette Tchécoslovaquie des années 1968-69, au lendemain de l'invasion des forces du Pacte de Varsovie.
Paradoxalement dans ce récit historiquement bien daté, la morale politique s'embrouille :
- le conducteur de trolley s'attache à un moyen de transport périmé symbolisé par des rails dont on ne sort pas : la ligne politique soviétique ;
- il refuse de conduire un bus, symbole de liberté selon son épouse, puisque que ce dernier peut aller n'importe où : la ligne des dirigeant du Printemps de Prague et de leur chef Alexander Dubcek bientôt mis au rencart ;
- le secrétaire local du PC qui ne cherche qu'à conserver son poste (et les privilèges qui vont avec) tout en écoutant les doléances du conducteur de trolley et le trompant en lui offrant un nouvel emploi de conducteur de trolley dans une autre ville ;
- le jeune fils de ce secrétaire local du PC, influencé tantôt par les réformateurs, tantôt par son père dont il profite du confort.
Donc ma lecture symbolique se perd en conjectures !
Chacun des personnages, dans cette période dangereuse (les hôpitaux "goulaguiens" accueillant toujours des patients à cette date), cherche-t-il seulement à démêler l'écheveau ? sans vision à long terme ?
Tout cela est écrit avec douceur et une ironie chaleureuse.
Une lecture dans l'élan.
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Quand un roman montre la réalité insidieuse et destructrice du pouvoir…
Fin des années 60 à Budweis, en Tchécoslovaquie. Les villes du pays assurent le transport des voyageurs avec un réseau de trolleys. Zdeněk Drahoš est l'un des conducteurs les plus passionnés : il ne veut pas devenir conducteur de bus ! Or, depuis l'invasion des troupes du pacte de Varsovie, la nouvelle direction du Parti s'aligne sur Moscou et veut de la modernité en remplaçant le trolley par le bus. Comment Zdeněk Drahoš pourra-t-il se faire entendre ? Echappera-t-il aux griffes d'un Parti omniprésent ?
Ce roman est important pour découvrir de l'intérieur ce que représente le pouvoir Russe quand les pensées dissidentes émergent mais aussi ce que la passion pour son travail peut représenter pour un homme.
C'est un livre compact, complètement abouti, hermétique à qui ne veut pas s'immerger dans une lecture éclairante. le fond est lourd, argumenté, détaillé, assis sur une réalité historique et ce qui pourrait sembler anecdotique va servir à nous faire mesurer ce qu'est le pouvoir sans violence, sans possibilité de dire non puisque l'on ne s'en aperçoit pas.
Printemps de Prague en 1968, coulisses des luttes entre les responsables du parti majoritaire ayant le pays sous sa coupe, vie de famille des plus normales avec le souci de l'amour d'un fils, Stalinisme évoqué comme épouvantail par les réformateurs, ce livre est politique mais surtout social et sociétal. C'est en cela qu'il est particulièrement intéressant, pour montrer ce qui est souvent vu trop tard.
L'auteur est bilingue tchèque-français et cela se sent. Par l'amour de la langue parfaitement maîtrisée et par le souffle rebelle inscrit en filigrane. C'est savamment récréatif, l'humour, le corrosif, la dérision étant les vecteurs indispensables des contournements et des vérités cachées.
Ce roman sombre est aussi lumineux car transcendé par la vie d'un homme accroché de façon absurde à un moyen de locomotion qui ne reviendra que 20 ans plus tard. J'aime le titre qui résume tout.
Je remercie Babelio qui m'a fait gagner « le char et le trolley » lors de sa dernière Masse critique.

Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Il y a beaucoup d'humour dans ce récit de la croisade d'un homme simple au travers d'une période de l'histoire tchécoslovaque
Lien : http://passagealest.wordpres..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Au pied de l’immeuble, ils se séparèrent. František continua tout droit alors que monsieur Pánek s’engageait dans une petite rue latérale. Avait-il changé de lieu de travail ? Il n’y avait pas si longtemps, son voisin pre-nait le même chemin que lui pour se poster à l’arrêt de trolley après le deuxième croisement des rues.
František jeta un dernier regard au dos de monsieur Pánek qui s’éloignait sur le trottoir et il poursuivit seul son chemin. Il aimait mar-cher le matin pour bien se réveiller et rejoignait toujours son bureau à pied. Ce n’était pas très loin et les rangées de maisons à un étage, rare-ment deux, qu’il longeait, rappelaient par leur aspect calme bon enfant un bourg tranquille plutôt qu’un chef-lieu de la taille de Budweis.
František connaissait à peine monsieur Pánek. tout en le croisant sur le palier depuis bien des années, il ne savait presque rien de lui, à part les informations qui crevaient les yeux : il avait une jolie femme, dans la quarantaine comme lui, et deux enfants, un garçon et une fille, timides et taiseux ; d’après ses horaires et sa tenue vestimentaire, il était employé de bureau. František n’en savait pas davantage. Il n’avait ni posé de ques-tions curieuses à son voisin ni ressenti le besoin d’aller se renseigner ailleurs sur lui.
Inversement, monsieur Pánek devait en savoir bien plus sur František. C’était tout naturel vu que ce dernier comptait parmi les personnalités publiques de premier plan à Budweis. En fait, il n’y avait pas parmi les habitants de cette ville de plus haute autorité qu’un secrétaire départe-mental du Parti. À l’exception peut-être du secrétaire régional du Parti, seulement l’homme qui occupait ce poste n’était pas d’ici, il habitait un bourg proche et faisait ses allers et retours quotidiens dans sa limousine Tatra conduite par un chauffeur personnel. František lui aussi avait une Tatra, mais ne faisait appel à un chauffeur que pour ses déplacements en dehors de la ville ; la démarche était rodée, quasi automatique, et Fran-tišek veillait à ne pas en abuser.
Monsieur Pánek était donc au courant des responsabilités assumées par František et il ne s’en cachait pas. À ce titre, il représentait un baromètre reflétant avec précision les humeurs de ses concitoyens, en règle générale et vis-à-vis du Parti en particulier. C’est dans les changements de com-portement de son voisin que František flairait chaque mouvement qui s’opérait à une période donnée dans la société. Cet homme n’était ni plus ni moins que l’archétype d’un Tchèque, spécimen dont František n’hésitait pas à se servir comme d’une souris de laboratoire pour ses tests discrets, avec des résultats directement applicables dans son travail politique.
Dans l’ensemble, l’attitude de monsieur Pánek lors de leurs rencontres matinales sur le palier avait connu trois étapes majeures. La première avait commencé peu après l’accession de František à son poste actuel. Bien que le voisin ne laissât paraître aucun malaise dans sa démarche, toujours aussi polie, on devinait aux traits crispés de son visage qu’il avait tout appris sur cette promotion. Manifestement, il n’appréciait pas d’avoir pour voisin un dignitaire du Parti, premier à l’échelon départe-mental, mais, ayant une femme et deux enfants à charge, il tenait à ne rien dévoiler de son tracas.
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Personne n'obligerait à partir par la simple force des arguments les Russes qui misaient, eux, sur la force brute.
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Par hygiène de l’esprit, on évacue toujours plus facilement les pensées négatives de la mémoire.
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Il n’y a rien de plus approprié qu’un drapeau pour matérialiser les émotions collectives.
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