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EAN : 9782847424003
332 pages
PASSAGE (24/01/2019)
3.8/5   10 notes
Résumé :
À Barbizon, dans les années 1860, alors que le Second Empire s'achemine sans le savoir vers le désastre, René Dolomieu, un jeune peintre mélancolique remarqué pour quelques portraits sensibles, côtoie les maîtres du paysage et leurs disciples qui arpentent la forêt de Fontainebleau, s'exercent à peindre sur le motif et boivent du vin râpeux à l'auberge Ganne. René n'est ni un séducteur ni un libertin, et pourtant il plaît aux femmes. Il prend ce qu'elles ont à donne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Il y a des livres délicieux dont on entend très peu parler sans que l'on sache vraiment pourquoi… Petite maison d'édition ? Premier roman ? Je ne sais au fond ce qui explique qu'ils échappent aux radars de la critique… « L'atelier du désordre » d'Isabelle Dangy est l'un d'eux : un pur bonheur de lecture, un vrai coup de coeur littéraire dont il n'y a pas eu, à mon avis, assez d'échos ici ou là.  Alors, avant de vous ruer sur les nouveautés de septembre, autorisez-vous une petite séance de rattrapage et dégustez sans plus tarder ce très bon roman publié à la rentrée de janvier !
Nous sommes dans les années 1860 à Barbizon, dans ce petit village qui depuis une vingtaine d'années attire les peintres paysagistes ; nous suivons les pas d'un certain René Dolomieu qui vient de se faire larguer par sa maîtresse, une habilleuse de l'Opéra-Comique. Triste, abattu, esseulé, il décide, sur les conseil de ses amis, d'aller traîner son âme en peine loin de la capitale, dans un petit village entouré de plaines et de forêts où il trouvera à coup sûr de nombreux sujets à peindre et certainement, sillonnant la campagne le chevalet à la main, quelques collègues avec lesquels il finira la soirée à l'auberge Ganne...
Si ce premier séjour le rétablit un tant soit peu, notre artiste se voit dans l'obligation de reprendre le train pour Paris où la famille Eulembaum lui propose de faire un portrait des trois jeunes filles de la maison. le travail accompli, René est vite rattrapé par une profonde mélancolie dont il a bien de la peine à se départir. Il décide donc de regagner ce village dont l'atmosphère lui a permis de soulager un peu sa peine. Il retrouve des condisciples avec lesquels il discute de ce qu'il aime peindre, notamment des tas, oui des tas : farine, poussière, cendre, sable et tout autre objet pourvu qu'il apparaisse sous forme d'accumulation, d'agglomération, d'amoncellement. René aime les tas, ils attirent son oeil de peintre et les reproduire lui procure une grande jouissance qui, il faut bien le dire, tourne parfois à l'obsession !
Un jour, alors qu'il s'est laissé entraîner par des connaissances de connaissances (lui qui déteste les mondanités!), il est présenté à un porcelainier de Melun, Monsieur Dauxonne, fier de son entreprise et passionné par son art, qui va, par personnes interposées, lui proposer de faire un portrait de sa fille Valentine. Alors qu'il n'a pas le souvenir d'avoir accepté un tel travail, il se voit contraint d'honorer la demande : encore une fois, il doit renoncer pour un temps à sa passion pour les tas, ce qui l'ennuie profondément : « Il aurait aimé poursuivre, à sa manière capricieuse et lente, une destinée un peu informe. Il aurait aimé fréquenter les chantiers et les carrières, peindre des monticules de terre quand le vent leur arrachait une écharpe de poussière, des pyramides de gravillons, des amoncellements de nuages, ou bien comme il y songeait vaguement dans la salle de restaurant de la Galère, des piles d'assiettes et même des montagnes d'épluchures. »
En attendant, il doit loger chez le porcelainier, au Mée-sur-Seine, jusqu'à ce qu'il mette la touche finale à ce portrait et qu'il tente, par la même occasion, de comprendre qui est Valentine, l'étrange fille de Monsieur Dauxonne.
Lire « L'atelier du désordre », c'est véritablement plonger au coeur du XIXe siècle (j'en connais que cela va ravir…), fréquenter les peintres de Barbizon, le monde de la Capitale : les bourgeois mais aussi les petites gens, sentir le Second Empire avancer vers la guerre. C'est aussi découvrir l'histoire intime d'un peintre, René Dolomieu, dont on suit l'évolution psychologique décrite avec beaucoup de nuances, personnage qui semble davantage subir son destin plutôt que de le choisir vraiment. le pauvre homme devra vivre moult péripéties et l'on se passionne pour tous les rebondissements qui nous tiennent chevillés au texte !
Très vite, ce roman m'a happée parce que l'on s'attache immédiatement aux personnages qui rappellent parfois, je trouve, ceux De Maupassant
Quant à l'écriture, elle m'a comblée, oui, comblée par tant de délicatesse et d'élégance avec, il faut le dire, quelques accents flaubertiens, qui ont fini de me ravir !
Je ne veux pas en dire plus pour laisser intact, au futur lecteur, tout le bonheur de lire un texte aussi délicieux.
Un magnifique premier roman…
A lire absolument ! (évidemment!)
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Merci encore Babelio et les éditions le Passage pour cette belle découverte ! Premiere participation, pour moi, à la Masse Critique et ravie d avoir été sélectionnée et qui plus est pour ce très beau roman, lu en 2 jours !!!
« L'atelier du Désordre » est le premier roman de Isabelle Danguy et donne vie au destin d un peintre du XIXème siècle : René Dolomieu.
Un destin d artiste qui semble, dans un premier temps, rimé avec mélancolie et lassitude. Et le début du roman, par son rythme lent notamment , reflète parfaitement la monotonie de la vie de cet artiste.
Au fil des pages, le rythme s accélère alors et notre cher peintre est entraîné, souvent malgré lui, de rebondissements en rebondissements et sa vie alors « tranquille » se retrouve chamboulée, bouleversée , percutée et son destin le force à s affirmer et se réaliser ... le lecteur est alors entraîné, habilement, dans de nombreuses péripéties ...
Je me suis ainsi beaucoup attaché à cet artiste, un personnage présenté de prime abord, comme un mélancolique, un « écorché vif » maladroit et timide qui fuit les mondanités et vivote grâce à quelques ventes de portraits pour amateurs d art. Il fuit egalement les grandes galeries d art et préfére l intimité de son petit atelier où il se consacre à sa passion et sa raison de vivre, la peinture. Une passion dont il garde certaines oeuvres secrètes et cachées ... des tableaux pour le moins atypiques et mystérieux qui cache en lui une véritable obsession : celle des représentations de « tas » ! Tout au long du récit, cette obsession est omniprésente page 103 par exemple :  « il peignit un amas de pommes de terre germées, le rebut pourrissant des rose de la Fête-Dieu, des tas de pommes de pin, de tuiles et d ardoises ébréchées, de bidons de lait cabossés ». Tout comme le personnage qui lui même ne trouve la raison à sa propre fixation, j ai moi même chercher à élucider ce mystère mais je tairai volontairement mes conclusions et charge à vous futur lecteur de découvrir les indices dispersés, judicieusement de ci de là par l auteur ...
L histoire est également jalonnée des nombreuses conquêtes amoureuses de René ... mais n est ce pas là en contradiction avec son tempérament introverti, me direz vous ? Eh ben disons que ce dernier, malgré lui encore une fois, fascine et attire la gente féminine à lui et se jette alors dans des situations bien délicates ...
Enfin, notons une très belle écriture qui dans son style, met à l honneur l art de la peinture de par bien sure le personnage de René Dolomieu mais aussi par de très belles descriptions de scènes ou paysages qui invitent, et ce Imperceptiblement, le lecteur à imaginer celle-ci sous la forme d un tableau ...
Pour conclure, un excellent premier roman et l histoire d un artiste que le destin malmène pour le pousser vers de lointaines contrées et qui sait, la quête de sa véritable identité ... je vous invite à le découvrir !
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Ça partait mal...
Dans le préambule de son livre "L'atelier du désordre", Isabelle Dangy relate l'histoire de René Dolomieu, peintre du XIXè siècle qui avait la particularité de peindre des "tas", toutes sortes de tas.
Dans tous ses tableaux il ajoutais un petit tas . Il a surtout peint des portraits qu'il vendait pour vivre de son art.
9 pages de préambule nous expliquant l'historique de ses tableaux, ainsi que des gens qui l'ont côtoyés de près.
Je me suis dit, "bon, ça commence mal", car je ne suis pas du tout amateur d'art.

Puis le roman commence, et là, un autre décors, celui de Barbizon où l'artiste se rend suite à une rupture amoureuse.
Isabelle Dangy romance l'histoire de cet artiste et je me suis pris au jeu, je voulais savoir ce qu'il allait faire, où se rendait-il, comment allait-il vivre avec ses amis.
La curiosité m'a convaincu de lire la vie passionnante de cet artiste un peu à l'écart du grand monde des artistes de cette époque. Beaucoup de sentiments transpirent dans l'écriture subtile du premier roman de Isabelle Dangy.
Elle nous emmène dans la forêt de Fontainebleau et de ses environs, en nommant les noms des villages où se rend rené Dolomieu, j'aime bien.
Ensuite lors de ses voyages au Japon, on le suit dans différentes villes, où il rencontre des personnes dont il devient intime.
Pas de technique de peinture, seulement la description des tableaux, ce que veut transcrire le peintre.
Les amis, les maîtresses, sont au centre de ce roman et les relations avec le peintre sont très bien décrites.
Beaucoup de psychologie, également apparaît au fil des chapitres, mais ce n'est pas rébarbatif, on comprend les états d'âme de cet artiste atypique.
Vraiment j'ai éprouvé beaucoup de plaisir à cette lecture inattendue mais riche en émotions, en description et sentiments.
C'est un très bon premier roman, je le verrais bien obtenir un prix en fin d'année...
Un grand merci à Babélio, grace à l'opération "Masse critique" et aux éditions "LePassage" qui m'a envoyé rapidement ce merveilleux roman.
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Voici ma deuxième lecture dans le cadre du prix des lecteurs Privat 2020. Il s'agit de L'atelier du désordre d'Isabelle Dangy aux éditions le Passage.
A travers ce roman, on découvre le monde de la peinture et de l'art du milieu du XIXème siècle entre Barbizon et le Japon en passant par Paris. le personnage principal est René Dolomieu, un peintre mélancolique, séducteur malgré lui , qui après un mariage malheureux part découvrir l'art japonais.
« À Barbizon, dans les années 1860, alors que le Second Empire s'achemine sans le savoir vers le désastre, René Dolomieu, un jeune peintre mélancolique remarqué pour quelques portraits sensibles, côtoie les maîtres du paysage et leurs disciples qui arpentent la forêt de Fontainebleau, s'exercent à peindre sur le motif et boivent du vin râpeux à l'auberge Ganne. René n'est ni un séducteur ni un libertin, et pourtant il plaît aux femmes. Il prend ce qu'elles ont à donner, parfois sans trop savoir qu'en faire. Lorsqu'enfin il se marie, le hasard lui met entre les mains une fabrique de porcelaine qui l'initie à la chimie d'une matière précieuse et fragile. Mais le désordre l'intéresse au moins autant que les principes subtils du kaolin et de la composition des motifs. Aussi, dans l'intimité de son atelier, il continue à peindre sans relâche des toiles qu'il ne montre à personne, ou presque...
Son destin lui échappe sans cesse. Et comme le Japon s'ouvre à l'Occident, il ira jusqu'à cette extrémité orientale du monde lui chercher un sens, un sens que peut-être il ne pourra rapporter dans ses bagages, car il est semblable à la poussière impalpable qui danse dans la lumière de son atelier avant de se déposer en chaos minuscules sur la toile. »
Je ne saurais l'expliquer mais en lisant l'Atelier du désordre j'ai eu l'impression de ralentir mon rythme comme si je plongeais dans ce roman et devenait une spectatrice des moments de peinture et de réflexion du personnage de René. Et pourtant, la lecture n'a pas été fastidieuse pour autant, bien au contraire !
J'ai apprécié ce cheminement artistique au fil des pages et le voyage de l'Europe au Japon. J'ai également trouvé intéressante la construction du personnage, futur maître des tas, qui parallèlement à la découverte de l'art asiatique découvre le désir et le sentiment amoureux. L'écriture d'Isabelle Dangy a la force de la peinture, elle recrée au fil de la plume les paysages qu'elle évoque et transforme les mots en tableaux.
En résumé : un beau roman sur l'art

Lien : https://dubonheurdelire.word..
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Si au départ le texte m'a paru maladroit parfois (des descriptions qui arrivent un peu par hasard), j'ai fini par me laisser porter par la narration et adhérer au roman.

Car tout, dans ce roman, est au service de l'idée de l'auteure : l'existence est une poussière impalpable que nous tentons de saisir par petits tas minuscules.

J'ai aimé ce peintre dont l'obsession est de peindre des tas : de macarons, de paniers, de corps en copulation, de cendres. Un seul de ses acheteurs saisi vraiment l'agencement de ses tableaux.

J'ai aimé Anna, la petite fille adoptée qui se jette dans la Seine un jour d'orage sans que personne ne sache pourquoi. Nous avons parfois des fulgurances étranges.

J'ai aimé Valentine, sa blessure d'enfance, jamais satisfaite et qui se réfugie dans l'opium.

Hortense, sa fille, m'est restée énigmatique et lointaine.

J'ai aimé le photographe attiré par les hauteurs.

Et l'énigmatique Yuko, la japonaise contrainte de fuir le Japon sans que l'on ne sache finalement pourquoi.

Des personnages tous différents, tous passionnants et avec leur part de mystère. Comme dans la vraie vie.

Un roman plus profond que la simple jolie histoire de peintre qu'il donne à lire, dans le fond, et dans la forme.

L'image que je retiendrai :

Celle des tas que peint René Dolomieu : et moi, quel tas de particules de poussière résumera ma vie ?
Lien : https://alexmotamots.fr/late..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il voyait défiler dans sa mémoire des pans entiers de sa vie, qui semblaient s enfoncer sans retour dans les remous du sillage. Les montagnes hostiles de son enfance, la dureté de l école où les prêtres le traitaient en enfant pauvre, l usine de Louhans et son four archaïque, les années parisiennes et l atelier de Rabut, tout cela se noyait sans bruit dans la mer grise frangée d écume.
Les femmes qu il avait possédées ou cru aimer, la lingère et la blanchisseuse, Judith et Valentine, sombraient avec le reste comme des statues de dentelle tandis qu il prenait conscience de n avoir jamais voulu ces liaisons qui l avaient happé au passage en profitant de sa vacance intérieure, l enchaînant à des embarras, des joies maigres, des devoirs, des chagrins, qu il ne reconnaissait plus.
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... comme on ne parlait pas de religion chez elle, elle ignorait tout de Jesus. Quant au ciel, lorsqu’il était couvert, on pouvait encore s imaginer qu il abritait la mère d Anna quelque part dans le château des nuages, mais, les jours de beaux temps, où se cachait-elle ?
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Le hasard ne plaçait sur son chemin que des amours impossibles ou des rencontres faciles, sans suites. Il plaisait aux femmes mais elles le laissaient aussi vite qu elles l avaient pris, et avec la même désinvolture.
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Des arcs-en-ciel traversaient l horizon comme des cordes à sauter.
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Le ciel ... un mot pour exprimer le bonheur léger des morts ...
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Video de Isabelle Dangy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Dangy
http://www.librairiedialogues.fr/ Élise de la librairie Dialogues nous propose ses coups de la rentrée littéraire 2019 : "À la ligne" de Joseph Ponthus (éd. La Table Ronde), "Edith et Oliver" de Michèle Forbes (Quai Voltaire) et "L'Atelier du désordre" d'Isabelle Dangy (éd. du Passage). Réalisation : Ronan Loup. Questions posées par : Laurence Bellon.
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