Ces dames du palais Rizzi

Difficile de chroniquer ce roman sans dévoiler les rebonds incessants de l'intrigue qui y est développée. Il s'agit d'un drame psychologique teinté de cynisme, de désenchantement, voir de désespoir face au destin implacable. L'histoire se déroule principalement dans une Italie pittoresque, avec des personnages au sang latin, bouillonnant et déraisonné. le personnage principal est un écrivain faisant une étude sur l'architecture mussolinienne, c'est dire si son sujet n'est pas des plus passionnants. A l'instar du sujet, le héros lui-même nous apparaît assez transparent dans la première partie du roman, avant que l'intrigue ne vienne peu à peu apporter des éléments qui vont radicalement et avec une grande habileté, changer l'appréhension du lecteur vis à vis de la psychologie du personnage... Il en est de même pour "Ces dames du palais Rizzi" qui cachent parfaitement leur jeu. Voilà, je n'en dirai pas plus quant à l'inéluctable évolution de ce roman au scénario très habile et aux retournements de situation étonnants. Il reste et ce n'est pas le moins important, à parler "style" ! le récit est d'un surprenant classicisme, soigné, ciselé... un pur bonheur, qui nous montre une fois de plus l'étendue du talent de ce grand écrivain. Certains amateurs de San-Antonio pourront être déboussolés, puisqu'il n'est question ici ni de commissaire ni de Béru outrancier (même si les personnages possèdent un peu de ce dernier d'une certaine manière), ni d'argot et de néologismes ravageurs, mais il faut bien savoir que Frédéric Dard était un écrivain complet qui aurait aimé viser un Nobel, même si par la suite ceci lui devint moins important. Un indispensable donc pour connaître toute la palette littéraire de notre cher ami.

Parti faire une enquête pour un projet d'ouvrage sur l'art fasciste en Italie mussolinienne, Jérôme Deuilh, écrivaillon sans talent mais grand baiseur devant l'Eternel, s'arrête à Cuneo, petite ville de Lombardie où il tombe amoureux d'une jeune italienne joueuse de mandoline et de sa tante. Il découvre que ces dames ont la cuisse légère et pratiquent même le plus vieux métier du monde. Mais Deuilh est épris et se sent capable de tous les crimes pour sortir sa dulcinée du marécage où elle patauge. Bien entendu, rien ne s'achèvera comme prévu.
Ici, Frédéric Dard signe San Antonio, mais on sent que l'auteur de polar truculent que l'on connaît, devait être en panne d'inspiration. L'histoire est plate, sans relief, le héros falot et les femmes sans consistance. Manifestement oeuvre alimentaire et/ou de commande, ce triste bouquin fait regretter ceux de la grande époque du célèbre commissaire, de Bérurier le gros dégueulasse et des envolées lyriques ou grivoises du maître !
Sans grand intérêt. On peut éviter.
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