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EAN : 9782265089563
160 pages
Fleuve Editions (09/09/2010)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Écrit juste après la Libération, La Crève est un huis clos à quatre voix, portrait rageur et fulgurant d'une famille qui règle ses comptes dans la chambre sordide où ils se cachent des maquisards.
Il y a le père, Albert, le cœur dévasté par la catastrophe qu'il pressent. Hélène, la fille, une jolie rouquine trop romantique, maîtresse d'un officier allemand, et Petit Louis, son frère, un milicien cynique et revanchard. Enfin Constance, la mère, persuadée de po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On m'a mis au coin avec un bonnet d'ane. Mes compositions sont trop longues. Et je spolie. Je dois m'amender. Je fais donc un essai avec ce livre.

C'est un huis-clos. La plupart du temps. Presqu'une piece de theatre. Ca dure le temps d'une nuit et d'une journee de 1944, le jour de la liberation d'une ville par les Forces Francaises Libres. Et quand le huis-clos explose, que chaque personnage prend un chemin particulier, ce sera un chapitre intitule le Chemin de Haine.

Qu'est-ce que je peux divulgacher sans crainte? Que Frederic Dard est tres dur. Avec presque tous les protagonistes, qu'il rend archetypiques, presque caricaturaux. le milicien petainiste, le pere qui n'approuve pas mais n'en peut rien, les policiers qui se decelent un devouement nouveau, la foule qui fait du zele pour se mettre du bon cote.

J'ai moyennement apprecie. Dard est trop dur, tout est clarissime, et j'aurais aime des personnages un peu plus nuances. En fait il n'y a que les femmes qui soient un peu plus complexes, plus en demi-teintes. Mais c'est quand meme tres bien ecrit, et ca prend aux tripes, surtout la derniere partie.

Voila. J'ai fait court et je crois n'avoir rien divulgache.

Mais je ne suis pas tranquille. Les doigts me tiraillent faute de frapper les touches. Je me leve. Je fais le tour de la chambre. Je me rassois. Peut-etre une petite citation pour appuyer ce que j'avance? Je me releve, me mets a la fenetre regarder la cour. Vide. Personne. Et ce poteau en son centre? Je divague. Un pilori? Pour qui ce pic qui piquenique hors ma piaule? On veut m'intimider? Ah, mais, on s'est trompe de bonhomme. du coup je vais empiler les citations, accumuler les preuves du bien-fonde de mes dires, je resterai droit dans mes bottes devant mes juges.
Le milicien? “En regardant une vieille photo de Petit Louis, on decouvre un gamin sournois, evitant l'oeil de l'objectif. […] Et puis, ça a ete une coalition : la mediocrite, la guerre. Petit Louis est devenu une crapule avant de devenir un homme. […] Il remue de sales pensées. Il exerce de memoire sa cruaute. Parce que, s'il cessait d'etre mechant, il pleurerait surement. […] Il a tue des gens de loin ; et puis il est la, peureux et affole, tellement pale qu'on a envie de le gifler pour voir quatre traces roses sur ses joues.”
Le pere? “Ton gamin, disaient certains, a tort de frayer avec cette milice, ça n'est pas tres propre. Et puis peut-etre qu'un jour… » Alors le pere buvait. Et lorsqu'il etait ivre, le monde tournait dans le bon sens.”
La foule? “Parfois, la foule s'ouvre devant une bande tapageuse, composee de tous ceux qui n'ont pas bouge pendant quatre ans et qui viennent de decouvrir l'action. Derriere, une cohorte hirsute, hurlante, cherche une bastille à prendre. Ils s'egosillent genereusement. Eux aussi auront fait quelque chose : pares de tricolore, ils exploitent la gloire de ceux qui n'en veulent plus […] le bonhomme à la hache demolit le portrait de Petain. La figure placide du vieux dieu part en eclats de bois; sa mutilisation s'accentue, il ne reste bientot plus qu'une caricature galonnee que la rage du peuple n'abandonne pas.— Ils demolissent leurs erreurs, chuchote le vieux monsieur. A coups de hache ils se frayent le chemin de l'oubli.”

Bon, ca suffit, j'arrete la et me prepare a rejoindre de nouveau le coin. Pas si fier que ca en fait. Qu'est-ce que je me suis imagine? J'hallucinais… Pour me ressaisir le mieux sera d'ouvrir un autre Dard. Ce sera un nouvel essai. de faire court. A moins que de nouvelles envies de citations me chatouillent. Parce qu'il ecrit bien, le Frederic, meme s'il ne m'a pas completement seduit cette fois-ci.

P.S. le resume editeur presente sur ce site est surement une erreur. Ce n'est pas du tout un resume de ce livre. Quelqu'un devrait avertir les autorites.

P.S. au P.S. Une journee est passee et je vois que de bonnes fees ont vite corrige le resume, mettant celui qui convient. Merci, Marina 53 et Florencem !
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Si vous voulez passer un tête-à-coeur pendant deux heures ( plus ou moins...) avec quatre personnages représentatifs d'une France en train de s'affranchir du joug nazi, le tout écrit dans une langue remarquable et observé d'un oeil lucide, sans complaisance... - La crève - vous tend les bras.
On connaît l'anecdote de Frédéric Dard témoin ( choqué ) à la Libération d'un jugement et d'une exécution sommaires dans cette période que l'on appelle "l'épuration".
On se doit d'avoir lu le poème d'Éluard - Comprenne qui voudra -... Oh et puis tant que j'y suis, je ne vais pas vous priver de ce rappel ou de cette primo-injection poétique essentielle.

« En ce temps-là, pour ne pas châtier
les coupables, on maltraitait des
filles. On allait même jusqu'à les
tondre. »

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d'enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête

Souillée et qui n'a pas compris
Qu'elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté

Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.

Paul Éluard

Si vous mêlez exécutions sommaires et tonte des femmes accusées d'avoir, comme disait Arletty - Mon cul est international "... eu des rapports intimes avec "l'ennemi", vous avez les deux pivots autour desquels tourne ce huis clos.
Un frère, Petit Louis, milicien de vingt-six ans, ordure assassine... qui a choisi "le mauvais camp".
La soeur cadette, Hélène, une jeune et belle rousse frivole, pour qui tous les hommes sont des Pâris dont elle rêve qu'ils l'enlèvent quitte à déclencher autant de Guerres de Troie que de fois qu'elle leur aura cédée.
Il y a le père, Albert, un homme grand et fort, un travailleur manuel, un brave homme, un peu sisyphien, dont les mains puissantes cherchent, en creusant des tunnels, à extérioriser à coups de pioche l'absurde et l'impuissance de sa condition en frappant jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'oubli, contre la roche.
Et puis il y a la mère, Constance, une femme dont un fibrome non opéré a transformé le ventre en une énorme "besace" vide... poche maternelle qui, telle celle d'un kangourou, voudrait y loger ses "petits"... être quelque part ailleurs... autrefois.
Ces quatre-là se cachent dans l'appartement d'un milicien, partenaire en exactions de Petit Louis.
Ils se cachent pour échapper à un passé où ils occupaient une position de force, le présent qui est en train de changer la donne, en a fait des parias.
La nuit tombe sur la ville.
Durant cette nuit, Dard fait vivre "isolément" chacun des personnages, avant que l'aube ne les rattrape... et que la roue infernale du destin broie...
Je vous laisse découvrir la fin...
Le bouquin est une petite merveille dans laquelle Dard se montre l'égal ou le "supérieur" d'un Simenon au meilleur de sa forme.
Il y a 123 pages.
Chaque mot est pesé au trébuchet du talent et du génie bipolaire d'un très grand de l'écriture.
Laissez-vous tenter... c'est épatant !!!


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Le premier roman de Frédéric Dard que j'ai lu et qui n'était pas un San Antonio.
Il m'avait habitué dans ses apartés à son humanité et à sa profondeur...mais là j'ai vraiment pris sa dimension d'homme ...sans illusion sur l'homme mais malgré tout plein de tendresse pour ses faiblesses.

Sans jugement , son regard sur le "triste héros" de ce roman...un homme pas encore arrivé à maturité , dans la tourmente de la guerre , qui à fait le mauvais choix...celui d' hurler avec les loups, parce que faible et ignorant , rattrapé par ses choix funestes... confronté à sa fin prochaine... la peur au ventre , celle qu'éprouve le salaud comme le juste, lorsqu'il est "réduit" comme une bête dans son terrier sans issue....Il ne cherche pas à nous le rendre sympathique...il nous fait entrer dans sa crainte grandissante...

Dard nous rappelle à tous que l' homme bon ou mauvais à été un petit enfant...fragile...fort d'un avenir...qu'il ne maitrise pas toujours...qu'il s'en faut de peu pour devenir un salaud ou un juste...

Avant de juger, se poser la question....bien au chaud dans son fauteuil....et moi qu'est ce j'aurais fait...dans les mêmes conditions....?
La guerre révèle l'homme a lui même et le confronte à ses peurs , à ses faiblesses et celles de ses congénères ....cela fait beaucoup de combats à mener....quand on voit, le chacun pour soi et l'apathie sociale actuel, être un juste aujourd'hui...qui peut être sur de sa capacité à l'être
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A la libération, en Isère, un libraire est arrêté et sommairement jugé puis condamné à mort pour faits de collaboration avec l'ennemi. C'était un petit homme doux et paisible à l'humeur égale. Au moment de l'énoncé de son jugement, il tourne la tête et salue discrètement un jeune homme qui achète souvent des livres chez lui, Frédéric Dard.

L'écrivain sera marqué à jamais par cette rencontre sordide et cette parodie de justice.

A-t-il écrit « La crève » pour clamer son horreur de toute barbarie et rappeler que chacun d'entre nous peut dériver lamentablement à un moment de sa vie ? Probablement.
L'intention était pure mais on ne fait pas de bons romans avec de belles intentions, c'est bien connu.

Ce huit-clos familial se révèle surfait, artificiel et très peu crédible. le ton poétique et philosophique des dialogues ne colle absolument pas aux personnages, présentés comme frustres.
Dard, réputé savoir faire parler ses protagonistes a ici totalement raté son coup. S'est-il laissé emporter par ses émotions, a-t-il voulu démontrer ses capacités littéraires ?
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Est-il encore besoin de crier au monde entier que Frédéric Dard figure haut la main, dans le Top5 des écrivains francophones du 20ème siècle, à côté de Simenon (rajoutez qui vous voulez et faites votre quinté!).

1944, la libération, une famille vit retranchée et voit défiler sous ses fenêtres l'armée triomphante qui chasse les collaborateurs. Ont-ils à craindre?
Chaudement conseillé et tellement bien écrit!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais non couine la mère, il n'a rien fait; c'est un bon petit...Je vais avec vous, j'expliquerais à votre général. Il ne faut rien lui demander il ne sait pas parler. Moi je suis sa mère et je comprends tout.....le père caresse les cheveux de son fils comme pour lui donner la permission d'espérer...Petit Louis chancelle et se glace...Mille fois déjà, sa chair a répété l'atroce vérité....Il se traine par terre, sur le sol. Il ne veut pas faire pitié il veut faire horreur. Il veut dégoûter les hommes de sa mort....Il voudrait comprendre, seulement comprendre...Il gueule posément " Mais enfin! puisque je veux pas."
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Vidéo de Frédéric Dard
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : San-Antonio, _Réflexions définitives sur l'au-delà,_ morceaux choisis recueillis par Thierry Gautier, Paris, Fleuve noir, 1999, 120 p.
#SanAntonio #FrédéricDard #Aphorismes #LittératureFrançaise #XXeSiècle
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