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EAN : 9782878589849
360 pages
Viviane Hamy (31/08/2017)
3.62/5   89 notes
Résumé :
« - Tes allers-retours entre la vie et la mort tu vas les faire encore longtemps ?
- Le temps qu’il faudra. Pourquoi ? Tu te fais du souci pour moi ?
- Tu es juive, n’est-ce pas ? C’est insensé, tu sais ce qu’ils te feront s’ils te prennent ?
- Je n’ai pas peur. À Copenhague, je suis chez moi. Ce sont eux les envahisseurs. »

Danemark 1943, Niels Rasmussen rencontre Sarah à la rousse chevelure. Il rejoint alors la Résistance et dev... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 89 notes
La lecture de l'Acte V de « Niels » dégage une atmosphère différente de celle découlant de l'Acte IV et ce n'est pas le moindre rebondissement de ce passionnant roman, oh combien instructif, sur l'occupation, la résistance et la collaboration d'un certain monde littéraire.

Difficile de ne pas mettre en parallèle « les fidélités successives » de Nicolas d'Estienne d'Orves dont j'avais estimé « les fins de ses livres ... aussi improbables qu'invraisemblables. » et « Niels ». L'un nous emmène chez les auteurs de Théâtre, l'autre chez les écrivains, deux mondes proches, voir identiques comme l'illustre parfaitement Alexis Ragougneau qui publie ici des pages superbes alternant scènes de théâtre et pages romanesques.

Peu banal d'observer Jean-François Canonnier mettre en scène avant guerre « les iles Kerguelen », « Krankenstein » et « Kaiser » des pièces qu'Alexis Ragougneau publia en 2009, 2010, 2011 … Uchronie qui fait naitre une apparente complicité entre l'écrivain et son personnage, mais que l'antisémitisme dénoue au fil de l'intrigue.

Analyser l'évolution des protagonistes (peut on les comprendre ?) au fil des années 1936/1956, nous interpelle nous qui n'avons pas vécu ses années mais qui observons depuis l'an 2000 une vague antisémite monter en occident.

Qu'aurions nous fait en 1940, en 1942, et en 1944 ?
Et ensuite, à la Libération, quelle place réserver aux anciens collaborateurs ?

René Bouquet, fut administrateur de la Dépêche du Midi de 1959 à 1971, et joua le rôle que l'on sait auprès de Francois Mitterrand …

Dans l'acte V, comment ne pas reconnaitre La Reynière, le critique gastronomique du quotidien le Monde durant 40 ans ?

La dernière page m'a projeté le fantôme de Lucien Rebatet, l'auteur de « Les décombres » » diffusant le manuscrit de son célèbre « Les deux étendards »…

Il faut lire « Niels » et le faire lire aux adolescents si nous voulons éviter à notre époque une réincarnation de Jean-François Canonnier.

PS : "les fidélités successives" : ma critique
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Niels Rasmussen , de pére danois et de mère française a passé la guerre en tant que résistant au Danemark, au sein d'un réseau.
En lisant une page du Parisien Libéré , à la rubrique "Épuration", il apprend l'arrestation de son grand ami et frére de coeur, le dramaturge Jean - François Canonnier, accusé d'intelligence avec l'ennemi , détenu à la prison de Fresnes qui passera devant la cour de justice de la Seine.
Le livre débute comme un roman d'espionnage avec le sabotage d'un navire Allemand, puis la libération du Danemark. Il entraîne ensuite notre héros, Niels dans un voyage précipité en France, volant au secours de son ami Jean - François, amoureux de théâtre .
Il embarque avec des anglais et deux dignitaires allemands partis signer la paix près de Reims .
L'auteur décrit l'atmosphère suffocante, contradictoire de la libération, en dévoile la face noire, sombre, obscure, paradoxale ......
Est- ce - que les vrais héros sont ceux que l'on croit ?
C'est un roman difficile à suivre à cause d'une narration éclatée, construite en actes, avec , en son sein , deux pièces de théâtre , l'une en un acte: l'hôtel particulier, un vaudeville, oú s'affrontent
Jean-Cocteau, Jouhandeau, Paul-Leautaud, Claude-Roy réunis tels les salons où Marcel-Proust aimait se rendre .
L'autre : Miro et Lecacheux, pièce tragi- comique en un acte qui se moque des institutions délatrices comme le CNT: comité national du théâtre etc.......
L'auteur , homme de lettres, auteur de théâtre, aime mélanger les genres .....En réalité, l'intérêt de cet ouvrage est de nous obliger à nous interroger et à réfléchir .......
Nous Lecteurs, qu'aurions -nous -fait ? Et cela sans juger pour autant ? Parmi la cacophonie ambiante et les excès de l'épuration ......
Qui méritait de vivre ?Peut - on oublier ? Peut - on essayer de comprendre les choix d'un ami ? le connait- on réellement ?
Qui méritait de mourir ? Était - il trop tôt pour faire l'Histoire?
Par contre, n'était- il pas déjà trop tard pour rendre la justice ?
L'auteur conte les règlements de compte très sombres de l'après guerre, quelque soit le camp que l'on ait choisi , les retournements de vestes , l'hypocrisie manifeste , la lâcheté de ceux,qui , enfoncés dans la compromission, s'achetèrent une conduite en passant d'un camp à l'autre ou encore ceux qui firent preuve d'un talent certain dans leur manière éhontée de s'inventer un personnage à l'aide de faux - semblants .....
Niels sera mis face à ses propres choix ....
Un roman d'aventures ? Une pièce de Théâtre ?
Une enquête introspective, intelligente menée d'une manière très originale à la narration surprenante , qui peut ne pas plaire à tout le monde .......
À vous de juger .......
Un ouvrage édité par les éditions" Viviane Hamy ".

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C'est quelques jours avant l'armistice de mai 1945 que Niels Rasmussen, un resistant franco-danois apprend qu'un de ses amis Jean-Francois va être jugé par un tribunal parisien pour collaboration. Quittant Copenhague pour Paris, Niels cherche à comprendre les faits et le parcours de cet ami qu'il considérait comme un frère, du temps où, à Paris, il avait développé son goût pour le théâtre, écrivant des pièces que Jean-François mettait en scène brillamment et intelligemment...
Dès son arrivée, Niels est frappé par l'ambiance délétère et violente qui sévit à Paris, où règne une épuration mêlant résistants de dernière minute qui appellent aux exécutions sans jugement, baroud d'honneur des intellectuels collabos, rencontres avec des vieilles connaissances de théâtre - une actrice juive qui sort de son refuge, le régisseur qui a dû travailler sous gestion allemande, une jeune femme aux cheveux courts après avoir été tondue. Un parcours difficile pour vérifier les accusations d'intelligence avec l'ennemi dont on accuse son ami et surtout comprendre l'enchaînement des faits et des choix profonds de ce frère, dans cette période de tourmente.

Avec Niels, Alexis Ragougneau explore une période trouble de la France, celle de la collaboration avec l'Allemagne nazie, mais plus précisément celle des artistes qu'ils soient metteurs en scène, directeurs de théâtres, auteurs ou comédiens qui se sont compromis ou pas avec l'occupant. Comment choisir son camp dans une période de guerre, qui peut paraître, pour certains, comme un tremplin, l'occasion de s'emparer d'un théâtre, obtenir un rôle ou des financements pour monter une pièce de théâtre ou un film et faire vivre qui une troupe, qui une équipe, sans collaborer vraiment. D'autres y trouvent l'occasion de faire le vide autour d'eux et révèlent leur vraie nature, encourageant l'éviction des juifs et se livrant à des actes ou rédigeant des articles antisémites dans les journaux collaborationnistes...
Alexis Ragougneau explore donc toutes ces problématiques en les replaçant dans la période de l'après-occupation et donc, dans une période de reglements de comptes dont il maîtrise parfaitement les tenants et les aboutissants, faisant preuve d'une connaissance approfondie de cette époque ainsi que des protagonistes historiques, tels Pierre Fresnay, Charles Dulin ou Brasillach dont il évoque l'attitude durant l'occupation.
Un roman qui aborde un thème délicat mais dans lequel Alexis Ragougneau n'épargne personne, tranchant même dans le vif. Un récit très instructif.
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Copenhague 1945. Niels Rasmussen, de père danois et de mère française, a passé la guerre dans un réseau de résistance au Danemark. Avant le conflit qui embrasa l'Europe, à Paris, il mettait en scène les pièces de Jean-François Canonnier un jeune homme fou de théâtre comme lui. Resté dans la capitale, le dramaturge n'a apparemment pas vécu l'occupation allemande dans le même camp. Son procès pour collaboration va bientôt avoir lieu.

Apprenant la nouvelle, d'abord stupéfait, Niels va traverser l'Europe pour essayer de comprendre le choix de son ami et peut-être lui éviter le peloton d'exécution. A Paris Niels va devoir frayer avec le petit microcosme théâtrale, et lui, vrai résistant, va avaler pas mal de couleuvre servi par des champions de retournement de veste en dernière minute.


Alexis Ragougneau se pose une question, peut-on connaitre un ami, un frère, par-coeur ? Peut-on lui pardonner ? Peut-on oublier ? Description astucieuse de Paris sous l'épuration, le romancier est plutôt courageux.

Savante construction et envolées théâtrales bienvenues, tout le petit monde, glacé et ironique, des salons où l'on cause prend vie.

Qui aurais-je été en 1940 ? Impossible de ne pas penser au film de Truffaut qui faisait dire en son temps à Bernard Pivot : « le dernier métro, c'est le meilleur roman de la rentrée ».

Avec « Niels » Ragougneau a peut-être écrit le meilleur film de la rentrée.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Déposant ses armes de résistant en 1945, Niels quitte précipitamment le Danemark pour Paris, pour venir en aide à un ami "théâtreux", pris dans les tenailles des procès de l'épuration.
Un retour qui lui fait découvrir ce que les français ont vécu pendant ses quatre ans d'absence, et la fragile frontière entre collaboration et résistance. Une balade parisienne aigre douce, qui va mettre le grand danois face à ses propres choix et pour le lecteur, l'insoluble question du "qu'aurions nous fait?"

Me voici bien embêtée.
J'ai un sentiment mitigé, face à livre insolite, construit en piécettes de théâtre et narration romanesque imbriquées, pour coller au sujet du microcosme artistique sous l'occupation allemande. le livre se structure entre story-board narratif et événements tragi-comiques pour évoquer les thèmes les plus âpres. Cette originalité n'échappe pas au côté pesant du théâtre lu, par le trop-plein de dialogues et le « statique » de certaines scènes.

D'autant que la documentation explicative prend le pas sur l'action, face au personnage de Niels dans le rôle du Candide. Il faut attendre la moitié du livre pour que l'intérêt décolle enfin, par une fulgurance inattendue et improbable et un petit grain de folie salvateur.

Donc mitigée.
Intéressée par les thèmes de l'honneur, de l'amitié, et de la création artistique envers et contre tout. Agacée par un petit côté didacticiel et les pertes de rythme dues à la construction travaillée.

Concluons néanmoins par un toast « À la littérature et aux littérateurs* ! »

(*extrait)
Rentrée Littéraire 2017
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Les fenêtres des six wagons s'abaissèrent à mesure que le train ralentissait, des bras, des têtes émergèrent. Dans une ultime expiration de vapeur, la motrice s'immobilisa au niveau d'une pompe à eau. Le chauffeur escalada alors le flanc de sa machine tandis que le chef de gare lui causait en agitant les bras. Au bout d'une minute, il revint vers le Danois.

- C'est réglé. Vous n'avez plus qu'à embarquer. Simplement le train est plein à ras bord. Le mécano ne vous garantit pas une place assise.

- Ça n'a pas d'importance.

- Vous plaisantez ? Faudra faire valoir vos états de service. C'est rempli de tire-au-flanc, là-dedans. Ils sont allés faire tourner les usines boches, alors que nous, ici, nous nous battions et versions notre sang. La France vous doit bien ça, une place assise entre Reims et Paris.

Il ouvrit la portière à Rasmussen qui monta à bord comme s'il avait eu un billet de première. Un nouveau coup de sifflet et le convoi s'ébranlait de nouveau. Le fonctionnaire reprit ses trottinements sur le quai en s'agrippant à la poignée.

- Une dernière question, monsieur, vous pardonnerez ma curiosité. Vous faisiez quoi, dans la Résistance ?

Le wagon prenait de la vitesse.

- Je faisais sauter les trains. Et vous ?

L'employé resta là, sonné, silhouette rapetissant au bout du quai, jusqu'à n'être plus qu'un point sous l'immense venière.

Rasmussen referma la portiere.
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Ils s'étaient affrontés pendant cinq années, par la faute d'une poignée de fous qui avaient joué à allumer des mèches un peu partout, qui avaient su capter et exploiter ce que l'être humain a de plus bas : la haine de l'autre, l'esprit de revanche et de soumission. Une fois leur peuple aveuglé, les fous avaient formé une armée, invincible en apparence, forte de millions de fous, immense asile vociférant, qui s'était mis en branle, à la manière des fous, au pas de l'oie, attaquant dans tous les sens, détruisant tout sur son passage, hurlant encore, hurlant toujours, et l'Europe entière avait sombré dans la folie.
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Les officiers anglais, les dignitaires allemands, le résistant danois : ils s’étaient affrontés pendant près de cinq années par la faute d’une poignée de fous qui avaient joué à allumer des mèches un peu partout, qui avaient su capter et exploiter ce que l’être humain a de plus bas : la haine de l’autre, l’esprit de revanche et de soumission. Une fois leur peuple aveuglé, les fous avaient formé une armée, invincible en apparence, forte de millions de fous, immense asile vociférant, qui s’était mis en branle, à la manière des fous, au pas de l’oie, attaquant dans tous les sens, détruisant tout sur son passage, hurlant encore, hurlant toujours, et l’Europe entière avait sombré dans la folie.
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- Vous me demandiez tout à l’heure ce que l’on reprochait exactement à votre ami. Il est inculpé d’intelligence avec l’ennemi. Et là je ne vous parle plus de prise de position en faveur de la politique culturelle de Vichy, mais bien de soutien affiché à l’occupant allemand.
- Affiché ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
- Voyez-vous Niels, Jean-François n’a pas été le seul à se compromettre. Dans le spectacle, dans la littérature, ils ont été légion à prêter allégeance au vieux Maréchal. Claudel est allé jusqu’à lui écrire une ode. Cocteau, Guitry et bien d’autres ont fréquenté les soirées de l’Institut allemand plus que de raison. Montherlant a célébré la virilité nazie dans ses écrits. Dullin s’est empressé d’accepter la direction du théâtre Sarah-Bernhardt rebaptisé Théâtre de la Cité. J’en passe et des meilleurs. Les comédiens et les auteurs ont cette peur panique d’être réduits au silence, de ne plus paraître en pleine lumière.
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"En France oú l'on aime tant les idées, les écrivains ont un statut à part.
Les mots peuvent tuer et ils peuvent aussi faire condamner à mort leurs auteurs . "
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Vidéo de Alexis Ragougneau
27 oct. 2022 Rencontre en ligne Un endroit où aller du 18/10/2022 avec Alexis Ragougneau pour son roman "Palimpseste", paru aux éditions Viviane Hamy.
Il est interviewé par Nathalie Couderc.
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