Contrairement au dernier lecteur ayant fait une critique de ce livre, je ne trouve pas le rebondissement final génial.
Bien au contraire.
Comment peut-on imaginer qu'une avocate fabrique de fausses lettres pour sauver son client ?
Fausses lettres que le juge d'instruction n'a aucun mal d'ailleurs à démasquer avec l'aide d'un graphologue.
Mais le meilleur est à venir : Comment a-t-elle pu faire des copies alors qu'elle n'a jamais eu en main la moindre lettre originale ?
Le roman s'écroule quand on se pose cette question.
Pourtant je m'étais régalé durant la lecture. le roman était parfait autant par la psychologie des personnages que par le style de l'auteur.
Hélas, je suis au regret de constater que la révélation des dernières pages remet en cause l'ensemble du roman qui retombe comme un soufflet.
Dommage.
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- Quel genre, cette maîtresse : bourgeoise, petite main, grande cocotte ?
- Bourgeoise peureuse !
- Oh ! Il n'y a rien de mieux ! Ça vient à vos rendez-vous avec une résille sur la figure ; ça dit "non" jusqu'au dernier moment ; et après, ça vous apprend des trucs dont vous n'aviez même pas entendu parler.
J'ai commencé par ma femme parce qu'elle était près de moi. J'ai visé sa tempe. A moins d'un mètre je ne pouvais pas la rater !
Comme dans un rêve qui se serait déroulé lentement, j'ai vu s'ouvrir la tête d'Andrée...Un flot rouge a jailli. Deux balles avaient suffi. J'ai relevé l'arme. Stephan s'élançait vers la porte. En un éclair, je me suis dit que cette position ratifierait ma version. Je lui ai vidé six balles dans le dos. Il a fait encore un pas et s'est abattu devant la porte. Je me suis dit :
" Voilà, Bernard, c'est fait. Le jardin est labouré, toutes les mauvaises plantes sont enfouies dans son sol..."
Le juge Lechoir, au contraire, avait beaucoup d'allure. C'était un grand quinquagénaire un peu voûté, aux cheveux blancs, aux lunettes d'or, et dont les vêtements usés étaient de bonne coupe.
Il m'a regardé entrer et a eu un petit salut bref.
- Asseyez-vous...
Depuis mon crime, c'était la première personne qui ne me témoignait aucune sympathie. Il restait neutre, sévère, infiniment dangereusement objectif.
Oui, plusieurs jours se sont écoulés ainsi. Inertes ! Je les franchissais sans y prendre garde. La vie de la prison m'ensevelissait dans son espèce de paix grise. C'était plein de rites infimes qui morcelaient les journées, en faisaient vaille que vaille des journées cohérentes et ordonnées. Il y avait la toilette du matin. La promenade dans la cour, avec les autres. Les repas. Des livres que je prenais à la bibliothèque et que je m'efforçais de lire, sans m'y intéresser car, en filigrane il y avait cette idée fixe : "Tu es perdu, Berny ! On va te couper le cou, Berny..."
La voix sèche du juge. Une voix cassante, faite pour interrompre et pour questionner. Une voix qui ne savait que poser des questions indiscrètes...Son métier, en somme, c'était l'indiscrétion, l'impudeur.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
San-Antonio, _Réflexions définitives sur l'au-delà,_ morceaux choisis recueillis par Thierry Gautier, Paris, Fleuve noir, 1999, 120 p.
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