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sur 257 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rose et Solange sont deux adolescentes de quinze ans ; leurs maisons se font face dans un village du Pays basque, même si la famille de Solange est moins favorisée que celle de Rose. Elles fréquentent le même lycée où elles se rendent en bus. Mais Solange tombe enceinte ; elle ne sait pas comment faire pour avorter, ni même si c'est ce qu'elle veut, si bien qu'elle garde le bébé. Rose est une bonne élève, elle est amoureuse de Christian depuis l'école primaire, ou en tout cas croit l'être. Après l'accouchement, horrible, Solange commence le théâtre en intégrant la troupe amateur du lycée, elle semble avoir des capacités, d'après sa prof ; elle veut devenir actrice ; elle quitte son village pour le lycée Molière à Bordeaux avec une option théâtre, puis ce sera Paris, en attendant encore d'autres cieux… ● La même histoire est racontée d'abord du point de vue de Rose, puis du point de vue de Solange, mais il n'y a aucun effet de redite ; vue par Solange, l'histoire est complètement différente. Marie Darrieussecq évite tout ce que son dispositif pourrait avoir de répétitif ; il n'y a rien de fastidieux dans son texte au titre magnifique. ● Les deux personnages principaux, Rose et Solange, sont superbement campés, de même que les années quatre-vingt sont parfaitement restituées, avec les lieux à fréquenter, la mode, les chansons, la chute du mur, le sida… Les personnages secondaires ne sont pas en reste, l'autrice parvient à les faire vivre en deux ou trois notations acérées. ● Car, même si la construction est remarquable, le principal, dans ce roman, c'est son style. Il m'a happé dès la première page. Les phrases sont courtes, percutantes, souvent allusives, elliptiques. Elle est la seule à écrire ainsi, c'est profondément original et follement littéraire. Un régal.
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J'adore la plume de Marie Darrieusecq qui oscille entre érudition et trivialité. Au travers de deux portraits de femme, Rose la sage, la studieuse et Solange, la délurée, l'artiste, elle réussit avec réalisme et émotions à capturer l'ambiance des années 1980 et 1990. Années rock, années sida entre la profondeur d'un village Basque et l'effervescence parfois sauvage et sombre de grandes villes comme Bordeaux, Paris et Londres en pleine mutation. le livre est riche tant par ses références musicales, cinématographiques que sociologiques. Les liens homme femme dans leurs crudités, leurs complexité sont finement exploités. Rose et Solange sont des personnages déjà croisées (Il faut beaucoup aimer les hommes / la Princesse de Cleves). Pour ma part j'en avais lu un sur deux et cela ne m'a aucunement manqué. Bref j'ai dévoré ce livre
Au passage, si l'envie vous en dit, vous pouvez écouter Marie Darrieusecq interviewé par la librairie Mollat de Bordeaux. Passionnant.
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Comment se construire en tant que femme adulte ? Quand est-ce que ça commence la “vraie” vie ? Quels rêves suivre ? Partir ou rester ?

Marie Darrieussecq met en corps ces questionnements existentiels au travers de deux parcours de jeunes femmes. Rose et Solange sont adolescentes, et grandissent dans un petit village basque au plein coeur des années 80. Ce livre raconte leurs choix de vie très différents, leur construction en miroir.

C'est un récit réaliste, rythmé, parfois trash, juste mais jamais niais. Une ode aux années 80, aux rêves et aux illusions adolescentes.

J'ai beaucoup aimé ce roman.
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Marie Darrieussecq a une écriture élégante et crue à la fois, elle dit les choses. Chaque mot est choisi à bon escient, il percute. C'est toujours cash et cela fait du bien qu'elle le dise de cette façon, aucune ambiguïté.
Les années 80 sont retranscrits fidèlement et les clin d'oeil musicaux ou autres sont fidèles.
Je me régale toujours avec les livres de Marie Darrieussecq.
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Les fans de Darrieussecq qui, la lisent à chaque parution, le savent Solange et Rose sont deux héroïnes récurrentes. Ressort cette impression qu'il aura fallu à l'auteure observer ces deux filles sous tous les angles pour en sortir aujourd'hui la version idéale. C'est donc un travail de longue haleine à laquelle s'est attelée cette écrivaine, dont l'oeuvre inaugurée il y a trente ans, annonce, ici, une maitrise totale, absolue, flamboyante. Pour les autres qui découvrent Solange et Rose, ne vous affolez pas, vous plongez dans les années 80 aux côtés de deux nanas, l'une plus barrée que l'autre, l'autre plus sage mais néanmoins pas si heureuse quand même. Bien sûr, il faut aussi parler de l'écriture de Darrieussecq, qui est un ovni dans la littérature française. Des phrases ciselées, courtes, percutantes. Des mots qui râpent aux encoignures et écorchent les oreilles un peu trop prudes. Pour les autres (c'est-à-dire la plupart d'entre nous) c'est un régal. Les années 80, j'adore y replonger dedans et, là, c'est cadeau. Fabriquer une femme, au final, ça ne parle pas que des nanas mais surtout des mecs. Comme quoi, faut jamais se fier au titre.
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Deuxième coup de coeur pour un écrit de Marie Darrieussecq ! Je ne m'arrête plus, j'ai l'impression que quand on jette un oeil sur son écriture, c'est difficile de lire autre chose ! J'essaie d'économiser mes lectures mais pas facile !!

Solange et Rose sont deux amies d'enfance, opposées par leurs personnalités, leurs goûts et leurs ambitions. Pourtant, malgré les années qui passent, elles se suivent, parfois de loin, mais toujours présentes. le roman est écrit en deux parties avec leurs deux points de vues, deux rythmes d'écritures très différents qui surprennent agréablement. On aborde le monde du théâtre, de la maternité non souhaitée et non vécue, du Sida, des idoles de la chanson des années 70. Une immersion totale en campagne, à Bordeaux, à Paris, à Londres, à Los Angeles.
Et dernière surprise, Solange apparaît dans deux autres romans de cette autrice !

Alors, en ayant vu les critiques des autres lecteur.ices, je comprends aussi, car au début j'ai mis un peu de temps à me lancer dedans, mais je pense que c'est fortement lié à la vie de Rose, qui a une personnalité moins borderline et exubérante que Solange, et quand on passe au point de vue de Solange, tout change et le tourbillon est lancé. Et rien que pour cette pirouette d'écriture, bravo.
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Comme dans « Clèves » , paru en 2011, ce « Fabriquer une femme », qui en est la continuation, est constitué de trois parties. Ici, ce ne sont pas les verbes Avoir, Faire et Refaire mais une alternance de points de vue: « D'après Rose », « Selon Solange » et «Ensemble ».
0n a plus ou moins quitté quitté Clèves, ce petit village basque, que l'on a vu dans le livre précédent se transformer insensiblement en petite ville… À Bordeaux, puis à Paris, Rose devient une étudiante sérieuse. Héritées de lointains ancêtres sourciers ou rebouteux, cette futur psy a des mains qui soignent, des mains qui apaisent, mais que la doxa des «sachants » lui interdit d'utiliser ( Pan sur le bec des Lacaniens, au passage, et c'est bien fait pour eux! On sent que Darrieussecq solde ici quelques vieux comptes…)
Après une période d'immense confusion, Solange elle aussi a quitté le village. Actrice en devenir, elle est aussi et surtout une Fêtarde, une quasi marginale, qui traverse en somnambule très allumée la période «Bains-Douches » et «Palace », la fièvre des boîtes de nuit, les squattes , l'angoisse des années Sida…
Dans la troisième partie le champ s'élargit encore puisqu'elles se retrouvent à Los Angeles, dans le milieu étincelant mais aussi éminemment déceptif des grandes premières hollywoodiennes.
Autour de ces deux jeunes femmes , un bataillon de personnages magnifiquement ciselés: copains et copines de classe, amoureux, parents ( dont la merveilleuse «maman à Rose », ainsi que la désigne Solange. Elle est la « féministe du village », à la fois lucide, éclairée, et toujours incroyablement généreuse). Et jusqu'à ce pauvre enfant abîmé par les forceps, qui perpétue la blessure impardonnable du premier livre…

Ainsi, avec leurs trajectoires et leurs points de vue contrastés, les deux personnages s'approfondissent, nous offrant une double perspective sur les années 90 et au-delà.
Néanmoins, dans les toutes premières pages, perso je me sentais un peu perdue. Dans le récit consacré à Rose je ne reconnaissais pas la «Solange » que je venais de quitter: l'adolescente dévoyée, quasiment nymphomane, de « Clèves ».
Quant à Rose elle-même, dessinée dans le premier opus en silhouette un peu rèche, trop sérieuse, trop raisonneuse pour être parfaitement sympathique, voilà que je la re-découvrais en meilleure amie d'enfance de la sus-dite, et bien plus complexe qu'elle ne m'était d'abord apparue. Je la voyais aussi beaucoup plus attachée à Solange , beaucoup plus empathique et même maternelle, que Solange envers elle.

Impression de désarroi due au changement de point de vue, et vite dissipée. Et j'ai beaucoup aimé la façon dont M.D. , s'appuyant probablement sur des expériences personnelles, retrace les parcours parallèles de ces deux jeunes femmes: en quelque sorte les deux visages possibles d'une même génération.
A côté des facilités de l'« auto-fiction », c'est cet aspect de témoignage générationnel, pour ainsi dire sociétal, qui me paraît signer ici un bon, un excellent roman.

Avec cela beaucoup, beaucoup de bonheurs d'écriture, de phrases - ou réflexions - qui font mouche. En somme, un très beau livre, à la fois très riche, ample et profond.
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On se laisse emporter par ces deux jeunes femmes qui “se fabriquent “ parfois dans la douleur, sous nos yeux . La vie de Solange sans doute plus trépidante répond à celle de Rose plus sage. Cette histoire en miroir s'inscrit dans celle des années 80: les lieux, la musique, les acteurs…
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