Comme la quatrième de couverture l'annonce,
Tom est mort n'est pas le genre de lecture à prévoir si vous avez besoin de quelque chose de réconfortant… Je n'avais jamais rien lu de
Darrieussecq et j'avais trouvé ce livre dans une brocante, c'était donc l'occasion. En plus, j'avais déjà entendu parler du livre et il m'intéressait pour son contexte… je vous en parle après.
C'est donc un livre sur le deuil et plus particulièrement sur la mort d'un enfant. Mais le décès de Tom n'est que le déclencheur, le roman explore plutôt les sentiments de la mère, son désarroi, sa culpabilité, sa colère. L'auteure parvient à exprimer le deuil du personnage sans que ce soit « simplement » direct. En écrivant à la première personne, elle nous permet de voir les choses du point de vue du personnage. Après ce drame, tout est déformé. Tout lui fait penser à Tom, dans la maison où ils venaient d'emménager en Australie bien sûr, mais également à l'extérieur. Au point où la mère commence à voir et entendre Tom, à le chercher dans sa chambre, dans le miroir…
Je ne sais pas trop comment parler de ce livre. Il n'y a bien sûr pas de réelle « action » ou intrigue, tout est dans le ressenti, les sentiments du personnage principal. D'ailleurs, la cause de la mort de Tom n'est jamais explicitement mentionnée. Finalement, peu importe. Seul l'après compte. La forme même du roman, les phrases courtes, le passage brusque d'une pensée à une autre, tout ramène à l'idée de deuil, de perdition et de douleur.
Ce qui m'intéresse le plus dans ce livre, c'est son histoire publication, dont j'avais entendu parler il y a quelques années. En effet, après la publication du roman de
Marie Darrieussecq,
Camille Laurens l'a accusée de plagiat « psychique ». Les deux auteures sont publiées chez P.O.L. et
Camille Laurens a publié, quelques années auparavant, son livre
Philippe sur la mort et le deuil de son enfant. Un récit autobiographique, là où celui de
Marie Darrieussecq est une fiction.
Camille Laurens clame que
Darrieussecq aurait plagié certaines de ses références dans son livre, certaines tournures de phrases, voire la syntaxe. Mais surtout, elle lui reproche d'avoir écrit sur la mort d'un enfant, qu'elle n'a jamais vécu, alors que sa douleur à elle, son écriture à elle, était bien réelle. Tout cela soulève le débat concernant ce que quelqu'un peut écrire ou non : seulement ce dont il a connaissance, ce qu'il a pu expérimenter ?
En tous cas, je trouve cette histoire très intéressante, si vous souhaitez en savoir plus je vous conseille l'article du Monde « «
Tom est mort », la polémique » puis un article scientifique qui va un peu plus loin, «
Camille Laurens,
Marie Darrieussecq : du « plagiat psychique » à la mise en questions de la démarche autobiographique » d'
Anne Strasser pour la revue ConTEXTES. Comme l'évoque ce dernier article,
Marie Darrieussecq a par la suite publié Rapport de police, une réflexion sur la plagiat puisque c'était alors la deuxième fois qu'elle en été accusée, pour des raisons différentes. J'aimerai beaucoup lire ce texte pour en savoir plus !
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