AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782953737356
382 pages
Terres d'Histoire (01/09/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
D'une lecture passionnante et toujours savante, il permet de rappeler l'importance comme historien du "troisième Daudet" (Jean Tulard, de l'institut, dans sa préface).
Que lire après La Police et les Chouans sous le Consulat et l'EmpireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Longtemps, j'ai cru que la mort de l'activiste proroyaliste Georges Cadoudal, le 25 juin 1804, avait mis un terme aux entreprises antigouvernementales de la Chouannerie contre le régime Consulaire puis Impérial, surtout que Napoléon Bonaparte avait manifestement l'intention de laisser des représentants de la noblesse malmenés par la tourmente révolutionnaire entre 1789 et 1799 rentrer en France et y refaire souche en échange de leur consentement à la reconnaissance des nouvelles institutions. Napoléon avait même consenti à rendre à l'Église sa place prépondérante dans la société française par la signature d'un Concordat, mais sans reconnaître au catholicisme le droit de réendosser ses anciens attributs de religion d'État, ce qui ne pouvait que pacifier les relations du nouveau régime avec les représentants de l'ancien. Seulement voilà, Napoléon n'entendait pas faire un pas de plus, et n'entendait pas être celui par qui la monarchie bourbonienne serait restaurée et rétablie sur le trône. Il le fit clairement et fermement comprendre au chevalier d'Andigné le 27 décembre 1799 : "Rétablir les Bourbons, jamais". Les portes claquèrent, et ceux qui pensaient que Bonaparte servirait de marche-pied à Louis XVIII, comme un nouveau Monck, en demeurèrent pour leurs frais et perdirent en un instant toutes leurs illusions. Tous pont rompus, ces fervents serviteurs et tenants de la royauté n'eurent pas d'ennemi plus grand, à leurs yeux, que ce général qui allait sous peu, le 2 décembre 1804, se faire couronner Empereur des Français. Entre-temps, il y eut l'explosion de la Machine Infernale sur le trajet du Premier Consul se rendant à l'opéra (pas l'Opéra Garnier, bien évidemment, car celui-là surgira de terre sous Napoléon III), mais cet attentat du 24 décembre 1800, rue Saint-Nicaise, dont Bonaparte sortit miraculeusement indemne, ne fut pas interprété, on le sait, par le principal intéressé comme un crime perpétré par les royalistes mais plutôt comme un complot signé par des néo-jacobins. Napoléon dut bien finalement admettre, grâce aux méthodes employées par Joseph Fouché, qui dirigeait déjà la Police sous le Directoire, que la tentative d'assassinat venait bien des supporters de Louis XVIII. Sans doute, à partir de ce moment-là regarda-t-il d'un autre oeil ces agents de la monarchie et leur voua-t-il une haine égale à la leur, ce qui expliquerait son inflexibilité dans l'enlèvement, le jugement sommaire et l'exécution du duc d'Enghien le 21 mars 1804. C'est le livre qu'Ernest Daudet, frère d'Alphonse, a consacré à La Police et les Chouans sous le Consulat et l'Empire qui m'a le plus convaincu que c'est l'acharnement des royalistes à éliminer Napoléon Bonaparte qui a amené ce dernier à frapper contre eux des coups terribles. Je dois cette lecture à Sylvie Dutot, rédactrice en chef et directrice de publication de la revue Histoire Magazine, et qui vient de faire republier ce livre d'Ernest Daudet, incontournable ouvrage sur le thème indiqué dans le titre précité, et qu'elle a doté d'une préface signée Jean Tulard, célèbre historien et biographe de Napoléon et membre de l'Institut. Ce livre est en effet un classique sur la question évoquée et sa matière a été puisée dans les dossiers de la série F7 des Archives Nationales. Il fait revivre devant nous, de manière palpitante, de multiples acteurs royalistes ayant oeuvré, pour certains jusqu'à la mort et d'autres jusqu'à un nouvel exil, contre le Premier Consul devenu par la suite Empereur. Il n'y eut jamais de répit, contrairement à ce que je pensais, et tous les moyens leur parurent bons pour tenter de mener leurs entreprises meurtrières à bonne fin. Et la liste est longue de ces conspirateurs, qui réussirent à enlever un sénateur et pas des moindres, Clément de Ris, et des évêques ralliés à la Révolution ou à l'Empire, ne craignant même pas d'éliminer physiquement certains de ces "traîtres" aux yeux des fidèles du futur Louis XVIII, pillant ou rançonnant selon les besoins, s'entourant d'une multitude de comparses tout aussi dévoués qu'eux à la cause de la monarchie, développant des réseaux sur toute une province, voire même sur tout le territoire, espérant bénéficier du soutien des principaux membres encore en vie de la dynastie des Bourbons et de l'appui financier des Anglais, calculs assez vains mais qui endurcirent ces ennemis du régime napoléonien dans leur projet de tuer Bonaparte. Certains, pris dans une véritable odyssée aux multiples rebondissements puis traqués comme des bêtes dans leurs ultimes retranchements, périront sous les balles au terme de combats héroïques ou devant un peloton d'exécution. D'autres, moins nombreux, réussiront à échapper presque miraculeusement à leurs poursuivants. Ce livre, fruit d'un véritable travail d'historien, a des allures de récit d'aventures et je vous garantis que vous vibrerez à la lecture de ces pages qui, écrites d'une très belle plume, vous entraîneront fort loin jusqu'au coeur de la nuit, car vous aurez du mal à le refermer avant de terminer la lecture de tel ou tel chapitre, au cours de laquelle vous croiserez des personnages hauts en couleurs, certains très inquiétants et d'autres fortement admirables. Aucune de leur destinée ne vous laissera indifférents. Car chacun a cru en ce qu'il faisait. Mais, au total, aucun ne parviendra à embraser toute une région et ses populations comme avaient pu le faire les Vendéens et les Chouans aux heures des grands soulèvements contre la Convention par exemple. Reste que ces individus parvinrent à maintenir suffisamment sur le gril les autorités impériales, au point qu'il fallut pour les surveiller détourner quelques milliers de braves soldats qui devaient cruellement faire défaut à Napoléon le 18 juin 1815 sur le champ de bataille de Waterloo. Vraiment, je vous le dis, ce livre mérite d'être redécouvert, car il est captivant et son style, qui le rend attrayant, en fait un ouvrage de qualité , qui ne s'est jamais démodé.

François Sarindar
Commenter  J’apprécie          782


autres livres classés : chouansVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}