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Jean-Kely Paulhan (Autre)
EAN : 9782854523386
174 pages
Plein Chant (01/09/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Le petit-fils de Cure-Bissac (sobriquet désignant un pauvre vivant en raclant son fond de besace), musicien amateur, rêve de faire jouer par la clique de sa bourgade, à la gloire posthume de son grand-père, une « symphonie en sabots » de sa composition et y parvient contre vents et marées. L'auteur, Georges David, dont Plein Chant a publié Passage à niveau en 2017 (il parut en 1935, Cure-Bissac en 1930), lui-même musicien, excellent cornettiste, fut le chef de musiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lorsqu'Élie Simoneau, tâcheron et violoneux dans les noces, petit-fils de celui qui répondait au sobriquet de Cure-Bissac (Crève-la-faim), est élu directeur de l'Harmonie municipale de Richelieu, il entreprend de composer une symphonie à la gloire de son grand-père et de tous les siens, « culs-terreux » et « mangeux d'ail », « toute cette couée de gueusards venus avant lui », « tous ces bêcheux-éborgneurs de lèche tirant dans les brancards ou cassés en deux sur la terre », « valets, bêtes de somme ne sachant ni lire ni écrire ». Il devra affronter les moqueries et l'incompréhension.

Georges David, fin observateur de la vie rurale, narre avec beaucoup de justesse et dans une langue « vivante », les années d'apprentissage de Simoneau, avec sa « gueule taillée à coup de serpe et [s]on air d'avoir toujours perdu quatorze pains dans le four », sa rencontre avec Gertrude, puis ses efforts pour « s'élever avec la musique », pour transposer ses émotions sur le papier à chandelle, son obstination face à l'hostilité et aux sarcasmes, lui qu'on traitait toujours de fainéant. « Entendre ce que les autres n'entendent point ; créer des sonorités ; pouvoir dire son rire ou son chagrin d'homme dans trois couplets et un refrain ou dans une symphonie avec choeur ; écrire, lui, Simoneau qui sentait l'écurie aux vaches, des musiques d'une grande simplicité, comme le Sanctus de Beethoven, entendu un matin de Pâques à la cathédrale de Tours, comme le solo de cor d'Egmont. » Il sera soutenu par de Braslou, « Richelais de race », ancien receveur de l'Enregistrement et président de l'Harmonie : « Bon courage, mon vieux. Tu n'as pas fini de graffigner des papelards. Ils m'ont toujours fait rire, ceux qui parlent de la joie d'extirper quelque chose d'une sensibilité ou d'un cerveau… Et dis-toi bien que tu n'arriveras probablement jamais à rien, que les lauriers de ton champ ne seront guère que des lauriers-sauce — et encore ! — et que tu rencontreras, route faisant, plus de sourire en coups de couteau que de compliments bien tournés. Mais tu t'en fous, parce que tu vibres comme une chanterelle. Tu as raison de t'en foutre. »

Georges David donne la parole aux « mangeux d'ail », une parole vivace et vibrante qu'il adopte et emploie pour donner à voir et entendre une réalité crue. Avec cette chronique, cette tranche de vies, il témoigne et rend hommage à ceux d'en bas, ceux qui peinent à gagner leur « bougresse d'existence ». Splendide !


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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mon pauvre Simoneau, tu as la petite bête, c’est une maladie qui ne pardonne point. (…) Certainement, on te traitera d’individu peu intéressant, parce que toi, pauvre diable, tu te consoleras de la vie royalement, parce que tu t’éloigneras des imbéciles, qui ont souvent payé très cher pour être ce qu’ils sont. Va-t-en, éloigne-toi d’eux ; tu aborderas des rivages qu’ils ne connaîtront jamais, si riches soient-ils. Laboure ton champ en toute simplicité ; ne te monte pas le coup. Sois simple, tiens, comme ceux qui ont peiné pour nous laisser ces livres-là. (…)

Tu as lu La Fontaine ? Je te prêterai Rabelais, qui était de la rue de la Lamproie, à Chinon. Je te prêterai Don Quichotte, aussi, et d’autres… Leur puits était mitoyen, à Cervantes et à Rabelais ; ils ont bu la même eau. Tu verras comme c’est rigolo, tout ça, et douloureux, et douloureux.
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Et tu as cherché l’inspiration comme on cherche un coutiau dans n’un guéret. Tu croyais pouvoir abinder ça comme on abinde des duchesses dans des poiriers nains.

Tu t’es dit, un jour : « Y fait beau, à nuite, les osieaux goulent dans la ramure et les geurlets dans les foussés. J’vas aller à La Croix-des-Veaux, tout ras Trop-Coûte, et j’écrirai su mon calepin des trucs épatants. Les gens diront : Il est sorcier, le drôle de Simoneau, il a le nombril su l’épaule. » (…) Mais va te faire foutre ! ça ne venait pas vite, l’inspiration, à La Croix-des-Veaux. Et puis, c’est venu tout seul, après, en ramassant le breton à Langevin et aux autres zoulous ».
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Bon courage, mon vieux. Tu n'as pas fini de graffigner des papelards. Ils m'ont toujours fait rire, ceux qui parlent de la joie d'extirper quelque chose d'une sensibilité ou d'un cerveau… Et dis-toi bien que tu n'arriveras probablement jamais à rien, que les lauriers de ton champ ne seront guère que des lauriers-sauce — et encore ! — et que tu rencontreras, route faisant, Plus de sourire en coups de couteau que de compliments bien tournés. Mais tu t'en fous, parce que tu vibres comme une chanterelle. Tu as raison de t'en foutre.
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Entendre ce que les autres n’entendent point ; créer des sonorités ; pouvoir dire son rire ou son chagrin d'homme dans trois couplets et un refrain ou dans une symphonie avec chœur ; écrire, lui, Simoneau qui sentait l'écurie aux vaches, des musiques d'une grande simplicité, comme le Sanctus de Beethoven, entendu un matin de Pâques à la cathédrale de Tours, comme le solo de cor d’Egmont. 
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