La volonté d'« admirer la beauté du climat brésilien » et de « propager la connaissance des beaux-arts » en créant une « Académie impériale des beaux-arts de Rio-Janeiro » anime
Jean-Baptiste Debret lorsqu'il quitte la France en 1816 pour se rendre au Brésil. Dans son
Voyage pittoresque et historique au Brésil qu'il publie à son retour en trois tomes entre 1834 et 1839, il dresse un tableau sociologique des moeurs et des acteurs de ce pays naissant. Petit neveu de
François Boucher, cousin par alliance et collaborateur de
Jacques-Louis David, Debret est peintre d'histoire au service de la cour, ainsi que scénographe, décorateur de fêtes et aquarelliste. À travers les aquarelles qu'il peint sur la vie quotidienne à Rio de Janeiro, il propose au lecteur bien plus qu'une balade exotique. Son ouvrage est à la fois une analyse sociale approfondie, une histoire de l'aventure coloniale portugaise et une véritable apologie de l'émergence de la nation brésilienne. À sa description des Brésiliens se mêlent une vision fortement primitiviste et les images idéalisées du « bon sauvage romantique ». le récit de Debret est un projet historico-politique qui aborde en trois parties, la caste sauvage, l'industrie du colon brésilien et l'histoire politique, religieuse et artistique. Les éditions
Actes Sud publient la première réédition en France de l'ouvrage de Debret depuis 1839 ! le livre, qui présente l'intégralité de son récit avec de belles reproductions de ses dessins et aquarelles, est précédé d'une longue préface historique par
Jacques Leenhardt, qui éclaire le lecteur sur le contexte historique et social de l'écriture du Voyage pittoresque.
Par Marie Yvonneau-Fournier, critique parue dans L'Objet d'Art 509, février 2015