Tout d'abord, quelques mots sur la formulation du titre : l'utilisation de la première personne du singulier induisant une dimension subjective me semble tout à faire appropriée car, finalement, « Je » peut aussi bien être n'importe quelle femme. Cela permet au lecteur, quel qu'il soit, de s'identifier, de s'impliquer dès la lecture du titre, qui se trouve être en cursive, renforçant cet effet « personnel ». L'intérêt est toujours accru lorsque l'on se sent concerné. Ce titre reflète déjà la vision, la voix qui éclaire tout le contenu du livre. La voix déterminée d'une femme, son auteure bien sûr, mais aussi de toute femme désirant se joindre à un changement qui se veut nécessaire, car c'est dans l'union que ce dernier sera possible.
Ensuite, le sous-titre aussi a son importance. Malgré l'apparence graphique de la couverture pouvant sembler « ludique », « légère » (police en cursive comme sur certains romans, agencement esthétique des pilules sur fond bleu), le livre est à prendre au sérieux comme l'indique le sous-titre, comme un rappel, avec ses avertissements des risques. le dos du livre indique aussi le genre : « document ». Ainsi, le livre, de par sa simple couverture, fait déjà ce que ne fait aucune boîte de médicament : les effets secondaires apparaissent directement sur l'emballage.
L'accès à l'information ne doit pas rebuter. En ce sens, le côté coloré et esthétique de la couverture reste efficace car il doit attirer et rassembler le maximum de lectrices et de lecteurs.
La préface écrite par le Dr Spiroux de Vendômois, président du CRIIGEN, docteur en médecine, spécialisé en médecine générale et en médecine environnementale, témoigne de l'appui de professionnels, d'experts. L'enquête de l'auteure est validée à travers cette préface qui représente une bonne pré-introduction à un sujet épineux essentiel.
Concernant le contenu du livre en lui-même, j'ai plusieurs choses à dire.
Déjà, ce qui saute aux yeux, c'est la richesse des sources de recherches sur lesquelles s'est bâtie l'enquête. Il n'y a qu'à regarder les notes de bas de pages.
Aussi, la précision et l'exhaustivité des statistiques est bien visible, c'est du concret.
Je me suis surprise à me passionner lors de la lecture de tout le contexte historique autour de la naissance de la pilule, un vrai thriller. Ce développement historique est édifiant et nécessaire à cette enquête car les problèmes que rencontrent les femmes aujourd'hui sont la suite de ce passé toujours étrangement présent. Une maison ne tiendra jamais le passage du temps si ses fondations sont pourries. Elle abritera peut-être une génération mais finira par s'écrouler tôt ou tard. Je me suis sentie à la fois effrayée et révoltée par le rôle des eugénistes et la création de la pilule comme un outil de manipulation des masses.
J'ai apprécié les différentes parties du livre titrées, toujours précédées de bonnes phrases de transition qui guident la lecture, témoins du soin apporté à l'écriture de ce livre.
J'aimerais aussi énoncer un autre point fort de ce livre qui n'est pas juste une simple énonciation de faits, ni une simple enquête. C'est un appel à la communication, à un débat de nouvelles idées. En effet, le contexte est d'abord posé, puis développé, puis questionné. Mais ce n'est pas tout, il offre une « perspective constructive ». Ce livre fait comprendre l'urgence, ou les urgences, de la situation puis énonce, fait des propositions de changement, offre une diversité de nouvelles réflexions. Pour moi, c'est un appel. L'appel de milliers de voix réuni sous la plume volontaire de Sabrina. Et les hommes n'en sont pas du tout exclus, bien au contraire, ils s'y voient conviés. Plus qu'une vision féministe ou écologiste, j'y vois du bon sens.
Je trouve que «
J'arrête la pilule » remplit bien son rôle d' « actualisation du savoir ».
Le ton du livre, le langage, est clair, direct, énergique mais sage. Il ne sert pas seulement à convaincre mais aussi à encourager le lecteur à remettre en question ce qui est et à penser par lui-même, en dehors de tout carcan. de plus, le livre fait encore une fois ce que ne font pas les médicaments (ni la plupart des médecins) : il donne des conseils. Comme le précise l'auteure, elle n'est pas « anti-pilule », elle offre donc des conseils à celles qui prennent la pilule, afin d'en limiter les effets secondaires. La lecture de ce livre fournit le minimum de l'accompagnement et du soutien dont devrait bénéficier chaque femme en mauvaise posture. de ce fait, la création du classement des méthodes contraceptives est un super outil, à la fin du livre.
J'ai bien aimé l'utilisation personnelle du « je » au tout début puis à la toute fin du livre, comme une boucle, un cycle, qui avec la mention de ta grand-mère rappelle le cycle de la vie et par conséquent l'importance de la réconciliation intergénérationnelle en conclusion.
Enfin, l'association de l'écologie et du féminisme me semble à moi aussi essentielle et extrêmement logique. L'essentiel restera toujours la vie.