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EAN : 9782266287296
672 pages
Pocket (07/03/2019)
4.42/5   25 notes
Résumé :
Quand on parle maltraitance gynécologique, immanquablement, chaque femme a quelque chose à raconter, de plus ou moins grave. C'est de ce constat que part Mélanie Déchalotte, journaliste, pour mener une enquête, recueillir les témoignages des patientes autant que celui des médecins. Avec le numéro de Sur les Docks qu'elle y consacre, elle fera littéralement "exploser" l'audience et fera battre à l'émission un record de podcasts. Elle s'appuie notamment sur le TumblR ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Tout d'abord je tiens à remercier les éditions Pocket pour cet envoi (ainsi que pour le petit post-it ! Une petite attention très appréciée ) et Babelio pour cette masse critique à laquelle j'ai eu la chance d'être sélectionnée.

C'est suite à ma lecture d'un roman de Martin Winckler : " le choeur des femmes" que j'ai eu envie d'en savoir davantage sur les violences médicales.

Souvent niés ou minimisés par la société, les mauvais traitements infligés aux femmes en matière de gynécologie et d'obstétrique sont depuis quelques années sortis du silence grâce aux réseaux sociaux et aux différentes enquêtes réalisées par les journalistes.

Les femmes se sont longtemps racontés ces violences entre elles. Certaines ont même intériorisé et normalisé ces violences (faute à une confiance aveugle faite au corps médical et à l'idée qu'il est dans la nature d'une femme de souffrir : pour être "belle", lors de l'accouchement ou lors des premiers rapports sexuels.)

La parole se libère donc et les témoignages de femmes affluent sur les réseaux sociaux. Je recommande d'ailleurs un bon documentaire sur le sujet pour avoir accès à quelques témoignages : "Corps médical" disponible sur Youtube.

Le livre noir de la gynécologie est le prolongement d'une enquête réalisée par la journaliste sur France culture sur les violences gynécologiques et obstétricales (lors de l'accouchement) qui avait suscité un grand nombre de réactions et de témoignages de femmes nombreuses à se reconnaître dans ces maltraitances.

Ces violences sont multiples: elles peuvent être verbales et psychologiques (propos sexistes, jugement de valeur, humiliation, mépris du consentement et de la douleur de la patiente), physiques (gestes abusifs, pratiques dangereuses comme l'expression abdominale ou interdites mais malheureusement encore pratiquées comme le point du mari) et sexuelles. (touchers vaginaux non consenties sous anesthésie générale, attouchement, viol, etc.)

Ce livre retrace toute ces violences par le biais de témoignages et de réflexion sur l'émergence de ces violences et sur la manière dont elles sont vécues par les victimes. (sidération psychique, stress post-traumatique, viol obstétrical ou "birth rape"...)

Il interroge aussi sur le déroulement actuel de l'accouchement en France : sa surmédicalisation, le manque d'alternative de lieux de naissance (les maisons de naissance sont peu répandues et encore au stade expérimental) et la position imposée qui n'a rien de physiologique : le décubitus dorsal (accoucher allongée sur le dos)

Les victimes de ces violences sont nombreuses à se lancer dans cette lutte que représente la voie judiciaire. Entre omerta et confraternité, il est bien difficile pour toutes ces femmes d'obtenir réparation.

En conclusion, ce livre propose une nouvelle réflexion féministe sur un véritable problème de société et de santé publique et invite à une véritable prise de conscience des professionnels de santé pour modifier et moderniser leurs pratiques.

Un livre à mettre entre toutes les mains.
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Un indispensable pour penser la relation entre le corps des femmes, le système de soin et notre société.
Ce livre présente des situations variées et sous des jours différents: témoignages de patientes, articles et témoignages de médecins, de sages-femmes, propos rapportés de responsables syndicaux de soignant·es, extraits d'interview et textes de lois.
J'ai trouvé très intéressant de lire les témoignages (même s'il sont parfois durs, ils sont amenés dans le cadre bienveillant de ce livre et les victimes ne sont pas jugées négativement comme c'est encore trop souvent le cas) et les textes de lois qui sont censés protéger les victimes, et qui en tout cas dénoncent clairement les actes comme illégaux (même si dans la réalité la justice ne les punis concrètement pas même les rares fois où les victimes trouvent la courage et la force de les dénoncer et de porter plainte).

Mélanie Déchalotte, a accompli un énorme travail journalistique compilé dans ce livre.
Je vous conseille au minimum de lire les citations proposées, et au mieux de vous procurer cet ouvrage (en plus d'être très complet, de proposer de nombreuses approches et d'être bien conçu il n'est pas cher: moins de 9€ pour plus de 650p).
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Les violences obstétricales, sujet brûlant de notre actualité, symbolise un féminisme nouveau, centré sur le droit des femmes à disposer de leur corps. Véritable manifestation du patriarcat au sein du monde médical, la journaliste nous renseigne sur des réalités aussi bien effarantes que taboues. En tant que femme, on ne peut que s'indigner de pratiques exercées telles que le « point du mari » ou l'administration de Cytotec mettant en danger la vie de l'enfant et de sa mère.

Ce livre est donc un premier pas vers l'indignation contre un monde médical antipathique et décevant mais aussi vers la reconnaissance d'un monde médical en souffrances où la parturiente ne peut être prise en charge correctement par manque d'effectifs ou besoin de rentabilité.

Je recommande à toutes les femmes de lire cet ouvrage aussi bien pour les informations qu'il procure concernant les pratiques obstétricales et les moyens de s'indigner contre elles, que pour les témoignages vécues par nombre de femmes, qui aujourd'hui méritent la justice.
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Il y a des livres plus difficile à lire que d'autres. Il m'a fallu beaucoup prendre sur moi, fermer l'ouvrage parfois et souffler pour aller au bout des témoignages. Cette lecture s'est accompagnée de larmes et d'une petite crise d'angoisse. Les témoignages sont réellement éprouvants, presque irréels tellement ils témoignent de violences inimaginables et je pense que c'était important de lire et de savoir.

Rien n'a été épargné à ces femmes : insultes, viols, violence, non-respect du consentement, condescendance, mensonges, agressions, tout y passe. de la puberté jusqu'à l'accouchement, l'interférence du corps médicale dans le vie d'une femme est passé au crible.

À la fin de l'ouvrage, l'actrice donne des indications sur les recours juridiques et les aides possibles, elle explique que la loi protège peu mais entamer les démarches, dire "non", demander réparation, c'est déjà un début pour faire changer les mentalités.

Je ne peux pas résumer les 474 pages de ce pavé ici, je ne le veux pas de toute façon mais je veux surtout dire ceci : il FAUT le lire, les femmes doivent s'armer, se protéger, comprendre et les hommes qui les soutiennent aussi. Ce que j'ai lu, ça ne devrait plus exister aujourd'hui, c'est intolérable qu'on en soit encore là. Et la lutte démarre par la compréhension. C'est un livre nécessaire.
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Mélanie Déchalotte et les femmes qui ont contribué à la naissance de cet ouvrage en apportant leurs témoignages permettent de soulever un sujet encore tabou dans notre société : les violences gynécologiques et obstétriques.

Physique, morale, psychologique, autant de violences souvent passées sous silence pour de multiples raisons. En premier lieu la honte, la peur de ne pas être crue et puis l'intimidation, la pression psychologique de la part des auteurs de ces actes qui savent détourner les faits afin d'avoir la loi de leur côté pour se protéger. Ainsi nombre de réunion de conciliation, passage devant l'ordre des médecins, tribunaux n'aboutissent jamais et laissent de nombreuses séquelles physiques et psychologiques à leurs victimes.

Cette enquête, plus qu'une nécessite est un signal d'alarme servant à éveiller les consciences devant ces actes terribles qui ont le même impact sur les victimes qu'un viol. Elle sert aussi à rendre aux femmes le droit de disposer de leur corps à toute étape de leur vie sans plus être confrontées à des spécialistes maltraitants à cause d'incompétence, de pratique rétrograde, d'un manque d'empathie, d'idées religieuses..... malheureusement la liste est longue. Ce texte est une invitation pour les professionnels à mener une réflexion éthique et humanistes sur des actes de soins en général afin que ces pratiques moyenâgeuse cessent.

Bien sûr, il est important de préciser que tous les praticiens ne sont pas à mettre dans la même catégorie et que les auteurs maltraitants n'ont pas de sexe, en effet en épluchant tous les témoignages, nous pouvons nous apercevoir qu'il n'y a pas que des hommes, il y'a aussi des femmes...




Lien : https://promenonsnousdansles..
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Et il n’y a rien d’étonnant à ce que les femmes le vivent comme un viol puisque, juridiquement, toute pénétration sexuelle sans le consentement de la personne est un viol. « Aidés par une jurisprudence contestable, les médecins s’en sortent, explique Marie-Hélène Lahaye, en invoquant le fait que leurs actes n’ont pas de caractère sexuel. » Mais encore une fois, il s’agit de la seule vision du médecin. Son intention prévaut sur celle de la femme. Par ailleurs, contrairement à ce que certains voudraient croire, le viol en lui-même n’est pas « un acte provoqué par une pulsion sexuelle irrépressible que ressentirait l’agresseur, rappelle la psychiatre Muriel Salmona. Le viol est froidement intentionnel, ce n’est pas un désir sexuel qui en est à l’origine mais une volonté de la part du violeur d’exercer un pouvoir en prenant possession du corps d’autrui pour l’instrumentaliser à sa guise. Le viol, c’est une transgression. »
Quoi qu’il en soit, la loi Kouchner met définitivement fin à toute interprétation sur le caractère sexuel ou non d’un geste gynécologique en exigeant que tout acte médical ne soit appliqué qu’après avoir obtenu le consentement libre et éclairé du patient.
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En France, quantité de femmes (ainsi que la société dans son ensemble) restent convaincues qu'elles-mêmes ou leur bébé seraient morts si elles n'avaient pas accouché à l'hôpital. Or, la chute de la mortalité maternelle et infantile liée à l'accouchement résulte de l'amélioration des conditions de vie et de la santé de la population ainsi que des progrès de la médecine en général.
Jusqu'au XIXème siècle, la malnutrition et les carences alimentaires (causes de rachitisme), les luxations congénitales de la hanche, la poliomyélite ou la tuberculose provoquaient de très nombreuses déformations osseuses du bassin à l'origine d'accouchements longs et particulièrement dangereux : les fœtus restaient coincés dans le bassin difforme de leur mère. De même, les infections contractées par les accouchées ont été à l'origine des célèbres "fièvres puerpérales" qui ont ravagé les maternités pendant des siècles. (...)
Ainsi, l'état de santé actuel des femmes (nutrition, vaccins, etc.), l'efficacité des contrôles obligatoires durant la grossesse et la facilité d'accès pour une grande majorité de la population à un établissement de soins (service d'urgence, bloc opératoire, etc.) expliquent pourquoi il ne semble pas exister, pour les grossesses à bas risque, de différence significative de mortalité maternelle et infantile entre un accouchement en maternité et un accouchement à domicile accompagné par une sage-femme.
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Si la maltraitance médicale, et plus particulièrement en gynécologie-obstétrique, peut être assimilée à un viol sur le plan éthique et psychique, elle peut surtout être qualifiée de viol sur le plan légal dès lors qu’il y a une pénétration sexuelle.
Le viol est défini par le Code pénal comme un « acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Tout acte de pénétration sexuelle est visé : buccale, vaginale, anale, par le sexe, par le doigt, par un objet. La loi du 23 décembre 1980, dans sa nouvelle définition du viol, n’a pas lié la qualification à la satisfaction d’une pulsion sexuelle. « Aussi peut-on envisager que tout acte médical entraînant une pénétration des organes sexuels, imposé par violence, contrainte, menace ou surprise puisse être qualifié viol, constate Bruno Py, professeur de droit privé et sciences criminelles à l’Université de Lorraine. Ce pourrait être le cas pour un frottis vaginal, un toucher rectal, une échographie endo-vaginale ou une coloscopie imposés par un médecin. »
Les violences gynécologiques et obstétricales incluant une pénétration vaginale constituent donc le crime de viol. La peine encourue est de quinze ans d’emprisonnement et vingt ans si le viol est commis avec une ou plusieurs circonstances aggravantes, notamment si l’acte a été commis par une personne abusant de l’autorité que lui confient ses fonctions (par exemple, un médecin) ou encore si la victime était particulièrement vulnérable (personne infirme, malade ou enceinte). […]
Qu’il soit bafoué par la violence, menace, contrainte ou surprise, le non-consentement à une pénétration sexuelle est l’élément clé qui définit le viol. 
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« Or, la violence ne peut pas être jugée à l’aune du praticien, de son intention ou de son propre jugement. La seule personne qui peut dire si quelqu’un souffre ou non est cette personne elle-même, et pas une autre. « Au risque de faire hurler bon nombre de mes confrères, écrit Martin Winckler, j’affirme que la seule personne susceptible de dire si elle a fait l’objet d’une maltraitance, c’est la personne concernée. (…) Ce n’est certainement pas au médecin de le dire » Tout geste médical, même bienveillant, peut être perçu comme une violence – d’autant plus s’il n’y a aucune information et aucun recueil de consentement. Ce n’est pas l’intention (« je ne voulais pas vous faire mal ») ou le jugement du médecin (« c’était pour votre bien ») qui comptent, mais ce que l’autre, en l’occurrence la patiente, reçoit de l’acte.
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L’oppression induite par les techniques médicales est d’autant plus perverse qu’elle s’appuie sur le concept de psychologie sociale de « soumission librement consentie » définie comme « le résultat d’une interaction qui amène une personne à adopter le comportement que l’on attend d’elle tout en se sentant responsable de ses décisions ».
Les acteurs du monde médical ont fréquemment recours à cette manœuvre manipulatoire qui permet de déguiser les pressions qui pèsent sur le choix qui, selon eux, doit être fait, tout en donnant l’impression aux femmes qu’elles sont souveraines dans leurs décisions.
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Vidéo de Mélanie Déchalotte
Interview de Mélanie Déchalotte et Pierrick Juin pour la Bande Dessinée Bébés sans bras un déni sanitaire aux Editions Les Echappés. Journalistes et reporter pour Charlie Hebdo.
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