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168 pages
La Fabrique éditions (08/09/2023)
4/5   15 notes
Résumé :
Là où il est admis que le recours à la police en cas de violence n’est pas la solution mais plutôt un problème supplémentaire, la tentation est de s’y substituer. Si l’intention est louable, son application l’est moins. Les mesures sont expéditives et les outils pour faire justice sont encore profondément empreints d’une philosophie punitive : menace, exclusion, harcèlement, dénonciation publique et discre&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Excellent livre d'Elsa Deck Marsault. le sous-titre est “Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes”, mais peut s'appliquer à tout collectif.
L'idée générale brièvement résumée est : 1. Étant donné que la violence ne disparaît pas comme par magie dans les collectifs de lutte/d'émancipation par le seul fait que ce sont des groupes de gauche ; et 2. que ces mêmes groupes refusent de faire appel à la police d'État pour régler les agressions physiques / sexuelles / viols qui peuvent parfois advenir (car souvent ça ne fait qu'empirer les choses) ; il s'ensuit que 3. ces groupes doivent prendre en charge eux-mêmes la justice, parfois pour le meilleur, mais aussi pour le pire (harcèlement de l'agresseur.e, délation, exclusion à perpétuité de tous les collectifs de la ville, et de manière très marginale en mise position de toute-puissance de la victime qui peut dicter les châtiments).
Il est passionnant de lire une praticienne qui reconnaît les dérives qui peuvent exister dans certains collectifs, et le fait que ses membres se sentant moralement dans leur bon droit, ne se rendent plus bien compte de leur tendance à essentialiser les victimes comme les agresseur.e.s. et à reproduire des comportements qui sont pourtant usuellement dénoncés.
Le livre présente l'approche d'une justice transformatrice, qui enrôle aussi bien la victime que l'agresseur.e, et ouvre des perspectives sur comment une position abolitionniste (sur la prison, la police d'Etat) peut être mise en pratique.
À la lecture on la sent un peu gênée par son sujet, bien consciente que mettre sur le tapis ce genre de choses, c'est aussi armer les détracteurs et adversaires de ces collectifs qui pourraient se délecter de ces récits. Elle est dans une certaine retenue, c'est dommage, j'aurais apprécié qu'elle explore encore plus les questions soulevées, qu'elle sonde plus avant cette part sombre qui peut parfois exister.
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Comment faire justice en dehors des institutions sans reproduire les même mécanismes ?
Voilà la question que se pose Elsa Deck Marsault. À partir d'un point de vue militant, au coeur de pratiques communautaires, de tentatives de faire autrement, l'autrice nous livre un essai concret et percutant. Travaillant sur les questions de justices communautaires depuis plusieurs années au sein du collectif Fracas, elle s'appuie sur les échecs et les écueils rencontrés dans des collectifs qui se trouvent confrontés à devoir « faire justice ». Sans complaisance mais avec subtilité et grand discernement, l'autrice propose une critique des pratiques actuelles et de leurs dérives tout en donnant des clés pour sortir des logiques punitives et moralistes.
Un essai passionnant et nécessaire !
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Un livre d'une nécessité absolue, que vous soyez activement militant•e ou simplement présent•e sur les réseaux sociaux, ce livre vous parlera et vous apportera beaucoup !

L'autrice déconstruit nos rapports aux autres dans les moments conflictuels, c'est à lire, relire et à partager.
Il est d'autant plus important que sur les RS la violence au sein des communautés est omniprésente et que le droit à l'erreur n'existe pas.

Il faut revoir profondément nos rapports aux autres, aux conflits, aux émotions et à la violence.
Comment vouloir un profond changement de la justice et des systèmes punitifs dans nos sociétés quand nous reproduisons ces mêmes schémas dans nos communautés ?
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critiques presse (1)
LeDevoir
12 mars 2024
Dans son essai, Elsa Deck Marsault s'attaque au tabou des pratiques punitives dans les mouvements sociaux.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C'est bien parce que le système peut sembler inébranlable que nous nous replions sur le niveau individuel. Abattre une personne est plus simple que d'abattre le système qui la soutient.
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À l'heure où les forces réactionnaires semblent de plus en plus puissantes et vont jusqu'à utiliser nos dissensions contre nous-mêmes, produire une critique publique de nos contradictions internes peut apparaître comme une trahison. Ouvrir la question de ces défaillances revient pourtant à ne pas les laisser dicter nos combats et agendas politiques.
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Se pose une question éthique : vouloir se passer de la police et de la justice étatique implique-t-il aussi d'abolir tout un système de droits humains individuels ou, au contraire, faire en sorte que tout le monde ait concrètement et effectivement les mêmes droits ?
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Dans des espaces où il est admis que le recours à la police en cas de violence n'est pas la solution mais plutôt un problème supplémentaire, le risque principal consiste à n'avoir aucun relais extérieur pour dénoncer les injustices qui s'y déroulent.
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Il est intéressant de noter le paradoxe entre des milieux militants (féministes) qui prônent la « déconstruction » et le peu de place effectivement laissé au tâtonnement.
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