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sur 301 notes
Voici le premier roman que je lis de Chloé Delaume et je ne suis pas déçue, en d'autres termes j'ai vraiment adoré ! Son style est unique, une écriture à la fois très poétique, et parfois crue, elle ne passe pas par 15 chemins pour dire les choses.

Le temps d'un trajet en train, Clotilde Mélisse (le double fictif de Chloé Delaume) décide de réfléchir à son histoire d'amour impossible avec un homme, de quoi remettre en question sa vie et de se remémorer ses souvenirs du passé. Ainsi elle cherche "à reconstituer un puzzle fait de fossiles et de désir conflit en éternel retour [...] qui mêle la poésie à l'amour absolu". Elle fait une autopsie de son coeur et se met à nue. On est bien loin de la figure audacieuse et confiante qu'elle donne d'elle hors de ses livres, ici Clotilde se montrera vulnérable !

A commencer par le féminicide dont elle est témoin, son père tuant sa mère puis menaçant de la tuer avant qu'il ne se suicide. Elle parle alors de sa difficulté face à la résilience de cette société, face aux suicides, aux féminicides, certaines failles ne peuvent jamais se fermer et les victimes ne sont pas des héroïnes. Ces réflexions diverses sont profondes et sociétales... et cela fait du bien ! Elle met des mots sur ce que l'on pense sans retenue avec des mots simples. Pour preuve le chapitre sur la petite typologie du mâle hétérosexuel post #Metoo où j'ai admiré son absence de censure mentale pour écrire une telle chose. C'est vraiment un livre réconfortant en ce sens, qu'elle ne laisse pas le patriarcat lui créer une barrière mentale et la réfréner.

Elle met en avant aussi ses failles en amour, car on a beau prôner le féminisme, l'indépendance, le célibat cela n'empêche pas de tomber follement amoureuse dans une relation qui ne mène nulle part. Elle explore ainsi sa relation impossible avec Guillaume dit le "Monstre", ses rêves de clairières et de falaises où s'épanouirait leur désir. Ces passages sont justes sublimes, si poétiques et oniriques ! A deux, Clotilde et le Monstre ont l'air de quitter leur enveloppe terrestre. L'écriture semble être à la mesure de l'intensité des sentiments de Clotilde.

J'ai adoré me plonger dans ce livre qui est une ode au pouvoir de l'écriture pour cicatriser les plaies et soigner son coeur. Je vais m'empresser de lire ces autres livres !
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J'ai beaucoup aimé ce roman de Chloé Deleaume. Des traumatismes dans l'enfance, de l'amour, de l'amitié et la bipolarité. C'est à travers la dissection de souvenirs lors d'un voyage qur Clotilde nous donne à voir son récit de vie. L'écriture est belle, fluide et donne à voir la place d'un trouble psychique dans le quotidien d'une personne et de son entourage. Il y a un bon mélange de gravité et de légèreté dans ce roman.
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Pauvre folle est un roman contemporain qui explore de nombreuses problématiques féministes et queers. Sans le talent de Chloé Delaume, ce ne serait qu'un catalogue de questions à la mode ou un exercice de style. Elle en fait un vrai roman avec une héroïne forte et originale.
C'est l'histoire d'une femme qui s'installe dans des trains pour voyager dans sa mémoire et se sortir d'une relation abusive. Pourquoi Clothilde en est-elle arrivé là avec Guillaume?
Le geste rappelle celui d'Annie Ernaux dans Passion simple, la conclusion est plus inattendue.
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Pauvre folle est pour moi une suite du Coeur synthétique. On y retrouve des personnages, et j'ai trouvé que c'est un roman qui avait beaucoup de qualités. L'écriture est belle et le personnage de Clotilde attachant; Elle est drôle, triste et pleine d'humanité. Il n'y a pas vraiment de suspense, mais on tourne les pages quand même. On a envie de la connaître. On a envie de la suivre encore quand on referme le livre, et c'est un sentiment de lecture agréable.
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Je n'ai certes pas lu l'ensemble des livres publiés par Chloé Delaume (24 selon Wikipedia) mais j'en ai quand même lu 8 dont ses deux premiers (« Les mouflettes d'Atropos » et « le cri du sablier ») qui marquaient la naissance d'une écrivain à la voix très singulière au début des années 2000, ce qui m'autorise, je crois, à me définir comme faisant partie de ses (fidèles) lecteurs et lectrices. J'ai retrouvé avec grand plaisir un ton et une écriture qui lui sont très personnels, nourris de nouvelles préoccupations comme la sororité.

Pourtant peu adepte de l'autofiction en général, j'apprécie beaucoup de lire Chloé Delaume, aujourd'hui comme il y a 20 ans, car j'aime son écriture, son autodérision (notamment par rapport à ses propres contradictions), son humour, son sens du jeu, sa remise en cause de nos façons de penser et de vivre (en particulier le couple) mais surtout sa façon de se réinventer en réenchantant la langue. Chloé Delaume est une styliste et c'est comme ça qu'elle tient ses lecteurs, quel que soit son sujet, même si finalement son sujet c'est elle-même ou plutôt son/ses double(s) mais une facette d'elle-même réinventée, mise en scène, fantasmée de livre en livre. C'est cette énorme brèche par laquelle la fiction s'immisce dans l'autobiographie qui finalement me passionne dans ses livres.

Ici, ce nouveau « elle » et accolé à « lui ». En effet, le héros de ce livre est bicéphale : c'est « elleetlui », le couple "fictionnalisé" composé à partir d'un certain Guillaume Richter, alias le Monstre, réalisateur en vue et de Clotilde Mélisse, alias la Reine, écrivain bipolaire dont l'histoire d'amour (essentiellement épistolaire) semble pouvoir renaître dix ans plus tard. le temps d'un voyage en train jusqu'à Heidelberg, capitale romantique de l'Allemagne, Clotilde se remémore et raconte/invente cette histoire en tentant de rassembler les pièces du puzzle.

Une fois encore, j'ai donc été happée par un livre de Chloé Delaume, stimulée intellectuellement par son style très marqué, chahutée non seulement entre rires et larmes mais dans toute une palette d'émotions. Pas besoin d'être soi-même écrivain pour se reconnaître dans cette histoire (même si ça aide à comprendre l'importance de la langue dans la cristallisation d'un amour) : il suffit d'avoir vécu/imaginé des histoires d'amour, de les avoir vu naître, et se développer et mourir. D'autre part, cela confirme mon idée que plus un livre est personnel, plus il est universel et saura toucher les lecteurs.
Lien : https://lepandemoniumlittera..
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J'ai reçu Pauvre folle dans le cadre de la masse critique d'automne. Je ne suis pas habituellement une grande lectrice de Chloé Delaume, j'ai seulement lu le Coeur synthétique, qui ne m'a pas déplu mais dont je garde un souvenir vague. J'ai trouvé la quatrième de couverture assez intrigante pour me porter volontaire.
Et en effet, on peut se fier à cette présentation : on y aborde le féminicide parental, la bipolarité, la passion. Tout de suite on devine que le personnage principal est un alter ego de l'autrice et qu'il s'agit d'autofiction, style revendiqué par Chloé Delaume dans nombre de ses ouvrages. Cette introspection débute, s'étire et prend fin lors du voyage solitaire de Clotilde Mélisse, le personnage principal donc, en train, à travers l'Allemagne. J'ai d'abord été assez séduite par le style de Chloé Delaume et par les souvenirs évoqués, un peu fascinée même par la narration de l'enfance et de l'adolescence. Assez accrochée pour me réjouir de lire la suite dès que possible. Et puis est arrivée pour moi la longue description de cette ancienne histoire d'amour, de tous ses détails et par-dessus tout de l'univers virtuel/imaginaire/littéraire que se sont créés les deux amants. Un univers qui pourrait séduire les amateurs de contes : c'était un peu trop fantaisiste pour la pauvre cartésienne que je suis. Mais d'un autre côté, j'ai parfois eu l'impression de lire un scénario de film, tant Chloé Delaume suscite facilement les images qui accompagnent son récit. Et puis, en tant que femme, je me suis retrouvée et ai été émue à plusieurs reprises par les états d'âmes évoqués par le personnage principal. Enfin, Chloé Delaume fait des parenthèses incrustées dans le cours du récit pour reprendre les propos qu'elle a pu exprimer dans d'autres ouvrages sur le féminisme et sur ce que lui inspirent les hommes, et cette vision me semble suffisamment proche de celle de Virginie Despentes pour que j'y songe à plusieurs reprises.
Un livre qui devrait plaire aux fans de Chloé Delaume, de poésie, et qui s'inscrit bien dans l'air de notre temps et de l'introspection personnelle bien fouillée ; un peu décevant peut-être pour les amatrices de sensations nouvelles comme moi ?
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir fait parvenir le dernier ouvrage de Chloé Delaume.
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Chloé Delaume est décidément une autrice qui me bouleverse. Ce dernier bouquin le confirme. Commençant la lecture, avec elle dans un train, j'ai d'abord eu un peu de mal à accrocher les wagons, et puis dès le deuxième chapitre intitulé : "Au commencement, d'abord, il y eut la poésie", je me suis laissée emportée, avec elle qui raconte si bien le choc esthétique de sa rencontre avec la poésie. Très vite, je me suis demandée s'il y avait une part autobiographique (Chloé/Clotilde), et puis après la crise d'angoisse qui m'a saisie sur mon canapé pendant que je lisais l'épisode du choc traumatique, vécu donc puisque je suis alors allée faire des recherches.
Je ne raconterai pas la trame narrative, c'est inutile, j'inscrirai ici mon ressenti quant à cette quête impossible de soi, de l'amour et de la poésie. L'écriture est sublime et sublimation, les mots se parent de majuscules et les métaphores abolissent le temps et l'espace, et même les êtres pour devenir elleetlui, une entité unique, dans tous les sens du terme. C'est idéal, beau et terrible, Pauvre folle. Chloé Delaume évoque toutes ses failles, ses douleurs, ses colères, ses espoirs, ses aménagements pour sur-vivre dans ce monde réel et désespérant. L'écriture permet cela, un regard lucide et décalé sur soi et son environnement, une tentative de résilience pour l'autrice et une expérience d'immersion pour les lecteurices. Il m'en reste des citations acérées et d'autres sacrées, l'angoisse et l'exaltation, et finalement une entière compassion pour l'acceptation de cette déconstruction du mythe. Pourtant je n'y suis pas prête et moi j'attends encore les correspondances : de train, d'amour et de poésie.
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Clotilde. Elle est pénible, elle n'est pas gentille, ou si, elle déteste l'amour, elle aime Guillaume, elle est traumatisée, elle est traumatisante. Elle est folle.

Chloé Delaume. Une autrice douée, surprenante, qui joue avec la langue et qui nous chope avec ce nouveau roman !

Sur l'histoire, je vous dis deux ou trois mots, puis je vous laisserai le soin de découvrir. Nous suivons dans ce récit Clotilde, une femme arrivée à la moitié de son existence prend un train afin de rejoindre Heidelberg. Ce voyage est le moyen de fouiller dans ses souvenirs, de les démêler, de les analyser afin de mettre un terme à quelque chose. Alors elle creuse dans les méandres de son cerveau pour extirper un par un les morceaux qui ont fait d'elle ce qu'elle est. Lu comme cela, cela pourrait paraître barbant, mais c'est un prétexte à un texte fou, libre, plus sage qu'il n'y paraît et drôle. C'est surtout une langue assez incroyable : Chloé Delaume a su me captiver et faire découvrir un style dingue.

En résumé, ce livre est une expérience : pour savoir si elle est réussie ou non, il vous faudra la tenter.
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J'ai adoré cette lecture, j'ai dévoré le livre et eu l'impression de lire dans un cocon.

Il y a une écriture particulière, c'est vrai, mais au final, je l'ai trouvée très poétique, douce à l'oreille.

Ce roman est sorti à la rentrée 2023, durant la fameuse "rentrée littéraire". J'avais vu la couverture passer, elle m'avait interpellée. Pourquoi la couronne? Pourquoi cette mise en scène dans l'escalier? Pourquoi tout ce bleu?

Après ma lecture, j'ai été écouter Chloé Delaume, dans l'émission Grand Canal, sur France Inter, du 6 Septembre 2023. Elle est très agréable à écouter, et son discours accessible.

J'aime finalement beaucoup son univers.

Le titre de l'émission radio indique "récit autofictif empreint de réalisme magique", et c'est tout à fait ça.

La Clotilde du livre, c'est Chloé.

Les premiers chapitres sont fondateurs et nécessaires pour comprendre la psyché de Chloé / Clotilde, fondée sur le traumatisme vécu dans son enfance.
L'autrice explique clairement avoir voulu, dans ce roman, faire un écho entre les histoires d'amours adultes et les blessures d'enfance. Selon elle, nous rejouons dans nos histoires d'amours nos traumatismes enfantins, et je suis assez d'accord. Ici, le traumatisme de Chloé va favoriser le déni, lorsque va s'installer son histoire d'amour toxique avec Guillaume. La résilience ne sera d'aucune aide, il faudra à Chloé le temps d'un voyage en train pour analyser cette histoire d'amour afin de la regarder dans son ensemble, au regard de son traumatisme fondateur, pour pouvoir en guérir.

Le roman essaie de rendre compte de ce déni, de cette emprise, qui va permettre à Chloé d'enchanter la relation d'emprise, et de supporter la toxicité de Guillaume. Il est important pour l'autrice d'analyser ce déni, car il va à l'encontre de ses principes: Elle est exclusive, elle rejette les hommes (misandrie, liée à son histoire familiale), et pourtant, son déni va l'amener à accepter d'être la femme de l'ombre.

Un petit mot sur la misandrie exprimée par Chloé Delaume: Elle insiste bien, ce n'est pas une haine essentialiste envers tous les hommes. Elle n'a rien contre les hommes en tant que "personnes". Mais c'est une "lassitude" de comportements masculins récurrents dans notre société, un rejet du patriarcat.

Dans son livre, Chloé raconte que suite à son traumatisme d'enfance, elle a rejeté le réel, s'est réfugiée dans la poésie, et la magie. Elle a cru que la poésie, qui lui permet de faire revivre sa mère, aurait le pouvoir de faire plier le réel. C'est un énorme désenchantement pour elle de réaliser que, non, la poésie ne peut modifier le réel, elle peut uniquement le réenchanter.

Dans l'émission de radio, elle dit cette phrase rigolote: "le réel essaie de me joindre, mais il n'y a personne".

Je ressens souvent ce décalage entre réel et ma "fiction intérieure", et tout ceci me parle énormément.

Elle raconte également que son premier jet de la scène du coup de foudre avec Guillaume était raté, mièvre, et qu'elle a été relire l'écume des jours de Boris Vian pour pouvoir réécrire sa scène de manière plus féerique et magique.

J'ai beaucoup aimé ses portraits, vers la fin du livre, des types d'hommes post metoo. C'es très bien vu.

J'ai beaucoup accroché avec l'idée que nos souvenirs ont chacun une forme et une couleur différente. Certains vont être doux et sucrés, d'autres vont être noirs et aiguisés, les convoquer fait mal. C'est une jolie idée.

Chloé Delaume parle également dans l'émission radio de cette scène très amusante dans laquelle elle va convoquer tous ses "moi" intérieurs pour réfléchir à sa situation avec Guillaume. C'est finalement Relouta, son moi de 15 ans, qui trouvera la solution.
Je pense que c'est très bien vu. J'ai également plusieurs "moi", à mes âges différents, que je convoque régulièrement, pour voir une situation sous leurs angles = > Je pensais cela normal, rassurez moi, le faites vous aussi?

Je recommande cette lecture, il y a un univers très fort chez Chloé Delaume, qui me parle beaucoup. Elle propose quelque chose ici, qui me plait énormément.
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Très bien écrit par contre je n'ai pas du tout accroché avec sa narration trop décousue pour moi.

J'hésite à rester sur sur cette opinion négative car je pense que cette autrice a des choses intéressantes à dire................................................................................;
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