La couverture le précise, c'est bien d'un récit qu'il s'agit, non d'un roman. D'emblée vie et poésie se mêlent dans ce récit très personnel que nous livre Michael Delisle.
C'est l'histoire d'un enfant non désiré dont le premier souvenir remonte à une violente dispute entre ses parents, couple mal assorti, un obscur gangster rangé des voitures et une femme qui rêve d'autre chose. Cette dispute, où la mère se fait un rempart de l'enfant instrumentalisé, marque le début très précoce du sentiment d'abandon et de solitude qui ne quittera jamais Michael Delisle. le silence devient son compagnon le plus fidèle, pour de longues années.
Repenti, le père a toujours continué à fréquenter d'anciens complices que ses fils devaient appeler « oncles ». Puis il se mettra à fréquenter une mission évangélique et changera radicalement de comportement, se croyant sans doute « lavé de ses péchés », devenant un prosélyte actif, extrêmement dérangeant, vu son passé. Mais n'accordant pas plus d'attention à ses enfants. Après un grave accident de voiture, on peut croire le père mourant et l'auteur se prépare à un moment-clé qui (re)nouerait le lien entre père et fils à l'approche de la mort. Mais rien ne se passe comme prévu et la rencontre ne se fait pas.
C'est la littérature, la poésie, qui ont « sauvé » Michael Delisle, qui ne cesse d'interroger ce sentiment de déréliction (autant de la part de sa mère que de son père), ce silence qui l'habite au plus profond. Trois femmes, dont
Lise Tremblay (qui deviendra sa femme) l'aident particulièrement à se libérer du carcan familial. A la fin de ce récit on sent bien que tout n'est pas résolu de ce noeud relationnel et personnel.
Le feu, c'est le fusil mais c'est aussi la colère, la violence, l'énergie, la prière. le texte de Michael Delisle est d'une grande limpidité mais c'est quand même une lecture qui ne laisse pas indemne, son absence de pathos va de pair avec l'économie des mots pour dire l'épreuve intime d'un homme, d'un fils, d'un écrivain.
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