Ce fut un véritable massacre.
Les cavaliers noirs de Phobos déferlèrent sur notre communauté, comme une armée de grizz, des créatures féroces aussi hautes que des lions de montagne. La poussière soulevée par les sabots des chevaux, les hennissements de ces derniers,cabrés sous les assauts de leur maître conféraient à mon village une impression chaotique.
Les premières victimes furent celles qui n’avaient pas eu le temps de revenir. Les travailleuses des champs, les cueilleuses d’herbes… Les chevaliers leur tombèrent dessus tel un essaim funeste. Elles furent mises en pièces, tailladées comme de vulgaires morceaux de viande. Aucune pitié, aucune clémence!
Face à eux, nos Attaquantes se battaient avec hargne.Malgré leur infériorité, elles ne reculaient pas. Leur magie offensive, alliée aux armes qu’elles manipulaient, avait entamé les rangs de nos ennemis. Mais il était évident que la partie était perdue d’avance. Nous étions pacifiques pour la majorité d’entre nous. Pas rompues aux combats. Notre communauté estimait qu’il n’y avait pas de solution dans la violence. Chaque vie était précieuse et nécessaire à l’équilibre de ce monde.
J’avais beau m’efforcer de trouver, je ne voyais pas comment mettre un terme à ce conflit avec mes maigres pouvoirs.
— Bouge et je te tranche la gorge, fis-je d’une voix assurée.
Ce que je n’étais en rien.
Je la contournai avec lenteur afin de lui faire face tout en gardant un contact permanent entre mon arme et son corps. Je priais pour que ma main ne tremble pas trop fort. Je devais absolument rester sur mes gardes.
Alors, je découvris qui se tenait face à moi.
Il s’agissait d’un homme.
Je croisai une paire d’yeux noirs de nuit, ourlés de longs cils, enchâssés dans un visage plaisant à la mâchoire aristocratique. Le nez fin, les pommettes hautes et les lèvres au dessin sensuel lui conféraient un certain charme. Des cheveux bruns ondulaient sur sa nuque. La peau hâlée prouvait qu’il vivait au grand air. Il n’était pas petit, mais pas trop grand non plus. Il émanait de lui une sorte de puissance contenue.
— Pourquoi me suis-tu?