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EAN : 9782081503953
Flammarion (28/08/2019)
3.52/5   54 notes
Résumé :
Charly Delwart a toujours eu question à tout. Quand il a découvert, à la lecture d’une statistique, qu’il y avait sur Terre 200 000 loups sauvages pour 400 millions de chiens domestiques, il s’est posé une nouvelle question : si deux simples chiffres donnent une idée claire de ce que notre monde devient, est-ce que les statistiques pourraient aussi éclairer sa propre existence ? Dire qui il a été et qui il est aujourd'hui, à cet instant précis de ses 44 ans ? En che... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Voici une manière extrêmement originale de dévoiler sa crise de la quarantaine: une compilation de jolis graphiques représentant des statistiques sur de nombreuses choses de la vie, complétés par des annotations anecdotiques. Une curiosité à découvrir et à laisser percoler pour en saisir l'intérêt. Elle me semble plus profonde qu'il n'y paraît...

En mathématique, d'autres domaines me passionnent bien davantage que les statistiques, mais les hasards de la vie ont fait ce que ce sont actuellement les statistiques qui occupent assez agréablement mes journées de travail, tout en contribuant à m'offrir de beaux loisirs et à payer mes factures. Ma curiosité a donc été piquée lorsque j'ai découvert ce livre par hasard sur Lirtuel, la plateforme de prêt en ligne qui me fournit en lecture tant que les bibliothèques restent fermées.

Je ne connaissais par Charly Delwart, Bruxellois d'origine exilé à Paris. Je serais d'ailleurs curieux de le connaître mieux pour confirmer ou revoir mon jugement sur ce livre-ci, où il se dévoile de manière à la fois intime et détournée, tout en suscitant chez le lecteur l'envie de dresser un portrait similaire de lui-même.

Charly Delwart a 44 ans, l'âge de la crise du milieu de la vie. Il vit avec une femme qui lui a donné trois enfants. Il a traversé de périodes d'angoisse qui l'ont poussé à une longue psychanalyse.

La préface n'indique pas très clairement pourquoi il a décidé d'écrire ce livre, qui dresse son portrait suivant une démarche originale: il présente des statistiques sur 18 sujets, tels que vie intérieure (par exemple, valeur attribuée à l'amitié selon son âge), mode de vie (influence des maux modernes sur sa vie, nombre d'heures quotidiennes passées debout, assis ou allongé selon son âge), famille (durée annuelle du contact physique avec ses parents, selon son âge), rapport à soi (importance relative des règles et des principes selon son âge), rapport aux autres (nombre de personnes qu'il reconnaîtrait dans la rue par rapport au nombre de personnes qu'il a rencontrées dans sa vie), etc. Certaines statistiques portent sur des questions « sérieuses », d'autres sont plus cocasses. Les chiffres sont pour la plupart des estimations (du moins, je l'espère: je douterais de la santé mentale de quelqu'un qui aurait tenu un relevé des 2.460 personnes qu'il aurait rencontrées dans sa vie). Mais je suis persuadé que ces estimations sont le fruit d'une réflexion qui aura duré plus que quelques minutes.

Ces statistiques sont représentées par des graphiques dont la clarté et l'esthétique sont remarquables; coup de chapeau à la graphiste, Alice Clair !
Charly Delwart complète ces graphiques par des annotations, paragraphes décousus rapportant un souvenir, une anecdote, un fait ou une réflexion qui lui serait venu par association d'idées. J'en ai posté quelques unes comme citations. Les souvenirs sont intéressants dans le sens où ils montrent ce que l'auteur n'a pas oublié après 44 ans de vie. J'ai également adoré certaines petites réflexions, ma préférée étant: « J'imagine que, dans le ventre de E. [leur mère], mes enfants auraient laissé sur la paroi une trace pour l'enfant suivant qui y passerait neuf mois, un message, une sorte de peinture rupestre ou de tag ».

Ce livre est donc une sorte de portrait chinois des temps modernes. Il présente son auteur en creux, par petites touches indirectes dont il faut prendre le temps de s'imprégner pour les assembler et reconstituer une personne; on pourrait aussi y voir une sorte de portrait cubiste. Petit-à-petit, on se prend au jeu et on ne peut s'empêcher d'essayer de calculer les mêmes statistiques pour soi-même, tout comme on ne peut s'empêcher de se faire son propre portrait chinois.

Et donc, pourquoi Charly Delwart a-t-il écrit ce livre-là ? Nombrilisme ? Panne d'inspiration pour écrire un « vrai livre » ? Je suis persuadé que l'auteur ne l'a pas produit sur un coin de table mais qu'il lui a demandé un certain effort, qui mérite le respect. Mais peu m'importe, dirais-je. L'exercice est intéressant. Je vous incite à découvrir ce livre original, tout en vous recommandant de ne pas le juger de façon trop hâtive.
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Cette oeuvre est une biographie originale où l'auteur parvient de façon originale, au travers des chiffres et des graphiques, à se présenter à nous. Elle reprend des sujets très variés, comme par exemple, au hasard, « nombre de fois où on m'a pris pour », « superficie de pizza ingérée », « photographies prises sur un an », « nombre d'insecte qui m'ont piqué/que j'ai écrasé »,… et tant d'autres encore… Les thèmes recouvrent le comportement civique, le sport, la famille, etc… Pour le comptage, l'auteur s'est basé sur ses souvenirs et sur les statistiques de la moyenne de la population.

Comme pour toute chose, une personne ou une vie ne peut pas se peser à de simples données chiffrées. C'est l'envahissement des big datas dans nos sociétés qui a donné l'idée à l'auteur de la réaliser. Et ce clin d'oeil s'accompagne d'ailleurs de textes intéressants.

Je m'y suis évidemment un peu projetée, ce qui n'a pas donné pas grand-chose de bien reluisant à première vue. Et certains graphiques interpellent la réflexion, surtout sur l'évolution au cours de la vie.

C'est agréable à lire et drôle. Les graphiques sont esthétiques. Je n'ai ressenti d'ennui à aucun moment.
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Sur le bandeau qui orne la couverture sont dessinés, sur fond de papier écolier à petits carreaux, cinq carrés de différentes tailles. Au centre de leur surface, des indications chiffrées en m2 et à côté des noms de ville. Et la légende " surface que j'aurais pu acheter avec le budget dédié à ma psychanalyse". Comment aurais je pu résister à une telle accroche ? Des informations qui n'ont rien à voir entre elles sont réduites à l'état de données. Voilà qui suffit à leur conférer une légitimité à cohabiter, quelle idée ! Et tout le livre alterne ainsi infographies et notes plus ou moins en rapport en s'organisant autour de grandes thématiques. Derrière le choix de chaque information, il y a une quête identitaire assumée, l'idée que cette "micro data" peut autant dire sur ce qu'est un homme que le brassage algorithmique du big. C'est déjà tout un programme. Mais bien sûr, décider de mentionner le nombre d'ongles coupés ou rongés, de pensées de drames potentiels par an, de fois où l'auteur a dit merci (397850) ou non merci (759790) est déjà une attaque en règle contre le projet scientiste de laisser parler les chiffres. Derrière leur juxtaposition, il y a une volonté malicieuse, poétique ou subvertive : la rencontre d'un parapluie et une machine à coudre sur une table de dissection, façon 21e siècle. La précision toute mathématique des données met fatalement en lumière l'impossible décompte, la vanités d'espérer effectivement cartographier exactement l'impression de vivre dans le présent, le passé ou le futur selon les âges de la vie, la proportion entre les fois où le narrateur a ri, fait rire. Et ce fossé entre la volonté affichée et l'impossibilité d'y parvenir est aussi un révélateur identitaire. C'est un livre concept, vertigineux et amusant qui invite à tester incessamment la distance que prend le lecteur avec son contenu, qui invite à projeter ses propres chiffres et décomptes. Qui fait entrer dans une forme d'intimité parfois plus inconfortable que certaines autobiographies aussi apparemment cliniques et aseptisées que soient les donnés fournies.
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Je ne connaissais pas Charly Delwart, mais la façon dont a été réalisé ce livre m'a tapé dans l'oeil. Pour moi, c'est une biographie en infographies, riches en anecdotes de l'auteur, en réflexions sur le monde qui nous entoure et qui permet de nous-même nous comparer à certaines catégories, ou à encore s'en inventer d'autres !
Il y a plusieurs niveaux de lecture et les infographies elles-mêmes sont presque toutes dotées d'une pointe d'humour. Par exemple, "voitures de courses possédées... enfant / adulte !" avec toujours l'annotation qui décoiffe : "preuves dans ma vie d'adulte de choses de l'enfance qui se sont éteintes : vouloir être [...] pilote (je conduis une voiture familiale, plus réaliste).
J'ai moins aimé les annotations numérotées, mais on ne sait pas trop à quoi font référence les numéros. En cherchant bien, je me suis dit que c'était pour lire les textes à la suite en fonction du chapitre de référence, mais j'aurais préféré des liens avec les graphiques.
En tout cas, j'ai adoré ne pas me prendre la tête en lisant ce livre, et j'ai beaucoup aimé aussi le fait que l'on puisse aborder chaque dessin individuellement, même si c'est bien de commencer par le début avec des aspects très très très généraux sur le commencement de la vie sur terre.
C'est un livre que l'on peut aborder sous différents aspects, pour ceux qui aiment, la vie, l'amour, les maths, l'économie, le monde,... et toujours avec une pointe d'humour.
Et les textes ou réflexions font à écho à de nombreuses références culturelles ou informationnelles qui permettent de prolonger le texte différemment. Un exemple, le chapitre "éducation", l'auteur fait référence à Takayuki Tanooka, un japonais qui débarque son fils de 7 ans au bord de la forêt et qui le laisse, et lorsqu'il fait demi-tour 500 mètres plus loin et qu'il veut le rejoindre, il n'est plus là... Cela m'a tout de suite rappelé l'excellent "Dans la forêt de Hokkaido" de Eric Pessan.
Bref, de fil en aiguille, on se laisse porter par cette biographie très particulière, et très agréable pour réfléchir à la vie, et un peu à soi aussi.
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Charly Delwart a 44 ans et pour tromper l'angoisse de la page blanche, il nous sert un livre moitié réflexions du niveau du café du commerce, moitié petits graphiques et autres diagrammes façon powerpoint (plus ou moins) professionnel.

C'est supposé nous faire réfléchir. Un peu. Nous faire sourire. Un peu aussi. Nous divertir. Un peu. Nous amuser. Pas du tout. Nous faire perdre 4 heures pour en retirer moins de contenu que 20 pages d'Hemingway, 40 pages de Kundera ou 30 pages de Philip Roth. Tout à fait.

Les seuls points avec lesquels je suis 100% en phase avec Charly Delwart, ce sont ses sources littéraires, ou musicales. Ses références.

Sinon, il étale sa crise de la 40aine, un peu comme Houellebecq étale sa libido foireuse. Personnellement, la crise de la 40aine d'un écrivain (que je ne connaissais pas) né à Bruxelles, je m'en soucie assez peu. Je m'en soucie d'autant moins qu'il n'y a que très peu de contenu dans le livre. Vers la fin, il aborde quelques sujets graves sur le monde, le 11 septembre, le terrorisme... sous la forme de nouvelles ou d'accroche de nouvelles. Et c'est bien. Cela s'inscrit dans la longueur et c'est intéressant. Mais ce sont 4 ou 5 pages sur 340. Pas de quoi transcender un yogi.

Je n'ai jamais eu le goût pour les livres d'aphorismes ou de réflexions nombrilistes. La revisite faite par Charly Delwart avec des statistiques comico-absconses ne m'a pas (vous l'aurez deviné) convaincu.

J'ai plutôt eu l'impression que l'auteur n'avait rien à fournir à son éditeur et qu'il lui avait filé son carnet de notes, pour faire une blague. Un peu comme si "sur un malentendu..." cela pouvait marcher. Et l'éditeur a marché. Je passe mon chemin.
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critiques presse (1)
LeMonde
19 novembre 2019
Dans une autobiographie à mi-chemin entre littérature et art contemporain, Charly Delwart met à plat les « petites données » de son existence.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Choses qu’un sujet occidental vivant au XXIe siècle peut apprendre en quarante-quatre ans d’existence :
- De son père, la liberté de penser
- De sa mère, de penser à autrui
- De sa femme, à aimer juste
- De ses enfants, à protéger
- De ses amis, la constance des liens
- D’écrire, la chance de dire
- De parler de soi, qu’il n’est pas besoin de tout dire
- Des angoisses, qu’elles passent
- De la nature, qu’elle est immuable
- De l’humour, qu’il est une ligne de conduite
- Des autres, qu’il faut dire merci
- De la ville, que là se trouve l’énergie créative
- Du monde, qu’il faut s’obliger à le connaître
- Du présent, que cela se passe nulle part ailleurs
- De la vie, qu’il faut être de la partie
- De demain, qu’il est à nous
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« … il y a sur la Terre 400 000 lions pour 60 millions de chats domestiques, 200 000 loups sauvages pour 400 millions de chiens, 900 000 buffles africains pour 1 milliard et demi de vaches. Les chiffres donnaient une vision claire de ce que devenait le monde, de ce qu’on avait perdu en animalité, en sauvagerie. La comparaison d’éléments simples révélait tout à coup une situation complexe, contenait son évolution, la rendait tangible. Cette nouvelle approche pouvait-elle s’appliquer à moi? L’utilisation de data (du latin : choses données) pour répondre aux questions cette fois par les faits : qui j’étais objectivement, qui j’avais été jusqu’ici. Tout se mesurant, tout pouvant se mesurer. Et j’avais une histoire, un passé, de manière concrète à investiguer le little data, les faits et gestes, les souvenirs, l’infime, l’intime, les pensées, la chair, les besoins, les réactions, ce qui nous relie et nous différencie ; chercher une sorte d’algorithme à tout ce qui fait une vie (…) »
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Je pense qu’il y a une acné du cerveau (certaines choses ne sont pas vraies mais pourtant elles font sens). Une altération de sa paroi intérieure à l’adolescence qui modifie les raisonnements, la surface des neurones, crée des protubérances, des rougeurs, des courts-circuits entre les synapses, des raccourcis. Une période qui laisse des traces chez certains à l’intérieur comme cela en laisse sur la peau pour d’autres.
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On peut avoir eu une enfance heureuse, ou décider d’avoir eu une enfance heureuse (après analyse, discussions avec des gens côtoyés à l’époque, faits objectifs). L’inverse est pareillement vrai.
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Il faut se souvenir des hauts, il faut se souvenir plus encore de l’existence des bas. Car s’il y a un nouveau creux, on saura alors qu’il y en a eu d’autres, et qu’il y aura d’autres hauts : c’est la valeur de l’expérience et une pensée presque méditative : les états se succèdent. Il faut les considérer comme on doit considérer les pensées surgissant en pleine méditation : des voitures sur une autoroute qu’on regarderait, les remarquant sans s’attacher à aucune. Les états sont de même, successifs, pas définitifs.
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Vidéo de Charly Delwart
Entretien du 13/10/2023 avec Charly Delwart , à l’occasion de la parution de son livre « Que ferais-je à ma place » (par Camille Lucidi, séquence audio)
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