STORACE, Anna Selina, dite Nancy (1765-1817)
La soprano anglaise Nancy Storace naît dans une famille de musiciens : son père est un contrebassiste napolitain et son frère, un compositeur reconnu. Après avoir été une enfant prodige, se produisant sur les planches dès l’âge de huit ans, elle est engagée à Florence en 1779, puis à La Scala de Milan en 1782 (elle n’a que quinze ans). Elle fait une brillante carrière entre l’Italie et Vienne essentiellement (où elle est immédiatement la chanteuse la mieux payée). Le rôle d’Anna dans Le Retour de Tobias de Haydn (1775) laisse penser que son chant était déjà assez dramatique et sa tessiture relativement centrale pour une soprano. Elle créera également Una cosa rara de Martin y Soler (1786), l’un des opéras les plus applaudis de l’époque. Mais c’est surtout sa rencontre avec Mozart qui lui permet de passer à la postérité : il écrit pour elle le rôle de Suzanne, qu’elle crée en 1786, puis lui compose l’air de concert « Ch’io mi scordi di te ?… ».
L'Enlèvement au sérail
PERSONNAGES : Constance (soprano), Belmonte, son fiancé (ténor) ; Blonde, servante de Constance (soprano) ; Pedrillo, valet de Belmonte (ténor) ; Osmin, gardien du sérail (basse) ; Pacha Sélim (rôle parlé) ; Klaas, marin (rôle parlé).
ARGUMENT : Belmonte a perdu sa fiancée, Constance, tombée aux mains de pirates avec sa servante Blonde. Elles sont désormais sous la bonne garde d’Osmin, chargé de surveiller le sérail de son maître, le pacha Sélim. Avec l’aide de son valet Pedrillo, amoureux de Blonde, Belmonte, va mettre tout en œuvre pour les récupérer. Il réussit à se faire engager à la cour du pacha en tant qu’architecte, mais leur plan est découvert. Le pacha apprend, en outre, que Belmonte est le fils de son ennemi héréditaire. Il ordonne leur exécution immédiate. Ému par leurs supplications, il se montre clément et accepte finalement de leur rendre leur liberté.
L'enlèvement au sérail
« Trop de notes », aurait jugé l’empereur ; la phrase sans doute apocryphe mais demeurée célèbre n’eut pas l’effet néfaste que les critiques du souverain entraînaient d’ordinaire. C’est même grâce à L’Enlèvement au sérail que la réputation de Mozart comme compositeur d’opéras se répandit rapidement dans toute l’Europe germanophone, en Pologne ou aux Pays-Bas. La France attendra quant à elle 1798 pour l’entendre pour la première fois, dans une traduction française comme il se devait à l’époque ; notons enfin que L’Enlèvement – ou plutôt Die Entführung aus dem Serail, en l’occurrence – sera le premier opéra allemand à être donné dans sa langue originelle à Paris (1801).
L'Enlèvement au sérail
Joseph II venait de créer une troupe permanente pour y développer un art « national » (...).
L’Enlèvement au sérail, Singspiel – airs et ensembles chantés alternant avec des dialogues parlés où se déroule l’essentiel de l’action –, procède de cette volonté de créer un nouveau répertoire. La turquerie, fort à la mode à l’époque, est un sujet lui-même presque (quoique paradoxalement) « national », Vienne étant devenu le dernier rempart contre l’envahisseur ottoman.
TOUT VERDI par Betrand Dermoncourt et Jérémie Rousseau
2013, Année Verdi. La collection « Bouquins » propose un ouvrage inédit et unique en son genre, faisant le tour complet de l'homme et de son oeuvre à l'occas...