AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,39

sur 175 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Ah, ah, comment apprend t on à lire ? question plus qu'intéressante, posée par Agnès Desarthe dans le titre. Cependant elle ne pose pas en fait de question, mais affirme,et je vais essayer de comprendre ce mélange de vantardise et de névrose avouée.
A 3 ans, je ne comprends rien , dit elle.(C'est normal, ma grande.)
Pour elle, lire c'est mourir un peu. Elle se sent personnellement attaquée par ces histoires. L'écriture est dangereuse. Et comme elle voit un thérapeute, il en ressort qu'elle est névrosée mais géniale. D'ailleurs, elle le dit elle même, elle a honte de lire Prévert à 10 ans, c'est si facile. Puis le livre devient une épreuve qu'on lui afflige : » termine ton assiette, termine ton livre ».Alors, elle lit des livres policiers à 12 ans dont elle aime « l'argot léger, l'érotisme désabusé » dans les années 50 ? érotisme d'Agatha Christie ? Et puis son père ( le grand psychiatre Aldo Naouri) préfère l'arabe, le passé , son passé, plutôt que ses enfants. Il dévalue le français, et elle, elle hérite de cette haine paternelle vis à vis de la langue française.
A 13 ans, elle comprends déjà Salinger au delà de la traduction (la prostitution, le décrochage scolaire, l'obsession de la sexualité.) Mais c'est qu'elle est vraiment géniale, cette petite ! de plus, et c'est tout à son honneur, elle refuse la facilité : « Dès que je comprenais ou croyait comprendre, je ne pouvais poursuivre ( la lecture) . Bien sûr , elle passe par des moments de honte sociale, par exemple quand elle avoue aimer Camus , elle a 15 ans, âge auquel elle lit Faulkner .C'est honteux d'aimer Camus à 15 ans, non ? NON ? Mais elle ne lit pas Flaubert, ni Balzac.

Avec une obsession pathétique sur elle même, Desarthe cite Genette, mais n'est pas sûre de l'avoir lu, veut s'intégrer, être comme les autres, et aussi être à la marge, être différente. Accumule les vantardises sur son génie incontesté, assorti de ses lectures dont elle choisit les plus ardues, et dans le même temps de son dégoût pour la lecture. Pourquoi écrit elle, d'ailleurs, pour nous dégoûter à notre tour ? ou pour qu'on l'admire ? ou pour qu'on se sente vraiment minables d'essayer de se mettre à son niveau, alors qu'on ne lui arrive même pas à la cheville ? Lire Faulkner à 15 ans, pour une jeune fille qui n'aime pas lire ! Mais c'est admirable !
Venons en aux raisons qui l'ont poussée à détester la lecture : parce que son grand père maternel a été déporté , parce que la famille de son père avait été contrainte de quitter la Lybie et l'Algérie, « parce que, malgré nos efforts, nous n'étions pas suffisamment français » ( faux : Aldo Naouri a dû quitter le Lybie et l'Algérie parce qu'il est français, justement, pas malgré. ) Une fille peut elle méconnaitre son père à ce point : OUI, elle l'avoue elle même : « j'ignore ce qu'il en était réellement pour lui et ne prétends pas le savoir ».
Deuxième raison à mourir de rire : elle se décrit en fille d'émigrés, de bougnoules dit elle, alors qu'elle se fantasme en blonde aux yeux bleus. Et comme elle a peur des garçons, elle a peur de lire car la lecture est la pénétration d'un cerveau dans le sien ! Raisonnement logique et imparable, vous en conviendrez ! Et comme l'alphabétisation commence avec la fin de l'indifférenciation sexuelle, c'est le début du corps féminin comme proie qui s'offre avec l'apprentissage de la lecture. Comme si seules les femmes qui savent lire se font violer.
Et pour mettre un peu de piquant à son propos, elle parsème son propre éloge de mots que tout le monde connaît : intradiégétique, stichomythie, syntagme. Elle est géniale, je vous dis. Et elle n'aime pas lire ? moi non plus je n'ai pas aimé la lire.
Commenter  J’apprécie          711
Je ne donne aucune étoile à ce livre....ennui, deception...aucun interêt.
Je vais compléter donc par des citations, je ne veux pas les mettre dans la rubrique "citations" que je garde pour les moments d'émotion "positive"....
"Il existe un lien pour moi entre exil et lecture, entre déportation et lecture, entre persécution et lecture, entre humiliation sociale et lecture, entre le mot "juif" et le mot "livre". Des années durant, j'ai refusé de lire parce que mon grand-père maternel avait été déporté, parce que la famille de mon père avait été contrainte de quitter la Lybie, puis l'Algérie, parce que malgré nos efforts, nous n'étions jamais suffisamment français, jamais suffisamment bourgeois, parce que la lecture, par un malheureux jeu de passe-passe, avait été associé à la France, la France au terroir, le terroir à ce que je ne connaîtrais, ne posséderais jamais."
Donc !!! Mais encore
"Voilà comment, à présent, les choses m'apparaissent: apprendre à lire, c'est apprendre les garçons. Apprendre les garçons, c'est devenir une proie. Etre une proie dans la cour d'école, c'est être une proie dans la France occupée. Être une fille c'est comme être juive. Être poursuivie par les garçons, c'est comme être traquée par les nazis"
Quel enchaînement!!! mais ce n'est pas fini...
"Je suis, je ne sais comment, revenue au moment où j'apprenais à parler. Je devais avoir 18 mois et j'étais impatiente de m'approprier ces objets dont je savais déjà qu'ils s'appellaient des mots et qu'ils servaient à exprimer. C'est à dire à faire sortir, à faire jaillir ce qui s'exprimait à l'intérieur... J'étais enthousiaste et optimiste- certains bébés le sont particulièrement - et je pensais qu'avec l'accession au langage, je serais en mesure de tout dire, de tout communiquer. Il y aurait un mot pour chaque sensation, pour chaque chose vue, aussi efficace que le petit bout de doigt potelé qui pointe vers le ciel avec un cri inarticulé et qui signifie à la fois: avion, vitesse, flèche, bruit, peur, beauté, éclair, fusée, étoile, bleu. La déception - ah vraiment, quel mot délicieux ! - la déception fut intense quand, vers deux ans, je dus me rendre à l'évidence: les mots étaient imprécis, peu nombreux, encombrants, raides."
Je m'arrêterais là...j'aimerais bien savoir "je ne sais comment" un adulte peut revenir sur son apprentissage du langage à 18 mois.. J'ai cotoyé pendant quelques décennies un très grand nombre d'élèves, je me suis attachée à l'apprentissage du langage et de la lecture, j'ai participé à divers démarches en didactique dans ces domaines...je reste étonnée et dubitative, il doit me manquer des mots pour décrire mes impressions à la lecture de cet "ouvrage"!! Je vais interroger D.Pennac sur cette question, il recherche des idées sur ce manque de mot(cf vidéo...)
Donc si ce livre a pour but de faire réagir... C'est réussi..
Commenter  J’apprécie          10
Quelques pages de cette auteure sur ses souvenirs d'enfance. Je n'ai pas du tout accroché... Est-ce parce qu'on n'est pas de la même époque ? Ou parce qu'il me semble étrange de se souvenir de quelque chose de précis quand on a deux ans ?
La seule chose qui m'a faite ouvrir ce livre, c'est de savoir qu'on peut être écrivain sans pour autant avoir toujours aimé lire...
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (341) Voir plus



Quiz Voir plus

ABO L'ABOMINABLE HOMME DES NEIGES

Où vit Abo?

à la plage
à la montagne
à la campagne

10 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Abo, le minable homme des neiges de Agnès DesartheCréer un quiz sur ce livre

{* *}