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sur 4094 notes
Virginie Despentes ose les mots pour le dire. Dire quoi au fait ? La King Kong théorie, c'est-à-dire la réalité des rapports hommes-femmes directement liés au formatage, dès le plus jeune âge, des uns et des autres par une société fondamentalement patriarcale. Ainsi l'homme se doit d'être viril et dominer la femme qui ne connaît qu'une posture : la soumission.

Ceux ou celles qui tentent d'agir autrement, par exemple une femme qui veut être libre doit prendre le risque d'être violée, et si viol il y a, elle doit prouver qu'elle n'était pas d'accord. le viol est donc perçu par la société, et souvent par la femme elle-même, comme un mal inévitable parce que lié à la virilité masculine.

Prenant son expérience personnelle de la prostitution, Virginie Despentes estime aussi que comme la pornographie, celle-ci ne doit plus être organisée par et pour les mâles. Elle revendique pour les femmes le droit de disposer de leur corps pour gagner de l'argent si c'est leur volonté, et ce sans être ostracisées et mises au ban de la société.

Un discours féministe qui peut paraître radical, la forme l'est souvent, qui est une réflexion argumentée, sensible et bien formulée de la condition féminine (et masculine) et de sa nécessaire évolution.
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Virginie Despentes présente ici ses réflexions sur la féminité, les femmes et le sexe, dans notre société encore bien stéréotypée.
Elle juge l'Etat trop restrictif, maternant - et par là-même infantilisant - qui écarte tout danger (alcool, tabac...) du citoyen, comme si celui-ci ne pouvait faire ses choix lui-même.
L'auteur évoque aussi le viol, traumatisme dont elle-même a été victime, et insiste sur la position ambigue de notre société à cet égard.
Sans le moindre exhibitionnisme ni misérabilisme, Virginie Despentes relate son expérience de la prostitution, le regard nouveau que cela lui a fait porter sur les hommes, ses clients souffrant pour la plupart de solitude. Elle en donne sa version personnelle, moins sordide selon elle que les reportages télévisés qui stigmatisent les difficultés du "métier".
De la même façon, l'auteur nous confronte à sa théorie de la pornographie.

Virginie Despentes est sensible, touchante, sincère, pas vulgaire comme je le craignais, même si son langage est souvent cru. Elle porte un regard acéré et pertinent sur les femmes et le sexe dans notre société. Même si on ne partage pas toutes ses théories, le propos est suffisamment sérieux et intéressant pour être écouté et respecté. Un petit essai qui fait réfléchir.
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King Kong Théorie n'est pas un roman mais un manifeste féministe , un témoignage . Et ce qu'elle a vécu est assez trash ...
Au commencement, il y a un viol…
La jeune Virginie aimait beaucoup les concerts, et avec une amie , elle sillonnait la France en auto-stop pour s'y rendre, quand soudain , c'est la voiture de trop… 3 gars/deux filles …
♫ C'est comment qu'on freine, j'voudrais descendre de là ♫.
[ " J'imagine toujours pouvoir un jour en finir avec ça. Liquider l'événement, le vider, l'épuiser. Impossible Il est fondateur. de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est en même temps ce qui me défigure , et ce qui me constitue" ].
[ " Je suis plutôt King Kong que Kate Moss, comme fille " ]
C'est violent à lire , c'est la vérité brute, une vérité qu'on n'a pas l'habitude d'entendre.
A quel niveau de traumatisme, tu situes le viol, quand tu crains pour ta vie ?
Comment tu (sur)vis en tant que victime , quand pendant tout le viol, tu sais que tu as un couteau dans ta poche et que n'oses pas le sortir ?

Après il y a la prostitution… le chapitre : " Coucher avec l'ennemi"
Les petits boulots l'ennuient et ne rapportent pas assez , la prostitution sera un moyen de gagner plus d'argent , plus rapidement.
[ Ça m'a plu, dans un premier temps de devenir cette fille-là. Comme de faire un voyage. Sur place, mais dans une autre dimension."]
Sur la prostitution, je ne suis pas totalement d'accord avec elle, avec sa vision. Il me semble qu'elle 'bisounourse" un peu ce métier qu'elle a pratiqué dans les années 90. Elle n'a jamais eu de problèmes avec un client violent, jamais eu maille à partir avec un proxénète, même plus tard en travaillant dans un salon de massage . Je pense que ce n'est pas le cas de toutes les prostituées.
Sa vision du mariage (ou du couple hétéro ), en France , à notre époque me parait datée … [ "quand on affirme que la prostitution est "une violence faite aux femmes", on veut nous faire oublier que c'est le mariage qui est une violence faite aux femmes, et d'une manière générale, les choses telles que nous les endurons. Celles qu'on baise gratuitement"...]
Bon, une chose est sûre, les hommes ne sont pas à la fête dans ce livre… Considérer que , seul l'homme a une sexualité, des "besoins" , me fait rire et date un peu. N'a t'elle jamais entendu parler de sex friends ? Les hommes ne sont pas nos ennemis ; je comprend qu'avec ce qu 'elle a subi , elle le pense mais sa vision est un peu binaire.
Il reste que le livre de madame Despentes nous interroge, nous éclaire, nous fait réfléchir . Viol, prostitution, maternité, précarité, sexualité, place de la femme : tous ces sujets passent à la moulinette Despentes !
Je m'attendais à quelque chose de brouillon , pas du tout . Ça bouillonne et c'est plein d'énergie, une énergie qu'on retrouve dans tous ses livres. C'est très agréable à lire : ce livre ne m'a duré qu'une petite soirée...
J'ai adoré.
(merci canel !)
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Ceci n'est pas un roman.
C'est la vision de Virginie Despentes sur ce qu'implique la sexualité au sein des rapports homme-femme.
Vision en lien direct avec sa propre vie.
Son viol, sa prostitution, son taf de critique de films pornographiques.
Une vie trash, à l'image de sa plume. Ou plutôt à l'origine de sa plume. En parlant de son viol elle dit d'ailleurs : « J'imagine toujours pouvoir un jour en finir avec ça. Liquider l'événement, le vider, l'épuiser. Impossible. Il est fondateur. de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est en même temps ce qui me défigure, et ce qui me constitue. »
C'est toujours un peu gênant pour moi d'apprécier une plume dont l'origine est violemment dégueulasse, mais j'aime lire pour comprendre mon voisin au même titre que la personne vivant aux antipodes. Virginie Despentes est donc à mes yeux un écrivain utile, nous jetant en pleine face ce qu'on se refuse parfois à admettre.
Pour la première fois, je n'ai pas soufflé de désintérêt en lisant un texte féministe.
Pour la première fois, j'ai envie d'arrêter d'user de l'expression «paire de couilles» pour parler de courage. Arrêter cette association systématique du courage avec le masculin. Parce que comme le dit Virginie : « Il y a des hommes plutôt faits pour la cueillette, la décoration d'intérieur et les enfants au parc, et des femmes bâties pour aller trépaner le mammouth, faire du bruit et des embuscades. »

Évidemment le lecteur n'est pas obligé d'être en accord avec toutes les réflexions énoncées, mais je vous promets que c'est autrement plus pertinent que le discours de la femme qui se croit au top de l'humour revendicatif en faisant imprimer le mot « connasse » sur son T-shirt.
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Ravi de vous retrouver, Virginie!
J'ai lu vos deux premiers romans dans leurs primes éditions-coup de poing, mandale directe de Baise-moi. Ouh-là ... Aie donc.
... Et puis je vous ai suivi de loin, sans ouvrir vos autres bouquins jusqu'à... jusqu'à ce King Kong théorie!
King kong Théorie, un essai mal léché mais fichtrement bien torché: Limpide et puissant de la femme grandie qui dit que "Ça suffit" et "Mare des clichés de la normalité lénifiante". Aux armes.
Comme mâle, je dérouille, mais ma part de féminité apprécie beaucoup!
Quelques vérités, appuyées par quelques tristes actualités, font mal à entendre mais apparaissent tant salvatrices que libératrices! de quoi déconstruire puis rebâtir en bonne entente, ces rapports hommes-femmes trop souvent faussés depuis toujours.
Ah, Virginie, je sors de la lecture de King Kong théorie secoué et moulu, mais avec une de ces pêche qui me fait voir des étoiles (cinq, pas moins...).
Merci, Virginie.
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J'ai adoré ! Ce livre est exceptionnel. Virginie Despentes a mit des mots sur ce que je pensais mais que je n'aurais pu exprimer. Réflexion sur la féminité, les femmes, le sexe, sur notre société qui est bourrée de stéréotypes.

En tant que femme, il y a de quoi être révoltée. Surtout quand l'autrice fait les comptes : viol, pornographie, condition général, travail salarié, travail à la maison, féminité, prostitution, enfanter.

Encore hier, j'ai fait les frais d'hommes qui m'ont insulté de « féministe 2.0 », car oui, dans leurs bouches, féministe est une insulte bien évidemment. J'ai eu beau essayé d'exprimer mon opinion et déconstruire leur interprétation, car par interprétation je veux dire qu'ils ont essayé de me faire dire ce que je n'avais pas dit. Rien que d'écrire ses lignes, je ressens la sensation qui m'a traversé hier soir. On n'a pas voulu m'écouter car je suis une femme, que je parlais de femme, et donc, j'étais une « pleurnicharde de féministe 2.0 » et mes propos n'avaient aucune valeurs à leurs yeux. On n'a pas écouter ce que je disais car je suis une femme.
Ça me révolte. Aucun moyen d'avoir une réelle discussion, mes propos n'ont pas étaient considérés.

Et ça, c'est un peu ce que Despentes raconte dans King Kong Théorie. du fait de notre genre assigné, nous devons de manière générale, respecter certains codes de bien séance. Se tenir convenablement, être féminine, être douce, ne pas faire de vague. Bref, ne pas faire ce qui est considéré comme masculin. Vous me suivez?

J'ai aimé ce livre. Je l'ai adoré même. J'ai apprécié l'écrire de Virginie Despentes que j'ai trouvé touchante, sincère parfois crue mais sans tourner autour du pot, pas de chichi, beaucoup d'honnêteté, une touche d'humour et son regard sur notre société est pertinent.

Il s'agit ici d'un grand constat de la société. Une énumération de chose et de situations qu'une femme peut rencontrer parce qu'elle est une femme. Je pense que toutes les femmes devraient le lire au moins une fois.
En tout cas, ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de relire des livre, mais celui-ci, je sais déjà que je le relirais un jour.
J'aimerais que plus d'hommes arrivent à lire des livres écrient par des femmes, dont King Kong Théorie, peut-être que certaines visions pourraient changées.
En attendant, il y a encore du chemin.
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Certaines réflexions sont intéressantes, leur crédit étant renforcé par le passé de Virginie Despentes qui a réellement vécu ce dont elle parle.
Je déplore toutefois le fait qu'elle soit obligée de rappeler, toutes les dix pages, son appartenance au mouvement punk-rock qu'elle se sent obligée de lier à un comportement "rebelle" surfait. On a l'impression que Virginie Despentes essaie sans cesse de ramener à sa cause toute une jeunesse en rupture avec les valeurs "traditionnelles". Est-elle vraiment obligée de rappeler à chaque page qu'elle adore les concerts de punk, qu'autrefois elle avait les cheveux verts, qu'elle s'habillait avec des jupes courtes et des Doc Martens ? La cause féministe a-t-elle forcément rapport à cette "marginalité" de pacotille? Et finalement, Virginie Despentes ne rabaisse-t-elle pas les ambitions de ce mouvement en le limitant à un combat superficiel qui se concentre dans les apparences ?
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D'où vient la force de ce texte? Tout en déconstruisant l'image glamour et fallacieuse de la féminité, Despentes réinvente la figure de l'intellectuel(le). Telle Rousseau, elle part de ce qu'elle a sous la main - elle-même - et tire de sa propre expérience une vision neuve de la société. Je suppose que nous avons toutes déjà eu affaire au mansplaining, quand un type nous explique ce que nous savons mieux que lui. Ce discours paternaliste entonné par l'homme blanc et son acolyte la bourgeoise concernée, Despentes lui rive le clou: ce n'est pas à elle qu'on va expliquer ce qu'est la fâme et sa sexualité, parce qu'elle-même est une femme, qu'elle a été violée, qu'elle s'est prostituée et qu'en plus elle a lu des livres. Alors même si Naulleau s'est étranglé d'effroi méprisant à la sortie de ce court essai, qui est légitime sur ce coup? Ben elle.
Comme Rousseau explique la société à partir d'une situation originelle fondatrice (l'état de nature), Despentes explique l'ordre patriarcal par le viol. Intuition que Metoo a confirmée: toute femme n'a-t-elle pas un jour ou l'autre consenti, par peur, par amour, par lassitude, apprenant ainsi un peu plus son rôle de soumission ?
Mais comme c'est un rôle, nul besoin de l'apprendre: une femme peut survivre sans abonnement à Body minute, rire grassement ou bien gagner sa vie. Elle peut même survivre à un viol, à des tombereaux d'insultes. D'ailleurs être une femme c'est comme avoir de gros mollets ou aimer le maquereau, c'est un fait, qui peut avoir son importance, mais qui ne définit que très médiocrement un individu.
Pauvre Jean-Jacques. Encore un dont les désirs et le moi social ne collaient pas vraiment. Affamé d'amour et de reconnaissance, pas très à l'aise dans son rôle de mec. Prolo que ce grand bourgeois de Voltaire jamais n'adouba. Virginie Despentes, c'est Rousseau plus la punkitude, c'est un Jean-Jacques qui a réussi.
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J'aime bien quand Virginie Despentes gueule. Oui, j'aime bien parcequ'elle dit tout haut ce que je pense tout bas et que je ne sais pas exprimer. Ben oui, j'ai été élevée comme une fille n'ayant pas le droit à la parole, n'ayant pas le droit de quitter la maison. Jouer dehors ? Je ne sais pas ce que ça veut dire. « Un espace qui n'est pas pour nous ». Privilège réservé aux garçons. Rencontrer des potes ? Je ne sais pas non plus. Privilège réservé au frangin. Non, ma jeunesse, c'était les livres. Ma seule évasion. Mais une évasion que j'ai conservée ! C'est là que j'ai appris, rencontré, voyagé, vécu. Oui vécu. Non, je n'ai pas de regret. Ça ne sert à rien les regrets. J'ai fait de belles rencontres. Comme celle-ci.
Comme j'aurais aimé pousser ce coup de gueule sur le sort des femmes, sur la non-reconnaissance de ce statut d'être humain qui concerne 50% de la population mondiale. J'aurais aimé dire que le corps, ce corps de femme, n'appartient qu'à elle. Revendiquer le pouvoir des mots et oser parler de sexe, de plaisir, de masturbation, de prostitution, de pornographie. de harcèlement et de viol aussi. Et tout ça librement, sans avoir le consentement ni l'approbation du mâle dominant.
Je ne vais pas vous résumer l'essai de Virginie Despentes. Non ! Je préfère vous inviter à le lire. Oui, vous, mesdames. Mais aussi vous, messieurs. Vous y apprendrez comment Virginie Despentes s'est construite et est devenue l'écrivaine que nous connaissons aujourd'hui. C'est par son témoignage et ce qu'elle a vécu (et subi) qu'elle revendique haut et fort le droit de disposer librement de son corps et d'exprimer ses idées sans tabou.
Une femme qui parle des femmes : quoi de plus naturel !
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Le double langage du jeu social, la double contrainte pesant sur les femmes comme sur les hommes, la binarité commode, homme/ femme, à laquelle on tente de renvoyer tout, et qui ne résout rien, Virginie Despentes les balaie d'un grand revers de perfecto clouté…

Place à l'hybride d'avant le chaos!

Place à King Kong, bienheureuse créature d'avant la généralisation de la pensée générique! Et vive le rock punk qui célèbre ce chaos à sa façon!

Soyons sérieux, et revenons à nos moutons..

Son essai – ou plutôt son autobiographie élargie aux concepts d'une condition féminine revisitée par l'expérience- je l'ai dévoré en quelques jours : il m'a fait rire, réfléchir, bondir aussi, mais plus par empathie que par désaccord !

Dans sa langue simple, crue, parfois trash- toujours percutante, souvent caustique et même réjouissante - Virginie Despentes revisite les étapes marquantes de sa propre expérience et même si elle interroge, au passage, les grandes penseuses de la condition féminine- Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Lydia Lunch, Camille Paglia, etc…- ce sont ces étapes qui impriment à l'essai sa structure , déterminent ses chapitres : le viol, la prostitution, le métier de hardeuse, la « conversion » homosexuelle.

Qu'on ne se méprenne pas, cependant : pas la moindre complaisance à la confidence scandaleuse. Ce récit d'une vie est filtré par une réflexion ferme, argumentée, convaincante qui lève un à un les faux-semblants de l'auto-proclamée « révolution sexuelle ».

Merci à Canel qui m'en a recommandé la lecture…même si j'avais déjà dévoré les trois Vernon Subutex et avais une petite idée de ce qui m'attendait. Mais dans son essai, VD m'a mis les points sur pas mal de « i » .

Et dans viol, prostitution, pornographie, féminisme…il y en a, des « i » , si on compte !
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