Posons le décor, évitons les introductions rébarbatives, décrivons les vibrations en nous générées par ce roman étonnant forgé par la très belle plume de la sénégalaise
Nafissatou Dia Diouf. Posons le décor.
La Maison des épices est un fort, un ancien comptoir bâti sur une haute falaise en pays sérère. Nous sommes au Sénégal. Dans un lieu chargé par l'Histoire, par les vagues successives d'aventuriers, de militaires et de commerçants hollandais, anglais, français ou portugais qui y ont entreposés pacotilles, épices, esclaves en partance pour les Amériques, une équipe de médecins décident, sous la férule d'une jeune femme déterminée, de reconstruire un site à l'abandon pour y soigner des malades. le docteur Aïssa N'Daw a pris le parti de réunir des philosophies de restauration physique et psychique différentes : la médecine traditionnelle sénégalaise et la médecine moderne. Ce cadre expérimental est un lieu où le malade, le sujet ne se résume pas à un lit, à un chiffre, à une donnée rentable.
C'est dans ce contexte qu'un chirurgien de renom, ayant fait ses classes en Loire-Atlantique, débarque avec un patient amnésique. le docteur Yerim Tall. Quand commence le roman de
Nafissatou Dia Diouf, ce médecin découvre l'équipe et l'esprit de
la Maison des épices. Il est préoccupé par l'état de son patient. Ce chirurgien est dans une phase de rupture. Pourquoi est-il là, dans ce coin certes exotique, mais loin des grandes salles de chirurgie où, à coups de scalpel, il pourrait développer une carrière prometteuse. le lecteur sent qu'il revient de loin et qu'il est lui même en reconstruction. Toute l'intelligence de la romancière sénégalaise va être de dévoiler progressivement, subrepticement les zones d'ombre et l'entêtement de cet intellectuel dont des éléments de vie lui échappent.
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