Je poursuis petit à petit ce travail qui consiste à combler les lacunes dans ma culture littéraire et, grâce à mon groupe de lecture, c'est
Charles Dickens que j'ai pu découvrir enfin avec le titre
de grandes espérances qui, à en lire les avis ici et là, serait son chef d'oeuvre.
Eh bien, j'ai beaucoup souffert lors de cette lecture. La faute en incombe en premier lieu aux conditions dans lesquelles je l'ai lu. J'ai repris le travail et j'ai l'esprit préoccupé par ma nouvelle activité et donc un mal fou à me concentrer sur mes lectures. D'ailleurs, je lis à une allure d'escargot. Mais la faute revient aussi à Dickens lui-même qui, je trouve, met un temps fou à mettre en place ses personnages et son intrigue.
En clair, il m'a fallu attendre 450 pages avant de pouvoir enfin m'immerger dans l'histoire et de m'intéresser à ce qu'il s'y passait. Autant vous dire que j'ai du lutter pendant tout ce temps pour ne pas lâcher le livre et poursuivre ma lecture.
Toute la partie concernant l'enfance de Pip et les débuts de son élévation sociale m'ont paru ennuyeux à mourir. Il ne se passe rien et il n'y a aucun fil rouge auquel s'accrocher. Je ne savais pas où Dickens voulait m'emmener, il n'y aucun suspense ce qui n'encourage pas à tourner les pages.
Pourtant, arrivée aux environs de la 450ème page, une surprise nous attend. J'avoue, je ne l'avais pas vue venir, du coup, mon intérêt a été éveillé et j'ai pris bien plus de plaisir à continuer. Petit à petit, Dickens nous révèle pas mal d'éléments qui nous permettent de comprendre enfin tout ce qu'on a lu avant. le puzzle se met enfin en place . Vous me direz, 450 pages quand même, c'est long.
Autre chose qui m'a gênée, c'est l'impossibilité que j'ai eue à m'attacher aux personnages. Soit je les trouvais exécrables, soit je les trouvais trop naïfs, agaçants …
De même, les dialogues m'ont perturbée par leur manque de naturel, j'avoue parfois que je ne comprenais absolument rien de ce qu'il se disait.
Dans l'ensemble, ce roman est le récit de l'ingratitude, celle de Pip qui, une fois fortune faite, oublie ceux qui l'ont aimé et soutenu dès le début. Dickens nous décrit aussi les revirements de comportements des personnages face à cette élévation sociale inattendue. Mais j'ai aussi été déçue par le traitement de cette élévation sociale. Je m'attendais à un Illusions perdues à l'anglaise mais pas du tout. le thème est ici beaucoup moins fouillé et ne sert qu'à mettre en valeur l'ingratitude et l'égoïsme de Pip.
J'ai bien aimé aussi cette histoire de vengeance de Miss Havisham qui, parce qu'elle a eu le coeur brisé par un homme, élève sa fille adoptive dans la haine des hommes.
Finalement, on peut tirer de jolies morales de ce roman : le bonheur n'est pas toujours dans la réalisation de ses rêves et il est impossible de se protéger des souffrances du coeur sans en souffrir d'une autre manière.
Certains passages sont très drôles ( je pense surtout à la scène du théâtre où Mr. Wopsle joue Hamlet ) et il y a pas mal d'éléments qui ressortent par leur originalité ( le Château de Mr. Wemmick, le comportement de la famille Pocket … ). Les descriptions de paysages sont magnifiques et réalistes, on s'y croirait. Néanmoins, j'ai eu du mal avec le style que j'ai parfois trouvé très lourd, peut-être est-ce du à la traduction* ( il y a quelques coquilles d'ailleurs).
* après recherches, je confirme : la traduction de
Charles Bernard-Derosne est unanimement jugée trop lourde. Aux futurs lecteurs, je conseille donc la traduction de Sylvère Monod beaucoup plus fluide et juste.
J'ai donc bien failli abandonner ma lecture : intrigue trop longue à se mettre en place, dialogues étranges et parfois trop burlesques, personnages antipathiques et agaçants, pas de suspense, impression d'aller nulle part.
Mais je voulais comprendre en quoi ce livre pouvait être un chef d'oeuvre et en quoi Dickens était considéré comme un grand écrivain. Je suis donc contente d'avoir poursuivi ma lecture jusqu'au bout mais je ne suis pas certaine de renouer avec Dickens. J'ai trop souffert ici. D'après ce que j'ai lu, Dickens était un grand rival de
Thackeray. Eh bien, très franchement, je pense que
Thackeray lui est bien supérieur.
de grandes espérances ne me laissera pas un souvenir impérissable mais
La foire aux vanités en revanche restera un de mes plus gros coups de coeur.
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