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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roxane Khân, jeune iranienne, née en 1975, arrive à 23 ans à Paris pour fuir le régime des mollahs. Elle ne connait pas notre langue, ni notre pays. Éblouie par cette liberté nouvelle, elle déambule toute la journée et achète finalement un vélo pour découvrir encore plus rapidement cette nouvelle vie, cette ville. Elle a laissé en Iran des dizaines de frères et soeurs, elle est bien incapable d'en dire le nombre, son père Pacha Khan avait tant de femmes qu'elle ne connait même pas sa mère ni toutes ses soeurs.
Quel bonheur pour elle d'abandonner son tchador noir, uniforme taillé par le gouvernement, de monter à vélo, de s'assoir à une terrasse de café et d'y commander un verre de vin...toutes chose interdites là-bas!
Pour être admis en France, pour devenir français, une fois les papiers obtenus, rapidement en ce qui la concerne, il lui faudra gagner de l'argent, trouver du travail et maîtriser notre langue
"Chef des frites" à Mac Do et petits boulots pour subsister et surtout découverte du français, langue oh combien difficile qu'elle aime, malgré tout immédiatement. Dès qu'une difficulté est surmontée, une autre se présente. Comment assimiler le genre des mots qu'elle n'arrive pas toujours à comprendre : "Elle devint obsédée du sexe des mots, comme les fanatiques religieux l'étaient du sexe des femmes.". Ce difficile apprentissage du français, décrit par cette jeune femme, nous fait percevoir la complexité de notre langue et la difficulté qu'a, de ce fait, tout étranger pour de s'intégrer, afin que personne ne lui demande : "Vous venez d'où ?".
Une complexité dont nous ne nous rendons pas compte.
Secrètement amoureuse de Victor Hugo, elle va tout tenter, achats de dictionnaire, inscription à des cours, lectures des auteurs classiques...Une volonté à toute épreuve pour parler, comprendre notre langue, s'intégrer à notre pays, à notre culture, se défaire du passé qui lui colle à la peau, qu'on lui rappelle, difficile apprentissage, espoirs et désolation, regards des autres....
Parce qu'elle s'appelle Roxane, elle va écrire à Montesquieu, répondre à cette Roxane des "Lettres persanes" et à la question de l'auteur "Comment peut-on être persan ?".
Dix-huit lettres , ayant chacune une adresse de rue différente, toutes des rues à la mémoire d'auteurs français. Dix-huit lettres dans lesquelles tour à tour elle comparera entre ses deux pays de coeur, l'Iran et la France, les conditions de vie, la condition des femmes, la littérature, évoquera pèle mêle l'arrivée des mollahs, la place des enfants dans le monde occidental, la liberté en Iran, la religion, le sport, la vie en France, la sécurité, la science, la solitude...Dix-huit lettres qui lui reviendront : "N'habite pas à l'adresse indiquée"
On ne peut qu'admirer la persévérance de cette jeune femme, ses combats pour apprendre notre langue et s'intégrer et au travers du regard qu'elle porte sur sa nouvelle vie de réfugiée, s'interroger à notre tour sur la vie française, sur notre culture, notre perception des étrangers, l'accueil que nous leur réservons, notre police....notre regard.
Une question d'actualité
Ce livre, qui vraisemblablement est en partie une autobiographie de l'auteur, est un petit bijou d'humour, de sensibilité et d'enthousiasme. Sourire, gravité, drame et grande tristesse alternent, pages après page..Provoquant souvent, comme le titre
J'ai déjà dans ma liste de livres à lire, d'autres ouvrages de cette auteure;

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Dix ans avant de publier Les putes voilées n'iront jamais au paradis, Chahdortt Djavann avait déjà confié beaucoup de choses à propos de son pays d'origine. Alors qu'elle utilise beaucoup le registre de l'imaginaire, elle nous plonge plus que jamais dans la dure réalité vécue par elle en posant la question : Comment peut-on être français ?

Bien sûr, elle s'appuie sur son expérience mais n'hésite pas à aller au-delà avec cette Roxane Khân, fille de Pacha Khân, ayant beaucoup de frères et de soeurs. Son père était un féodal, un ingénieur qui bâtissait dans tout le pays jusqu'à ce qu'un grave accident le plonge dans le coma et qu'il fume de l'opium ensuite.
Roxane est née dans les montagnes d'Azerbaïdjan, naissance prématurée à sept mois. Un siècle après l'assassinat de son grand-père, elle arrive à Paris, « Paris, son fantasme à elle. » Elle connaissait la ville dans les livres mais se retrouve dans une chambre de bonne tentant d'apprendre notre langue.
Elle explore les rues de la capitale, se rend dans des endroits célèbres comme le café de Flore : « Même dans ses rêves, elle n'avait jamais fait ça : boire un verre de vin rouge à la terrasse d'un café parisien. La réalité dépassait ses rêves. »
Au supermarché, elle ressent qu'elle vient vraiment d'un autre monde et elle tremble lorsqu'elle attend le renouvellement de sa carte de séjour. La conjugaison de nos verbes est un véritable cauchemar comme le genre des noms, ce sexe des mots, car en persan, l'article n'existe pas.
Les traumatismes de son enfance refont surface. Elle sympathise avec Kim, son voisin, coréen, fait les frites au McDo, garde Clara, la fille de Julie, journaliste, suit des cours à la Sorbonne et lit attentivement Les lettres persanes de Montesquieu. Elle n'en revient pas de la justesse des propos de l'écrivain, trouve une véritable complicité avec lui et… décide de lui écrire.
Ce sont alors dix-huit lettres, toutes retournées à l'envoyeur, qui lui permettent de confier ses états d'âme, ses pensées, ses émotions, ses espoirs, sa débauche d'efforts pour apprivoiser le français. Elle décrit aussi l'Iran d'aujourd'hui et insiste : « Pour ma part, je ne me suis jamais sentie à ma place, pas plus en Iran dans ma famille, que dans ma chambre à Paris. »
Il faut lire ce qu'elle raconte et ne pas l'oublier : « Sous le regard indifférent des gouvernements occidentaux, les autorités oppriment, condamnent, torturent, exécutent en toute impunité. Il n'est pas de l'honneur et de la dignité de l'Occident de s'allier avec des tyrans. Et pourtant il le fait, l'Occident, non seulement avec ceux de l'Iran, mais avec tous les tyrans. »
Plus loin, elle ajoute : « Que peut attendre ce peuple d'une religion qui l'humilie, le torture et ne lui laisse aucun esprit de vie ? » Elle ne rejette pas la responsabilité des Occidentaux dans la situation iranienne, souligne l'analphabétisme dans les pays musulmans et, suite à une arrestation malheureuse dans Paris et à l'attitude bornée de quelques policiers, revit le cauchemar atroce qui lui a fait fuir son pays.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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J'ai découvert l'existence de l'écrivain Chahdortt Djavann l'année derniere en écoutant RFI, c'était, je crois, dans l'émission Signes particuliers. J'ai eu toute suite beaucoup d'admiration pour cette femme exceptionelle qui, comme Roxane, le personnage principal de son livre, avait appris le francais relativement tard (elle avait plus de vingt ans) et malgré cela elle le maitrise parfaitement et en plus elle écrit des livres en francais. Une femme courageuse et tres intelligente.
Roxane, une jeune femme iranienne, échappe au régime de son pays et arrive a Paris. elle fait tout pour y réussir sa nouvelle vie. Pour fuir la solitude, elle écrit des letrres a Montesquieu. Une belle critique de la vie en France.
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Magistral comme toujours avec Chahdortt Djavann!
On y retrouve cette fois, Roxane, immigrée iranienne à Paris, aux prises avec l'apprentissage fiévreux de la langue française (que de frustrations!).
Une nuit, une idée surgit dans son esprit: écrire des lettres à Montesquieu, disparu depuis des siècles, mais qui, en laissant derrière lui les Lettres persanes, a laissé une correspondance qui n'attendait qu'une réponse; qui n'attendait qu'une autre Roxane, de Perse, d'Iran, pour lui répondre quelques centaines d'années après.
On retrouve toujours une sensibilité extrême, une parfaite justesse des mots, des chapitre courts et intenses...
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ce livre ne se serait-il pas inspiré du "Journal de Yalda " de Yalda RAHIMI??? déjà qu'il s'agit d'une adaptation contemporaine de "Lettres persanes" de Montesquieu....

>modifier
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Troisième ouvrage de cette auteure iranienne que je lis et je ne compte pas m’arrêter là tant j’aime son écriture et ses idées.

Dans « Comment peut-on être Français » elle nous raconte l’arrivée et l’installation à Paris de Roxane, jeune iranienne de 22 ans, bien décidée à devenir française. Roxane n’a pour elle que son enthousiasme, sa naïveté, son désir profond d’apprendre le français et de le maîtriser parfaitement.

Ce n’est pas réellement un roman autobiographique mais on sent bien que l’auteure y a mis beaucoup d’elle-même. Elle nous raconte ses étonnements, tout d’abord celui de pouvoir se promener dans les rues sans se faire importuner par un homme :

« Chose étrange : pendant une semaine de flânerie dans Paris, de promenades nocturnes, d’heures passées aux terrasses des cafés, Roxane ne fut accostée, importunée, harcelée par aucun homme ! Dans son pays, ensevelie sous l’uniforme taillé par le gouvernement (long manteau et voile, en hiver comme en été), marchant tête baissée et d’un pas rapide, elle n’aurait pas fait 50 mètres sans qu’un homme lui soufflât par-derrière des propos lubriques du genre : je t’emmène ma belle ? On fait un tour ensemble ? Viens que je te montre la vie ! Je t’ai vue à peine et tu m’excites déjà … »

Roxane, aux prises avec la langue française qu’elle cherche à maîtriser, se sent bien seule et parfois complètement déboussolée face aux différences sociétales entre son pays natal et la France. Elle décide alors d’écrire à Montesquieu afin de partager avec lui son ressenti. C’est un peu « Les lettres persanes » à l’envers et ne s’appelle-t’elle pas Roxane ??

« Cet écart est si grand que les changements me font tourner la tête. La liberté d’expression, la liberté sexuelle, la liberté des femmes, le mode de vie, l’éducation des enfants, la mentalité des gens, le progrès des sciences, de l’art, tout est différent de mon pays. Je me demande : est-ce bien le même ciel qui nous entoure ? En Iran, les gens ne sont point tels qu’ils sont, mais tels qu’ils sont contraints d’être. L’éducation toujours dogmatique, veut que les cousins ressemblent aux cousins, les cousines aux cousines, les voisins aux voisines et ainsi de suite… La nature humaine, qui s’épanouit sous tant de formes, est réduite à la servitude, la servitude du corps et de l’esprit. On ne vit que sous le voile de la dissimulation, tout se tait, tout se cache. »

J’ai adoré ce roman plein de passion, de fougue, d’idées progressistes. Il m’a renvoyée aussi à la condition des réfugiés (cf Le dernier gardien d’Ellis Island).

Je considère Chahdortt Djavann comme une femme remarquable et courageuse, une grande auteure qui ne mâche pas ses mots. Je vous engage à la découvrir.



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C'est le deuxième livre de Chahdortt Djavann que je lis - le premier ayant été "Les putes voilées n'iront pas au paradis" - . Et comme cet autre roman, j'ai avalé celui-ci en une soirée, absolument époustouflant, d'après moi c'est une très grande oeuvre littéraire.

Outre le fait que je me suis un peu identifiée à cette Roxane - forcément, car je suis immigrée d'un pays pauvre et autoritaire, j'ai toujours aspiré à intégrer la culture française, et je me suis également faite "française par la langue" - , j'adore le style littéraire de Chahdortt Djavann ! Cette idée de lettres à Montesquieu, j'ai trouvé ça vraiment brillant. Dans "Les putes voilées n'iront pas au paradis" cette écrivaine utilise également des procédés narratifs originaux, et c'est une totale réussite à chaque fois.

La trame narrative est très astucieuse. On est dans un récit, mais en même temps il y a des éléments autobiographiques, et on bascule à la première personne dans les lettres à Montesquieu, ce qui nous rapproche complètement de l'auteur. En plus, malgré toute son admiration et son amour pour la France, on ne verse pas dans l'attitude béate genre "tout est beau tout le monde il est gentil" : Roxane reste lucide sur les zones d'ombre dans son histoire française, elle sait rester critique sur certains points, notamment la solitude urbaine, le sale caractère de certains Parisiens, et la connerie de certains flics... D'ailleurs, l'arrestation de l'héroïne vers la fin du livre prend vraiment le lecteur à bras-le-corps.

Très beau style, simple, percutant, et poétique à la fois.

Vous l'aurez compris, je suis absolument "fan" de Chahdortt Djavann, je trouve que c'est une écrivaine exceptionnelle, je vous recommande très fort ce roman, ainsi que "Les putes voilées (...)", et je suis impatiente de lire ses autres livres !
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