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EAN : 9782915120776
L'Amourier Editions (02/05/2011)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Entre combat au corps à corps et prière, ici la mort est prise "à vif" dans un amour de la langue et de l’humain. “Elle est venue pour insulter le pavillon du vivant…”

Le lyrisme de Charles Dobzynski vaut pour le siècle – une conscience tragique de l’histoire le fonde – et pour la personne. Le sujet est conduit à affronter l’impossible, cela même qui échappe, ce réel qui se dérobe à toute explication. Mais, échappant, ce réel nous abandonne une de ces... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L’inconnu n’est plus un soldat
Je l’ai délivré
  
  
  
  
Je l’ai délivré de ses virevoltes
de noria
je l’ai emmené loin à la campagne
parmi les blés que les souvenirs et les balles
ont criblés
respirer le grand air
des batailles non mémorées
des offensives avortées
des cours de ferme où l’on fusilla pour l’exemple
les refuzniks des boucheries
et des tartuferies
dans l’au-delà des faux-semblants
je l’ai guidé vers les plaines du Nord
là où la mort lui a laissé son legs
de visages pareils au sien
dans les fosses anonymes
dans les fondrières creusées
par les chars archivistes des charniers
près des obus non éclatés encore enfouis
qui attendent leur proie
là où des paysans des forgerons et des mineurs
ont connu le calvaire de christs
sans autre croix
que celle greffée sur leur tombe.
La mort, à vif
Je l’ai conduit dans les plaines du Nord
délitées par deux guerres
dans des lieux qui n’ont pour miroirs
que le ravage et l’oppression
je l’ai emmené voir ce que furent
ses frères d’insomnie ses jumeaux oubliés
ceux que le futur recala
afin que parmi eux
il se lève et se reconnaisse.


p.51/52
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Celui qui n’a rien
  
  
  
  
Celui qui n’a dans sa valise
aucun suaire de rechange
aucune ampoule de sang
pour transfusion instantanée
dans la salle d’urgence de l’au-delà
C’est moi modeste apprenti du destin
bachelier de ma propre fin
non encore inscrit sur la liste
des admissibles.

Celui qui n’est inscrit au fichier du terrorisme
que comme un dangereux poseur de tombes
tombeur de rimes
qui n’a nulle doublure
pour le remplacer au théâtre des ombres
C’est moi, le redoublant
en phase terminale
menacé d’être expulsé
pour faute de syntaxe
dans la soutenance de thèse
de la mort.

Celui qui n’a d’autre héritage
que sa langue au stade de la péremption
qui porte au cou comme une corde
La mort, à vif
les pellicules de films inflammables
qui n’a pour se vêtir que la vieille défroque
de tous les disparus sans testament
et leurs regards
ne sont plus que les chiens errants dans les rues
C’est moi le plus mauvais élève
des arbres et des herbes
l’éternel cancre du printemps
menacé d’être licencié
de toute la beauté terrestre.


p.53/54
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Le vent de la violence
  
  
  
  
Il n’est pas de violence
à l’état natif
mais en nappe phréatique
la mort est violence de la vie
violence de chaque instant
inoculée
dans les faits et la contrefaçon des gestes
dans les urgences
la violence est le précipité
des toxines de la chimie mentale
la foudre distillée dans les images
la violence dans l’air conjugué d’oxydes
dans les villes-prisons que l’on a ligotées
d’autoroutes
sillonnées par les oléoducs du sang
la violence est le versant noir
de notre monde intérieur
toute l’enfance est maintenant
une invention de violence
une forêt
où s’engouffre le vent de l’incommunicable
les arbres sont méconnaissables
un hêtre est un prédateur à l’affût
un chêne se mue en vautour
un roseau n’est même plus pensable
il assassine
il faut mettre en examen l’herbe des champs
avant qu’elle n’envahisse
par effraction notre sommeil
l’homme est un simulacre de l’enfant
l’enfant un spectacle de la mort à son insu
on exécute un professeur comme on referme
un livre avec ceux qui le lisent
on poignarde la fatalité de son présent
et l’émergence de son avenir
l’autre n’existe pas dans le réel
mais en simulation
manipulé au jeu des rôles
la violence c’est être soi
mais sans limites
à l’assaut de l’inexistence.
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IV
L’inconnu n’est plus un soldat
Je l’ai déterré
  
  
  
  
J’ai déterré le soldat inconnu
je l’ai sorti de sa réclusion
de son exclusion de la pensée
et du cadastre des cadavres
les yeux enchevêtrés à ses racines
mis en mottes
mué en marmotte éternelle
chloroformé par les hommages
les homélies et les noixcreuseries
gueule de bois de commémorations
méphisto-phalliques
rôtissant à petit feu sous la flamme
du barbecue sacral et sacrificiel
qui attisa ses brûlures
et retourna dans ses plaies le tison.

Je l’ai délivré de son sarcophage
de songes meurtriers
changés en bandelettes
de la pétrissure et de la flétrissure
d’une utopie de gloire
asphyxié par les glaires de la mémoire
empêtré dans les vomissures officielles
des oraisons dissolvantes
qui petit à petit
le dépouillèrent de lui-même.


p.49/50
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Vidéo de Charles Dobzynski
Lecture par Talila & Laura Elko Intermèdes musicaux par Teddy Lasry, pianiste, clarinettiste & compositeur
La poésie yiddish est le domaine des femmes ! Qu'il s'agisse de poésie religieuse au 17esiècle, ou lors de la renaissance littéraire de la langue au 19esiècle, les femmes poètes ont toujours été très présentes pour traiter des grands sujets universels: l'amour, la famille, le corps, la sexualité, la maternité, la société.
Après la Shoah, alors qu'on la croyait disparue à jamais, la poésie yiddish renaît, s'imposant fièrement aux premiers rangs de la littérature mondiale. Et de redécouvrir la force féminine des motsqui résonnent, s'adressent aux contemporains, plus modernes que jamais, les interpellent, les étonnent, les émeuvent, les séduisent.
Le choix des poèmes issus de L'Anthologie de la poésie yiddish met en valeur l'oeuvre de celles qui ont vu dans le yiddish le moyen d'exprimer leurs émotions et opinions. Parmi elles:Malka Heifetz-Tuzman,Reïzl ychliska, Kadia Molodowski, Dora Teitelboïm et bien d'autres.
Programme proposé par l'Institut polonais de Paris, dans le cadre du Festival des Cultures Juives.
À lire – Anthologie de la poésie yiddish. le Miroir d'un peuple, édition et trad. du yiddish par Charles Dobzynski, collection Poésie, Gallimard, 2000.
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