Une histoire de France qui n'a jamais été racontée de cette manière..." En effet !
Parce que tout est faux. le Léon Daudet du livre n'a que le nom de commun avec celui de l'histoire, rien ne s'est passé comme le dit l'auteur.
On se perd en conjectures sur son propos
A-t-il voulu écrire un roman historique ? L'ouvrage ne correspond pas aux codes du genre, qui s'efforce en général de respecter un minimum la vérité historique, ou d'en donner l'impression.
Alors quoi ?
De l'histoire romancée ? Peut-être. L'exposé de vues très personnelles sur l'histoire du vingtième siècle, mêlée à une saga familiale démente ?
Sans doute. Et franchement on en a marre de la famille Gosset et de la voir mise à toutes les sauces, apparaissant dans tous les évènements de l'histoire de France, tel le Zelig de
Woody Allen. Mais
Woody Allen, lui, est drôle. En tout
Quoiqu'il en soit, on attend maintenant d'apprendre que Napoléon a remporté ses victoires grâce au Caporal Jacques Gosset, et que Colomb monta son expédition sur les conseils d'un certain Aldo Gossetti,
Quant à la grand-mère de l'auteur..sa seule fonction est de pousser le lecteur imprudent à entreprendre la lecture de cet opus. Il sera déçu.
(Saisi d'un doute sur le rôle historique de la famille Gosset, j'ai googlisé le nom et n'ai trouvé qu'une marque de champagne)
Pour en revenir à
Léon Daudet. Il n'avait rien d'un démocrate bien qu'ayant beaucoup d'amis dans les milieux républicains, mais ik n'a jamais été fasciste, ni aspirant au pouvoir, qui l'aurait profondément ennuyé.
C'était un dilettante, certes passionné pa la politique, et écrivant chaque jour son article dans l'Action française, mais passant plus de temps à son oeuvre romanesque et à ce qu'on appellerait de nos jours « faire la fête » avec ses amis.
Il était très introduit dans les milieux littéraires, ses oeuvres de fiction avaient un grand succès public et critique.
Il avait autant d'amis à gauche qu'à droite ; proche de
Proust, dont son frère avait été un très tendre ami, il lui fit obtenir le prix Goncourt. Il n'avait aucun préjugé homophobe, ce qui était assez rare à l'époque, et était favorable au vote des femmes, et même féministe jusqu'à un certain point.
Quan au malheureux Philippe Daudet, les causes de son décés n'ont jamais été clairement établie ; il y a de sérieux doutes sur le suicide, que sa famille n'a jamais admis, ce qui est normal, mais aussi beaucoup de journalistes de tous les bords, y compris d'ailleurs l'Humanité.
Les anarchistes (qu'on a tort de voir comme de gentils rêveurs, surtout ceux de cette époque qui pratiquaient allègrement l'assassinat,, ne pardonnaient pas à Daudet d'avoir été à l'origine de la condamnation pendant la Guerre d'un de leurs membres, pour intelligence avec l'Allemagne ; l'anarchiste Germaine Berton avait essayé à plusieurs reprises d'assassiner Daudet dans les semaines précédent la mort de Philippe ; ce dernier aurait confié à certains de ses proches qu'il était inquiet pour la vie de son père, avec lequel il avait les meilleurs rapports, et qu'il voulait espionner les anarchistes. A partir de là, on ne sait pas trop. Il semble qu'il ait été instrumentalisé par eux, qu'ils lui aient tendu un piège dans le cadre duquel il aurait pu être abattu par erreur par la police (exactement par un certain commissaire Colombo, cela ne s'invente pas, mais rien n'est certain ; la seule chose certaine est qu'il n'a jamais voulu assassiner son père, et que la seule pièce qui existe à l'appui de cette thèse est un lettre d'un journaliste anarchiste, par ailleurs indicateur de police, dont l'original a d'ailleurs disparu.
Pour avoir plus de détails sur cette affaire, et sur le véritable
Léon Daudet en général, on peut lire «
C'était les Daudet », de
Stéphane Giocanti, livre passionnant d'ailleurs
PS. Saisi d'un scrupule, j'ai googlise le nom Gosset Je n'ai trouvé qu'une marque de champagne, excellent au demeurant selon les critiques. Peut-être le Général l'appréciait-il lui aussi, au point d'en avoir parfois une bouteille sur son bureau ?
sur l'Action Française : elle n'a jamais été fasciste,
le fascisme étant d'ailleurs incompatible avec la monarchie ; certains de ses membres, qui étaient de cette mouvance, l'ont quitté dans les années vingt à la suite de
Georges Valois qui forma divers groupuscules fascistes, dans les années trente (ce qui ne l'empêcha pas d'entrer dans la Résistance en 1940, et de mourir en déportation à Belsen).ILl y a eu plus de résistants issus de l'Action Française que de collaborationnistes. Doriot et Deat, chefs des deux principaux partis fascistes sous l'Occupation, venaient de la gauche. le capitaine d'Estienne d'Orves, premier fusillé résistant, catholique et monarchiste, était proche de l'Action Française, le colonel Rémy et
Daniel Cordier, secrétaire de
Jean Moulin, en étaient issus.
Il serait donc préférable de ne pas tout confondre.